Le Carrefour D’algérie
date();Jeudi 15 Juillet 2010
Soug ennsa
Par M. Mahdia
Le poisson moins nombreux que les harragas
Le poisson vous connaissez? Pas la sardine, autrefois fruit des pauvres et aliments des jours sans argent, mais l’autre poisson, «noble» et bien habillé: le rouget, merlan, espadon, crevettes…etc. Depuis quelques semaines, le poisson n’existe plus chez nous. Ou tellement peu qu’il faut seulement le regarder sur les étalages ou le voir nager dans les documentaires sur la mer.
Peu d’Algériennes pourquoi cependant le poisson ne vient plus à la maison se faire manger comme tout le monde. On a prétexté le mauvais temps, le vent et la météo, mais l’explication ne semble plus suffire. Il y autre chose dans les filets: même la sardine a déjà atteint le stade de la viande de poulet depuis deux ans presque. Les raisons? Multiples dit-on. D’abord les pêcheurs algériens ne pêchent pas bien, n’ont pas de matériels et sont de moins en moins nombreux. Ensuite, selon une blague nationale, une barque rapporte plus en transportant des harragas qu’en ramenant du poisson. Ensuite, et selon des témoins, le poisson algérien est revendu en haute mer aux Espagnols, en euros, sans taxes ni impôts, ni frais de carburant, ni glaçons, ni camions-frigos ou efforts d’enchères. Mais deux autres raisons s’ajoutent aussi à cette pénurie maritime: les immigrés, de retour durant la saison chaude et qui font flamber les prix et qui raflent au matin tout ce qu’ils trouvent et au triple du prix des nationaux; ensuite, les restaurants de luxe. Ces derniers, de plus en plus nombreux, et les pêcheurs préfèrent leur vendre en gros et en vrac que de vendre au kilo et au gramme pour la clientèle de nos maris et de nos couffins. Les restos «spécialité poisson» font de bons chiffres avec le tourisme interne, les immigrés et les étrangers, et les pêcheurs préfèrent travailler avec eux et de plus en plus. Résultat: le poisson algérien existe de moins en moins. Vous le mangerez en congelés et pas en nature. Il nagera dans vos rêves et vous nagerez dans sa mer. Il est vendu en euros et vous l’attendez, dans les quais en dinars.
15 juillet 2010
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