La première Coupe du monde de football jamais organisée sur le sol africain s’est achevée comme elle avait commencé, dans la joie et la ferveur.
Les cassandres du racisme qui prédisaient de sombres scénarios de violence et de désordres en sont pour leurs frais : les dizaines de milliers de supporters, de touristes et de journalistes qui ont vécu quelques jours, ou quelques semaines pour les plus chanceux, en Afrique du Sud témoignent unanimement de la parfaite organisation et de l’hospitalité exceptionnelle du pays arc-en-ciel.
Aucun stade ne s’est effondré, aucune coupure générale d’électricité ne s’est produite et aucun bain de sang n’est à déplorer.
Les supporters de retour du pays de Madiba ont été enchantés par l’atmosphère bon enfant et sympathique qui a régné dans toutes les villes où se déroulaient des matches. La gentillesse du peuple sud-africain a créé une ambiance unique, où le chagrin de la défaite des uns et la joie des vainqueurs étaient vite noyés dans la bonne humeur générale et l’esprit sportif.
La fête sud-africaine, simple et de bon aloi, était loin de l’atmosphère aseptisée des compétitions sous très haute surveillance policière d’événements de même nature organisés en Europe. A la différence des shows monumentaux mais glacés pratiqués ailleurs, les cérémonies d’ouverture et de clôture ont mis en scène les enfants du pays et du continent dans la simplicité et un bonheur communicatif.
Au plan purement sportif, l’Espagne, sans vraiment convaincre, a heureusement remporté la première Coupe du monde organisée en Afrique, aux dépens d’une équipe hollandaise qui a su efficacement ruiner l’héritage des Cruyff, Neeskens et Rensenbrink. Ce qui a fait dire à un commentateur sportif que les seuls hooligans qu’il avait vus en Afrique du Sud étaient sur le terrain du Soccer Stadium et portaient un maillot orange.
Car il n’y a pas eu plus, loin de là, d’agressions de touristes que dans n’importe quelle capitale de la Civilisation. Les problèmes économiques et sociaux sud-africains n’ont certes pas été effacés par la fête du football, mais le pays s’est doté d’infrastructures qui lui faisaient défaut pour une jeunesse avide d’exploits sportifs et de compétitions.
Le seul bémol aura été la médiocre prestation des équipes de football africaines qui, à la seule exception du Ghana, ont disparu des radars sportifs dès le premier tour de la compétition. Cependant, le potentiel montré par une équipe sud-africaine jeune mais pleine de talent n’a pas trompé les spécialistes, qui estiment que le pays est en train d’émerger également au plan footballistique. Loin des déclarations lénifiantes ou des rodomontades, la Fédération sud-africaine, avec l’apport d’un sélectionneur de dimension mondiale, a pu construire en peu de mois une équipe de qualité.
Pour le reste, le spectacle d’une qualité inégale n’a pas été boudé par le public : les stades étaient pratiquement toujours combles dans le grondement assourdissant des vuvuzelas. L’expérience acquise dans la préparation et la gestion d’une manifestation de cette ampleur sera précieuse pour la candidature de ce grand pays à l’organisation des Jeux olympiques, à laquelle l’Afrique du Sud peut prétendre au même titre que n’importe quel autre grand pays.
Pour les Sud-Africains, la réussite est donc totale : les successeurs de Nelson Mandela ont fait honneur à leur pays et à son histoire. La balle est à présent dans le camp du Brésil qui organisera la prochaine Coupe du monde en 2014.
14 juillet 2010
Contributions