On court. On court. Si court soit-on. Nos pas prennent leur place entre l’asphalte et le bitume. Nos ombres, telles des paravents, suivent, indolentes, les corps qui s’activent. Les visages croisés de multiples fois s’inscrivent dans nos mémoires comme des images connues. Loin tout de même de les rendre amies, elles contribuent à l’ambiance générale de la ville.
Lorsqu’il nous arrive de ne plus croiser l’une d’elles pendant une période jugée trop longue, notre mémoire vient au rapport. On se surprend même à s’y intéresser. On cherche à comprendre, à savoir ce qu’elles font là. Après tout, c’est notre droit.
Les chemins qu’ils occupent sont des voies qu’on s’est approprié. Un lieu intimement commun et pourtant on se demande pourquoi elles ne dérangent nullement la commune. Pourquoi elles s’amassent et s’agglutinent ? Pourquoi les odeurs de l’été, transformées en senteurs envahissantes, nous poussent à l’asphyxie ? Y a-t-il grève ? Ou crève programmée à 39 degrés à l’ombre des palmiers qui refusent les dattes ? Date à retenir : 2010, juillet.
Pourtant, nous les pauvres, on paye nos impôts à la source, pourtant on est à jour, inscrits sur vos listes électorales ! Nous sommes en droit de questionner : pourquoi sont-ils en retard chaque fois pour dégager toutes ces poubelles qui envahissent nos chemins ? Parfois, on y découvre leurs histoires. Puantes. Leur route tracée. La crasse agrippée. La folie engendrée. Le ras-le-bol. Bol au ras. Rat errant. Râles des chiens. Les ordures balancées sur nos têtes pleines. Les pieds pataugeant dans la frange. Seul le nez, qu’on n’a plus – pointé vers le ciel – cherche une voix sans plainte pour crier haut et fort : dégagez les poubelles ou nous nous chargerons de déménager toutes les poubelles qui ont fait de notre ville la capitale des ordures.
Dire qu’au moment où l’on n’arrive pas à gérer un parc de bennes à ordures, on veut installer le tramway sur nos routes… Il n’y a pas d’odeur de saint-été, la douche sera froide
14 juillet 2010
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