Le Carrefour D’algérie
date();Lundi 12 Juillet 2010
Rien ne confesse mieux la misère des loisirs chez nous que les misères du tourisme interne. Mis à part la famille du douar, les plages envahies de pastèques et de plagistes aux prix cruels, il reste peu d’espace pour
goûter à l’espace chez nous. Ni salles de cinéma valables, ni possibilité de regarder un match dans un stade en famille sans se faire lapider, ni belles terrasses de café sans attirer les mouches et se voir servir des choses inconsommables, ni parcs à thèmes, ni Disney land façon poupée Fella. Rien. Sauf l’eau à regarder. Car l’eau a été tellement rare en Algérie qu’aujourd’hui, les familles algériennes se déplacent en masse pour regarder un simple jet d’eau. A Oran, le dernier Sommet sur le Gaz, le fameux GNL 16, a fait hériter à la ville quelques beaux ronds-points où l’eau danse tellement bien que les Oranais viennent avec femmes et enfants l’applaudir chaque fin de journée. L’attraction est devenue tellement à la mode, qu’elle a nécessité la mobilisation de fourgons de police, l’aménagement d’un parking sauvage et le début de quelques commerces clandestins. Les Oranais y viennent voir le jet d’eau, les lumières et la propreté de l’endroit. Tout y est de ce qui peut relancer le tourisme interne : un léger investissement, la sécurité et l’obligation de ne pas salir l’endroit et l’avantage de ne rien payer. Vu de près, c’est une bonne habitude, mais vu de loin, c’est une misère de voir un peuple en venir à admirer des ronds-points cinquante ans après son indépendance. On n’a pas idée en effet de se contenter d’un croisement de chemins quand on a un pays aussi vaste. Selon le proverbe, l’étroitesse est dans les cœurs. Mais apparemment, elle l’est plus dans les idées. Au point où dans un pays de plus de 2 millions de km², un peuple et ses familles en viennent à se ramasser autour d’un seul rond-point qui fait couler l’eau plus élégamment que dans les robinets.
12 juillet 2010
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