La production industrielle du secteur public national a baissé de 2,7% au premier trimestre 2010, selon l’Office national des statistiques (ONS). L’ONS attribue ce recul «aux contre-performances enregistrées par les secteurs des mines et carrières (moins 9,7%) et des industries manufacturières (moins 7%)».
L’activité extraction de minerai de fer est en baisse de 58%, l’argile et le sable de 19,9% et le sel de 19,8%. La production des industries manufacturières a reculé de 6,9%, contre une hausse de 5,7% durant la même période de l’année précédente. Seul le secteur des bois et papier, avec une hausse de 16,2%, semble tirer son épingle du jeu.
L’ensemble des autres secteurs des industries manufacturières a chuté, notamment les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électriques et électroniques (-15,5%), les matériaux de construction (-13,9%), l’agroalimentaire (-7,3%) et la chimie, le caoutchouc et le plastique (-5,1%).
Cette contraction significative et quasi généralisée est enregistrée après une année 2009 qui n’aura vu qu’une augmentation insignifiante de 0,4% de la production du secteur industriel public.
Ces chiffres indiquent mieux qu’un long discours l’état préoccupant du secteur industriel public. Les programmes de relance et d’investissement, qui auraient dû tirer ce secteur, n’ont visiblement eu aucun effet sur ses performances. Les divers ministères en charge de l’industrie, qui ont abreuvé l’opinion de longues péroraisons «stratégiques», sont au pied du mur d’un échec aux conséquences multiples.
Les partisans du libéralisme dans sa version FMI n’ont même pas l’excuse d’une privatisation massive qui serait venue compenser en quelque sorte l’inexorable effritement de ce qui fut, il n’y a pas si longtemps, la fierté de l’économie algérienne. Quand on ajoute la faiblesse des IDE à ce constat, le tableau est complet
De fait, l’absence de vision économique cohérente et l’adhésion acritique à des théories qui ont prouvé partout leur inefficience expliquent pour une large part l’abandon de ce secteur. Après avoir été exagérément célébrée dans les années soixante-dix, l’industrie nationale publique est, tout aussi exagérément – mais avec des conséquences plus graves encore -, vouée aux gémonies et à l’oubli. Cela a été dit et répété en particulier depuis la crise de 2007/2008 : les pays – y compris ceux qui prétendent donner des leçons de libéralisme – ont construit leurs bases économiques sur une approche qui n’a pas mis en opposition secteur privé et secteur public. Chez nous, ce débat antédiluvien n’est toujours pas tranché. Conséquence, on se méfie du secteur privé et on ne fait pas beaucoup pour le secteur public.
Pourtant, l’urgence de revitaliser l’industrie publique est parfaitement mise en exergue par l’irrésistible croissance des importations et la périlleuse dépendance qui en découle. Face à cette situation, les seuls moyens mis en œuvre ont été purement administratifs, dans un contexte où les marges financières, essentiellement orientées vers les infrastructures, auraient largement permis de réhabiliter puissamment le secteur industriel public.
La piqûre de rappel est en effet d’autant plus nécessaire que l’ONS, heureusement très productif, vient de publier les statistiques démographiques qui montrent que le taux de croissance de la population algérienne est reparti à la hausse. La population résidente en Algérie, qui était de 35,6 millions d’habitants au 1er janvier 2010, devrait croître à 36,3 millions de personnes en 2011. Avec 64,4% du total, la population en âge de travailler représente la catégorie la plus importante.
Le «patriotisme» économique aurait plus de sens s’il s’articulait autour de la création d’emplois durables face à des taux de chômage importants et à une croissance démographique soutenue.
Dimanche 11 juillet 2010
12 juillet 2010
Contributions