Au lendemain de l’élection présidentielle d’avril 2009, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a jeté un pavé dans la mare en demandant la dissolution de l’Assemblée populaire nationale et l’organisation d’élections législatives anticipées. En justification de sa demande, elle a fait valoir que la représentation parlementaire en exercice n’a aucune légitimité à parler au nom du peuple parce que issue d’un scrutin contestable.
Moussa Touati, le président du Front national algérien (FNA), lui emboîte le pas et formule la même revendication de la dissolution de l’APN, mais en y ajoutant celle des assemblées élues communales et de wilaya. Les deux responsables politiques semblent croire que des élections anticipées verront l’émergence d’élus plus représentatifs. Ce qui est tout simplement une utopie surréaliste tant que les scrutins électoraux se dérouleront dans les conditions où le suffrage populaire fait l’objet de manipulations et de détournement qui leur ôtent tout crédit de transparence et de démocratie.
Il nous semble que la revendication de dissolution de l’APN ou des autres assemblées élues n’est d’aucune pertinence, tant que l’acte électoral citoyen est dévoyé. Que la présente APN souffre d’une carence flagrante de légitimité populaire, cela ne fait aucun doute. Celle qui lui succèderait, dans le cas improbable où la demande de Louiza Hanoune et Moussa Touati se réalise, n’en sera pas mieux et plus dotée.
C’est pourquoi, plutôt que focaliser sur sa dissolution, il importe d’abord de poser le problème de la liberté de vote des citoyens, de la transparence et de la régularité des scrutins. Les électeurs ne se trompent pas quant à eux de priorité, comme le prouve leur abstention massive récurrente à chaque rendez-vous électoral. Penser qu’ils feront foi à des élections anticipées organisées dans les conditions qui sont à l’origine de leur désaffection au devoir électoral, relève d’une naïveté coupable de la part des formations politiques qui en expriment la demande.
Elles semblent en effet loin d’avoir intériorisé le fait qu’en participant aux mascarades électorales qui servent d’alibi démocratique au pouvoir, c’est ce qui leur vaut d’être frappées elles-mêmes du discrédit qui, aux yeux des Algériens, touche l’ensemble de sa classe politique.
Pourquoi enfin le pouvoir politique, que l’on ne peut créditer d’aucune velléité d’ouverture démocratique, s’embarrasserait-il à prendre en considération une revendication dont la seule finalité se réduirait à renvoyer à l’APN ou ailleurs des élus du même acabit que ceux qui y siègent actuellement ?
En s’y refusant, le pouvoir montre qu’au moins il se veut économe de l’argent public et s’abstient d’en dépenser dans des élections anticipées qui ne changeront rien à la nature de la représentation populaire qui, en l’état, le sert sans problème et avec un zèle intéressé.
12 juillet 2010
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