Samedi dernier, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, qui intervenait au cours d’une réunion des mouhafadhs du parti, a surpris son monde, participants et journalistes, en annonçant que «le programme quinquennal 2010-2014 sera présenté au Parlement lors de la prochaine session d’automne».
La surprise s’explique parce que la démarche législative annoncée est exceptionnelle de la part d’un pouvoir exécutif qui ne s’est pas embarrassé de demander son avis au Parlement pour les précédents programmes de développement. Alors, se pose tout naturellement la question de savoir pourquoi Bouteflika a consenti cette fois à impliquer ce Parlement.
Belkhadem est bien entendu resté muet sur les considérations qui ont conduit le président de la République à sacrifier à un semblant de consultation du Parlement pour le programme quinquennal 2010-2014. En l’absence de toute explication, l’on peut avancer celle que Bouteflika, pour aussi convaincu que ce programme est la meilleure solution aux problèmes de développement, tient à faire endosser son approbation par l’institution parlementaire pour ne pas prêter le flanc à la critique l’accusant d’exercer un pouvoir de décision solitaire concernant un projet au financement colossal, dont les résultats en terme de développement ne sont pas évidents pour tous, experts, politiques et opinion publique.
Pour le moins, est-ce fortuit que l’annonce faite par Belkhadem, qui est, rappelons-le, aussi ministre représentant du président de la République, ait eu lieu trois jours après la publication par le quotidien El Watan d’une contribution de l’ancien Premier ministre Ahmed Benbitour, dans laquelle il faisait valoir que «nul ne peut se donner le droit d’utiliser plus de la moitié des réserves en quelques années sans consulter le peuple et sans débattre dans des institutions libres et performantes ?
En faisant une corrélation entre l’annonce de Belkhadem et l’interpellation de l’ancien Premier ministre, il n’est pas de notre intention de suggérer que c’est celle-ci qui a déterminé le chef de l’Etat à décider le passage du programme quinquennal controversé devant le Parlement. Il nous paraît par contre plausible que Bouteflika n’a pas été insensible aux tirs groupés suscités par les oppositions à ce programme, qui contestent la stratégie de développement qui le sous-tend. Stratégie que ces milieux auraient voulu voir faire l’objet d’un débat national et non imposé par le fait du prince provoqué par une équipe d’experts dont la clairvoyance et la vision en matière de politique du développement ne font pas pour le moins unanimité.
A défaut de débat national, dont par culture politique Bouteflika ne veut pas entendre parler, il s’est alors peut-être rabattu sur la procédure annoncée par Belkhadem pour donner l’illusion que le programme quinquennal fait consensus. Il est clair que le Parlement entérinera sans restriction aucune ce programme. Reste que la démarche ne désarmera pas les critiques contre la philosophie dont est imprégné ce programme.
Benbitour, pour en revenir à lui, a nettement développé les inquiétudes que ce programme inspire. Celle notamment que malgré l’enveloppe colossale qui lui a été allouée, ce programme, comme les précédents de même inspiration, ne résoudra en rien les problèmes de développement de la nation et surtout pas celui que constitue sa dépendance existentielle à l’égard de l’exploitation de ses ressources d’hydrocarbures.
6 juillet 2010
Contributions