Le Carrefour D’algérie
«… dans les traditions algériennes, les condoléances sont un moment terrible pour les femmes. Pour nous donc, il n’y pas encore place pour cette sorte de réserve dans le chagrin, de politesse dans la compassion et de mesure dans la solidarité.
Il y a en effet, chez nous, des codes d’hystérie qui restent stricts: si on ne s’y plie pas, cela veut dire que l’on ne ressent rien et les voisines s’en souviendront longtemps dans la famille ou dans le quartier. Donc, lorsqu’une femme doit présenter ses condoléances, elle doit le faire dans les formes convenues: entrer en hurlant dans la maison mortuaire, jeter son voile, sa djellaba ou n’importe quoi d’autres, crier des dizaines de fois «où est la défunte et pourquoi elle ne répond pas?», se jeter par terre pour être relevée par les plus proches et se griffer le visage, légèrement toutefois depuis quelques années. Ensuite, le rite impose qu’on fasse des va et viens entre sa maison et celle du mort, de donner le coup de main pour faire manger les hommes et les creuseurs de la tombe et les enfants des parents venus de loin et presque toute le monde à la fois et pendant des jours et des jours. La mort pour les morts dure tout le temps, mais pour les survivants, elle dure généralement quarante jours et, environ, quarante mille dinars au moins. Il faut y compter la «sabou’e», c’est à dire le 7ème jour, puis le quarantième. De traditions, les frais d’une mort sont à la charge de tous. Si dans les villes ce sont les familles touchées qui s’en chargent, dans les villages, la mode est encore à la solidarité financière ou au couscous de solidarité, selon le quartier et les répartitions des rôles. D’ailleurs, cela a même créé des dérives, genre «cahier de cotisations obligatoires» ou de charité ostentatoire entre autres. C’est dire que pour mourir ou se marier, un algérien dépense beaucoup d’argent et d’effort. Autant de rite à réformer et très vite.
5 juillet 2010
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