Editorial (Lundi 05 Juillet 2010)
Liberté
Politiquement, le geste de Hosni Moubarak s’explique par la volonté de l’Égypte d’enterrer définitivement la hache de guerre. Les intérêts stratégiques de l’Égypte en Algérie sont considérables en termes d’investissements, à commencer par la pétrochimie, la téléphonie, le ciment sans compter le volet exportation.
Le président égyptien, Hosni Moubarak, s’est déplacé hier à Alger en compagnie d’une forte délégation. Le geste est d’une importance symbolique. D’abord pour le président Bouteflika qui vient de perdre son frère, décédé des suites d’une longue maladie. Ensuite, cette visite d’État a visiblement été préparée depuis longtemps, puisque Le Caire a entamé depuis quelque temps déjà des approches de réconciliation avec les autorités algériennes après une période de crise née de l’agression, le 12 novembre dernier, de la délégation algérienne au Caire et des graves dérapages politiques de hauts responsables égyptiens relayés par une presse aux commandes à l’égard de l’identité nationale algérienne.
Il semblerait que le temps aura joué son rôle et que les choses commencent à rentrer dans l’ordre. Et c’est la diplomatie du deuil qui semble l’emporter dans pareilles circonstances. La culture musulmane a cela de bien. De telles occasions sont souvent exploitées pour régler des conflits latents ou pour se réconcilier avec des proches. La signification est d’une profondeur sociale propre à nos sociétés qui, malgré leurs différences, continuent à adopter ce genre de comportement.
Mais politiquement, le geste de Hosni Moubarak s’explique par la volonté de l’Égypte d’enterrer définitivement la hache de guerre. Les intérêts stratégiques de l’Égypte en Algérie sont considérables en termes d’investissement, à commencer par la pétrochimie, la téléphonie, le ciment sans compter le volet exportation.
Sur le plan du tourisme, l’Égypte, qui a perdu cette année une bonne partie des touristes algériens, ne souhaite pas rester les bras croisés. C’est un énorme manque à gagner pour une économie qui dépend en grande partie de ce secteur.
C’est ainsi que l’Égypte procède par petites touches afin de ramener Alger à de meilleurs sentiments, sachant que les blessures morales engendrées par la crise de novembre, ne peuvent s’effacer d’un trait de plume ou par une phraséologie où les égyptiens excellent à merveille. Peut-on alors dire que la page est tournée et que les relations algéro-égyptiennes repartent de plus belle ? Rien de moins, surtout quand on sait que Le Caire veut toujours garder, et à tout prix, le statut de leader arabe.
5 juillet 2010
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