Lors du remaniement gouvernemental intervenu il y a un peu plus d’un mois, Djamel Ould Abbas, précédemment ministre de la Solidarité nationale, s’est vu confier le département de la Santé en lieu et place de Saïd Barkat, lequel a hérité du sien. Les deux personnalités étant cataloguées d’appartenance au premier cercle de l’entourage présidentiel, il était hasardeux de prévoir que leur permutation allait apporter un changement notable dans la gestion du conflit social que le second laissait en héritage au premier dans le secteur de la santé.
Pourtant Djamel Ould Abbas, aussitôt installé à la tête de son nouveau département, a pris le contre-pied de l’attitude dans ce conflit de son prédécesseur. Contrairement à celui-ci, il a en effet accepté d’ouvrir le dialogue avec les syndicats autonomes, animateurs de la fronde sociale qui agite le secteur de la santé depuis des mois. Son initiative a eu pour effet positif de détendre l’atmosphère qui a été électrique et exécrable dans les rapports entre ces syndicats et leur ministère de tutelle.
Les syndicats autonomes, reçus par Ouled Abbas, se sont naturellement félicités de la disponibilité d’écoute que le nouveau ministre de la Santé leur a manifestée. Au cours de ses rencontres avec eux, Djamel Ould Abbas a fait plus que les écouter, semble-t-il. Puisqu’il leur a en plus promis de transmettre leurs doléances au gouvernement en se faisant lui-même le défenseur de certaines d’entre elles auprès de celui-ci.
En se démarquant de l’attitude de refus de dialoguer que Saïd Barkat a adoptée à l’égard des syndicats, Djamel Ould Abbas obéit-il à une orientation venue de haut, ou a-t-il réagi en tant que ministre imprégné de culture syndicale pour avoir été longtemps président de l’Union médicale algérienne (UMA)? L’on penche évidemment pour la première hypothèse, en sachant que dans le pays il n’est pas laissé latitude aux représentants de l’Etat, fussent-il des ministres, d’engager des négociations sociales sans l’aval et les instructions des sommets du pouvoir exécutif.
Si donc Djamel Ould Abbas a fait montre de sa disponibilité à dialoguer avec les syndicats autonomes, c’est qu’en toute vraisemblance il a reçu le feu vert pour le faire.
Pour autant, l’ouverture du dialogue entre le ministre de la Santé et ces syndicats ne signifie nullement que l’on s’achemine vers la fin du long conflit social dont le secteur de la santé est le théâtre. Certainement que le pouvoir exécutif a décidé de lâcher du lest, mais pas au point de satisfaire toutes les doléances des spécialistes et praticiens de la santé. C’est peut-être alors la mission d’amadouer ces catégories professionnelles et les convaincre de renoncer aux plus sensibles de ces doléances que Djamel Ould Abbas s’est vu confier.
La rentrée sociale prochaine pouvant s’avérer chaude dans d’autres secteurs de la fonction publique ainsi que dans celui de l’économique, il n’est pas sans importance pour le pouvoir exécutif que celui ayant cours au sein de la santé publique soit entre-temps, sinon totalement éteint, du moins engagé dans un long et aléatoire processus de concertation, obligeant les syndicats autonomes à renoncer à sa relance sous la forme spectaculaire au plan médiatique qu’il a eue sous le règne de Barkat au ministère de la Santé.
Par son profil, les liens qu’il a tissés dans ce secteur en sa qualité de président de l’UMA, Djamel Ould Abbas est assurément la personne idoine qu’il fallait à ce pouvoir exécutif pour tenter de calmer momentanément l’ardeur combative des syndicats autonomes de la santé.
1 juillet 2010
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