A partir du moment où Bouteflika et le staff gouvernemental ont opté pour «le patriotisme économique» et le retour à l’investissement public dans le secteur industriel national, le maintien de Hamid Temmar à son précédent poste ministériel aurait fait l’effet d’une incongruité de taille. Même s’il avait donné l’impression de s’être converti à ces deux credo et parrainé un projet de «stratégie de développement» faisant de ceux-ci les axes d’une nouvelle politique de développement, il n’était en effet certainement pas la personnalité idoine à qui confier le pilotage du revirement que l’exécutif a décidé d’imprimer à la politique économico-industrielle nationale.
Hamid Temmar traîne la réputation d’être réfractaire à l’existence d’un secteur public industriel. Or, c’est la réhabilitation et l’extension de celui-ci que l’on veut assurer. Ce à quoi semble croire et vouloir entreprendre son successeur, Mohamed Benmeradi. Il l’a fait savoir en effectuant, pour sa première sortie sur le terrain, une visite des ateliers de la SNVI à Rouiba, qu’il a intentionnellement qualifiée de symbolique.
Symbolique, elle l’est effectivement car elle a concerné une entreprise que le dogme économique incarné par Temmar condamnait à la «casse» et à la disparition. C’est cette même entreprise que le gouvernement a d’ailleurs choisie pour donner le coup d’envoi au «patriotisme économique» sous la forme d’importantes commandes publiques de véhicules utilitaires qui lui procurent un plan de charge qui la met à l’abri provisoirement du démantèlement dont elle a été menacée pour cause de non-rentabilité.
Le nouveau ministre n’a pas été avare en la circonstance d’éloges sur les capacités techniques et managériales des travailleurs et cadres du secteur public.
La réhabilitation du secteur industriel public, dont Mohamed Benmeradi a désormais la charge, devrait pour réussir s’interdire la reproduction du schéma de gestion des entreprises sous lequel a fonctionné ce secteur et fut la cause de son irrécusable échec. Or, c’est précisément ce schéma, à peine retouché par quelques fioritures juridiques de pure forme, que l’on est en train de perpétuer. L’Etat vole en effet au secours des entreprises publiques en procédant à leur assainissement financier, en les faisant bénéficier de la «préférence nationale» et en les protégeant par différents artifices de la concurrence étrangère et même privée nationale.
Mais il n’a pris aucune mesure permettant à ces entreprises de s’émanciper de la gestion administrée qui fait que le véritable pouvoir de décision dans toutes ses manifestations se situe ailleurs que dans leurs instances de direction internes. C’est en tout cas ce qui se confirme depuis que les ministères ont repris la tutelle directe et effective des entreprises de leurs secteurs respectifs.
Les mêmes causes ayant les mêmes effets, il est à craindre que le «patriotisme économique» version gouvernement actuel ne mène l’industrie nationale qu’il est censé devoir promouvoir aux mêmes impasses et déboires que ceux qu’il a connus du temps de l’étatisme socialisant.
30 juin 2010
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