Où se trouve le Ghana ? En Afrique du Sud. C’est la 2ème nationalité brève des Algériens actuellement face à leurs démodulateurs TV. On se souvient que pour la finale de la Coupe d’Afrique, des drapeaux du Ghana ont flotté dans les quartiers populeux du pays, en signe de guerre contre l’ex-Egypte.
Le Ghana nous reprend encore une fois dans ses bras dans son match contre les Américains au Mondial des autres. Où se trouve le Ghana pour les Algériens qui ne savent de la géographie du monde que celle du Nord ? Peu importe. Le Ghana se trouve en Afrique du Sud actuellement et nous y sommes, par procuration. Dans un mouvement inverse de projection sur l’autre, des ex-Egyptiens ont fêté le but Slovène contre notre équipe et, surtout, la victoire de leur «Achikak», traduire «frères intimes» américains, sur nous. Dans cette sorte de guerre par les fenêtres, les deux pays rivaux, le nôtre et celui de Moubarak, ne se rencontrent pas. Comme «l’amour des fenêtres», mais bon ! Il fallait relever cette inattendue reproduction du drapeau ghanéen dans nos quartiers. C’est le spectacle émouvant d’une impitoyable envie de gagner, réduite à une habitude de «supporter», en rond, partout où on ne peut pas se trouver.
D’ailleurs, nous sommes un peuple de grands supporters. Nous avons supporté la Palestine, longtemps, dans son tort et dans sa raison, jusqu’au jour où Abbas a préféré enjamber l’Algérie pour rendre ses visites de courtoisie au Maroc.
Ensuite, nous avons supporté l’Irak, jusqu’à ce que cela ne serve à rien. Puis nous sommes en train de supporter l’Iran. Jusqu’au jour où nous allons le payer. Ensuite, et depuis trop longtemps, nous supportons les Sahraouis. Jusqu’à ce qu’un jour, ils nous diront au revoir et merci et nous tournerons le dos comme tant d’autres. D’où la question de fond de cette chronique : quel est le sens général de la politique extérieure algérienne après la mort de Boumediene, du socialisme, de la guerre froide, de l’URSS ? Presque aucun. Des trucs flous comme le G20 ou l’UMP, le non-alignement vaseux. Il ne nous reste que l’antiterrorisme et sa fameuse expérience algérienne, second produit sur l’étalage international après le pétrole. D’ailleurs, il n’y a pas plus effacé, plus invisible, plus vague et plus timide que notre ministre des Affaires étrangères. L’image physique de notre diplomatie dicte active, réduite à dire ce que personne ne croit dans le monde et à organiser des visites de Bouteflika dans de meilleures conditions.
Dans le tas, longtemps après les choix maoïstes de Ben Bella qui nous ont coûté tellement, les Algériens comprennent mieux que leurs AE qui il faut soutenir et à qui il faut sourire : en foot, le Ghana ; en affaire, le mieux offrant. Le reste, c’est-à-dire l’anticapitalisme, la France passionnelle ou l’Iran, ils les laissent pour l’emploi des vieux. Supporter le Ghana est plus compréhensible que de supporter la RASD à laquelle on ne comprend rien et dont personne ne veut nous expliquer l’importance déclarée vitale depuis si longtemps qu’on a oublié pourquoi.
29 juin 2010
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