Les pouvoirs publics se sont fixés pour objectif la réduction de l’enveloppe financière que le pays consacre année après année aux importations, dont le volume a pris une ampleur exponentielle inquiétante pour ses équilibres financiers. A cet effet, le gouvernement a mis en place des mesures et des mécanismes de contrôle qui, on le comprend, ne font pas l’unanimité parmi les opérateurs économiques pour lesquels l’acte d’importation est un passage obligé, soit en tant que raison même de leur existence, soit la voie de recours au maintien et à l’entretien de leurs appareils de production.
Depuis l’entrée en vigueur des mesures et dispositif décrétés par le gouvernement, l’enveloppe globale de l’Algérie vouée aux importations a subi une appréciable diminution. Sauf que cette tendance à la baisse que l’on constate dans ce chapitre risque de se terminer, du moment que l’Etat lui-même est pris d’une boulimie pour les importations qu’il justifie par la nécessité qu’il a d’intervenir dans ce domaine pour réguler le marché national. Les pouvoirs publics ont en effet fait savoir qu’ils ont passé commande à l’étranger ou vont le faire d’importantes quantités de matières telles que le ciment, ou de produits alimentaires, objet de fortes tensions spéculatives sur le marché.
Que l’on nous permette de douter de la pertinence et de l’efficacité de la régulation que les pouvoirs publics disent vouloir instaurer en recourant aux importations massives pour quelque produit que ce soit. L’Etat a eu à constater son impuissance à juguler les tensions inflationnistes qui se font jour sur le marché national par la voie d’opérations d’importations à compte public. Il a au contraire fourni par ce biais l’opportunité aux spécialistes de la spéculation d’un approvisionnement à moindres frais et donc de gains plus lucratifs.
Ceci pour la raison que c’est la fonction du contrôle étatique du marché national qui est défaillante. Contrairement à la période où la fonction commerciale était exercée principalement par des organismes publics, ce n’est pas de rareté, et donc de pénurie dont souffre le marché national. Les matières et produits soumis à tension actuellement sur ce marché sont disponibles dans des quantités qui excluent normalement que la hausse de leurs prix prenne des proportions absolument injustifiables. L’inflation dans le pays résulte pour l’essentiel de manœuvres spéculatives savamment menées par des milieux que leur proximité au pouvoir de l’Etat rend incontrôlables et intouchables.
La capacité de l’Etat à assumer la fonction de régulation est utopique dès lors qu’il n’y a pas possibilité pour ses agents de frapper à ce niveau. Pour cela, il faudrait qu’existe une volonté politique de «moraliser» le secteur commercial et pas seulement à travers le circuit de la petite distribution. L’on doute qu’elle existe puisque les responsables les plus autorisés de l’Etat, tout en reconnaissant savoir qui sont ces milieux qui s’adonnent à la spéculation de façon organisée, avouent que rien n’a été fait pour les confondre.
Certes, la loi sur la concurrence a fait l’objet d’une révision donnant latitude aux pouvoirs publics d’une plus grande intervention en terme de contrôle des opérations commerciales. Toute la question est celle de son application à ces milieux qui organisent et entretiennent la spéculation.
29 juin 2010
Contributions