«Mansouri, Ghazzal, Saïfi, Djebbour et Ziani ne méritaient pas d’aller au Mondial.» «Metref, Ziaya, Hadj Aïssa, Lemmouchia et Derrag ont leur place en EN»
C’est à partir de Sousse, en Tunisie, où il passe ses vacances, que Noureddine Zekri nous a accordé cet entretien téléphonique. Il revient sur le Mondial sud-africain et la prestation des Fennecs. Il dit ce qu’il pense, loin de la pensée unique qui a envahi même le monde du football. Il explique les différends qui l’opposent à l’administration de l’Entente. Suite… On voudrait vous entendre parler du parcours de l’EN…
Vous avez sans doute remarqué que durant toute la période qui vient de s’écouler, je me suis abstenu de donner mon avis. Si je ne me suis pas exprimé sur l’Equipe nationale, c’est pour que les gens ne disent pas que Zekri est en train de perturber les Verts. Maintenant que l’Algérie est sortie de la compétition, je peux m’exprimer et donner mon avis si cela vous intéresse… On est tout-ouïe, à vous de faire l’évaluation du parcours de l’EN… L’Algérie était en mesure de faire un parcours autrement meilleur que celui qu’elle nous a offert dans ce Mondial. La politique n’a pas changé dans la façon de voir cette équipe. J’en ai parlé avant la CAN 2010, en Angola, mais rien n’a changé. On a continué à travailler avec la même mentalité. J’étais le seul à tenter d’attirer l’attention. On a observé les pratiques identiques à celles qu’on avait vues la veille de la Coupe d’Afrique. Voulez-vous nous expliquer ce que vous appelez avancer avec la même politique ? En ce qui concerne le choix des joueurs, certains n’avaient pas le rendement qu’ils nous avaient montré en Coupe d’Afrique. On peut être reconnaissant envers des éléments qui ont donné beaucoup à l’Equipe nationale, mais quand un joueur n’a pas le niveau, il n’a plus rien à faire en Equipe nationale. Les convocations de complaisance ou pour services rendus aux Verts ne doivent pas exister. Ni les convocations pour ancienneté… Voulez-vous appeler les choses par leur nom ? J’étais parmi les premiers à dire que Ghazzal n’avait rien à faire en Equipe nationale. Je le connais assez bien dans le championnat italien. C’est un joueur ordinaire. Il n’est pas en mesure de donner un plus à l’Equipe nationale. Il n’a jamais évolué comme attaquant de pointe. Vous allez me dire que passer de la série C à la série A est un progrès assez remarquable, mais je suis au regret de dire qu’à Sienne, ce n’est pas un foudre de guerre. Cela fait pratiquement deux ans que je tente d’attirer l’attention sur ce cas, mais personne n’a voulu m’écouter. Mansouri n’a pas joué. Heureusement que les sifflets contre la participation de ce joueur ne sont pas ceux des Algériens résidant en Algérie. On a bien vu et entendu que ce sont les Algériens de l’étranger qui l’ont sifflé et chahuté. Pourquoi dites-vous cela ? Pour la simple raison que si le public du 5-Juillet ou de Blida avait sifflé le joueur, on aurait entendu des commentaires du type, le public local ne connaît rien au football. Mais comme c’est le public algérien de l’étranger qui avait sifflé le joueur, on en a conclu qu’il était nécessaire de mettre Mansouri sur le banc de touche. Laissez-moi vous dire qu’en six mois, j’ai pu apprécié ce public algérien que je crois assez connaisseur. Quels sont les points faibles de l’Equipe nationale durant ce Mondial ? On a démoli cette Equipe nationale du point de vue de l’état d’esprit des joueurs par la philosophie qui consiste à dire qu’on va en Coupe d’Afrique pour préparer la Coupe du monde. Ensuite, une fois arrivés en Coupe du monde, on a dit qu’on était là pour apprendre. Toute cette conception a complètement mis à plat l’ambition des joueurs de réaliser de meilleurs résultats. Ce sont les déclarations de Saâdane avant le Mondial, l’accuseriez-vous d’être derrière cette conception ? Je le dis, sans la moindre hésitation, mais il n’est pas le seul à blâmer. Il y a des responsables du football qui ont dû entendre le coach faire de telles déclarations. Ils auraient dû interpeller le coach de l’EN et lui dire que ce ne sont pas ces objectifs qui nous intéressent. Les Vert sont en mesure de réaliser un bon parcours. On aurait dû placer la barre un peu plus haut. Y a-t-il d’autres aspects négatifs liés à notre participation au Mondial ? La discipline a pris la clé des champs. C’est ce qui se passait à chaque rencontre. Est-il normal que les joueurs écopent de trois cartons rouges en Coupe d’Afrique face à l’Egypte, un autre face à la Slovénie et un dernier contre les USA ? Non, cela est inadmissible. Je ne veux pas trop revenir sur les contestations des choix tactiques du coach, des joueurs qui avaient décidé de bouder Saâdane. La sanction infligée à Lemmouchia n’a pas été appliquée aux joueurs «européens». C’est très disproportionné. Quels sont les joueurs qui ne méritaient pas de faire partie de la liste des 23 joueurs ? Mansouri, Ghazzal, Saïfi, Djebour et Ziani. Pour les quatre premiers, il est question de niveau. Ils ne sont pas aptes à participer à une compétition d’une telle envergure. En ce qui concerne Ziani, je dirai qu’il s’est montré égoïste. Il n’a pas été utile pour le groupe. Son jeu était nuisible. On n’a pas pu se faire une idée sur des éléments comme Belaïd et Medjani, car ils n’ont pas eu l’occasion de jouer, mais je reste persuadé que d’autres éléments ne méritaient pas de faire le voyage en Afrique du Sud. En citant les nouveaux, comment jugez-vous leur rendement ? Lacen a fait du bon travail défensivement, mais n’a pas été très utile en attaque. On aurait aimé le voir dans ce volet. Je crois que cela était dû au choix tactique du coach qui avait empêché Lacen de monter en attaque. C’est le cas de Kadir, il a assuré un rôle défensif dans son couloir, mais en 3 matches, il n’a pas fait un seul retrait dans le petit rectangle digne de ce nom. Sur le plan défensif, on a été dans l’ensemble à la hauteur. Je ne peux pas en dire autant dans le domaine offensif. Matmour, qui a des qualités, a été mal utilisé. On n’a pas pu l’utiliser dans les meilleures conditions. On l’a confiné dans des tâches qui n’étaient pas les siennes. Si Zekri était à la tête de l’EN, combien de points aurait-elle pu prendre à ses adversaires du groupe ? L’Algérie était le groupe le plus faible. Les Etats-Unis d’Amérique se sont fait éliminer en 8es de finale, l’Angleterre sera éliminée cette après-midi par l’Allemagne (interview réalisée dimanche matin, ndlr). Je suis un coach qui prône le jeu offensif. Si j’avais été à la tête des Verts, j’aurais commencé par évincer les 5 noms que je viens de citer et je les aurais remplacés par 5 autres plus aptes. Les résultats auraient été meilleurs et la qualification assurée. Quels sont les cinq noms auxquels vous auriez fait appel ? J’aurais fait appel à Metref, Ziaya, Hadj Aïssa, Lemmouchia et Derrag. Ils sont tous victimes de hogra. L’Equipe nationale a joué sans véritable avant de pointe. Ce que les Derrag et Ziaya auraient pu faire. On a joué sans véritable meneur de jeu et, dans ce registre, qui mieux que Hadj Aïssa pourrait le faire ! On a joué sans récupérateur pouvant prêter main-forte à l’attaque et, dans ce domaine, Metref est bien placé pour jouer ce rôle. Je n’ai pas à présenter Lemmouchia et son travail défensif. Mais je voudrais par ailleurs rajouter une chose… On vous écoute… Je suis surpris par le changement de position de certains techniciens qui avaient pourtant soutenu Saâdane. Ils sont maintenant les premiers à la critiquer. Ils n’ont pas le droit d’ouvrir la bouche. On veut les noms de ces techniciens ? Je veux parler d’anciens joueurs, des présidents et j’en passe. Je veux surtout parler des anciens entraîneurs qui par le passé ont eu la possibilité de driver l’Equipe nationale et dont les résultats sont dix fois moins bons que les résultats de Saâdane. A ceux-là, je leur demande de se taire une fois pour toutes. Qu’ils laissent l’Equipe nationale tranquille, ils n’ont plus le droit de s’exprimer sur cette question. Comment voyez-vous l’avenir de l’EN ? Avec les mentalités actuelles, on ne pourra pas faire de progrès. Il faut se rendre à l’évidence. On ne peut se satisfaire d’un seul point dans le groupe le plus faible et avoir le toupet de dire qu’on a réalisé une bonne Coupe du monde. Je suis désolé, on est passé à côté. Il faut se regarder en face et se dire les 4 vérités si on veut que notre foot progresse Comment voulez-vous terminer cet entretien ? L’Equipe nationale sera toujours victime de l’entraîneur qui pense qu’il peut à lui tout seul aller loin dans une compétition de l’envergure de la Coupe du monde. Regardez l’Italie, quand Lipi avait gagné la Coupe du monde en 2006, il avait souvent consulté ses collègues, comme Ancelloti, Trapatoni ou Capello. Lippi est revenu, il a navigué seul, il s’est appuyé sur la génération de Zambrota. Résultat : la catastrophe. Le cas de la France, qui a montré sa faillite avec la sélection française ou celle de l’Algérie avec ses binationaux. On ne peut pas juger un coach sur un seul match. Cavalli a aussi fait de bons matchs contre l’Argentine et le Brésil
PAR Samir B.
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28 juin 2010
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