À la mort de Taos Amrouche,
Méziane Rachid avait écrit un texte qu’il proposa à Medjahed Hamid pour
lui composer une musique. C’était au domicile de ce dernier au Télemly.
Sur place, les deux artistes avaient chanté le texte avec, à l’aide
d’un simple magnétophone, en play-back la voix de la diva décédée.
C’était le mixage avant la fusion des boîtes à rythme et autres
techniques informatiques. Le témoignage a été livré, samedi 26 juin, par
le chanteur Medjahed Hamid, lors d’un hommage rendu à l’artiste Méziane
Rachid par le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), à la maison de la
culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Medjahed a rappelé l’épopée de
Tacemlit, une “idée ingénieuse” de Méziane Rachid.
Il s’agit d’un
produit auquel avaient participé plusieurs chanteurs et artistes de
l’époque. “On a eu beaucoup de difficultés à enregistrer le 33 tours
préfacé par Kateb Yacine, mais Tacemlit reste pour moi un chef-d’œuvre
éternel”, témoigne l’orateur qui dit avoir fréquenté Méziane Rachid
durant plus de 25 ans.
C’est à la rue d’Isly à Alger qu’ils se sont
connus à la fin des années 1960. Rachid y tenait un cabinet d’opticien.
“Rachid n’aime pas être sous les feux de la rampe, il est discret dans
son travail”, a révélé Medjahed Hamid. D’autres témoignages ont été
faits en présence de l’intéressé, malgré son état de santé.
Sur une
chaise roulante, Rachid a tenu à assister à cet hommage qui lui est
dédié par une pléiade d’animateurs et d’artistes qui l’ont côtoyé à la
radio.
Des anciens de la radio se sont succédé au micro pour
rappeler à l’assistance des tranches de vie passées avec Rachid, des
anecdotes. Saïd Zanoun, Madjid Bali, Belkacem Messaoudi, Mouloud Habib,
Mohand-Ouali Kezzar, entre autres, ont loué unanimement les qualités de
l’artiste qui a toujours été modeste. D’autres intervenants ont reconnu
avoir appris beaucoup de lui. Avec sa belle voix qui n’a pris aucune
ride, El Djida Tamectuh a tenu à chanter un poème écrit par Rachid.
Brahim Tayeb a également chanté en chœur un texte de l’artiste et que le
chanteur Idir a rendu international : Essendu. Meziane Rachid demeure
un nom qui a écumé les studios de la Chaîne II de la Radio nationale.
De
son vrai nom M’hamed Yala, Méziane Rachid est natif en 1944 à la Casbah
d’Alger. Ses parents sont originaires d’Azeffoun en Kabylie maritime.
Auteur,
compositeur, producteur, animateur radiophonique, parolier, archiviste,
acteur de théâtre, Rachid a touché pratiquement à tout. Il a lancé
plusieurs chanteurs aujourd’hui de renommée. Ak wessigh a mmi aâzizen
chanté par Nouara, c’est lui ; Lmehna-w (Kaci Abdjaoui), c’est encore
lui. Ay aheddad n At Yanni, c’est toujours lui. Méziane Rachid a
“troqué” son métier d’opticien pour celui de
réalisateur-producteur-animateur de radio. À son actif, plusieurs
émissions radiophoniques : Ighennayen uzekka avec Chérif Kheddam, Sbah
lxir avec le poète Ben Mohamed, Amcic deg uqelmun, Lkar n Tizi n Tlata,
Agherbal, etc.
Méziane Rachid reste pour la génération d’aujourd’hui
“une mémoire vivante de la chanson kabyle et de la radio”.
Par
: YAHIA ARKAT
28 juin 2010
Non classé