Les sommets du G8 et du G20 qui se sont tenus à Toronto, au Canada, ont donné lieu chacun à un texte final dont le flou du contenu masque mal l’échec des participants aux deux rencontres à trouver un compromis sur les sujets polémiques qui ont été au centre de leur débat et dont l’enjeu est comment conforter la reprise de la croissance économique mondiale, «fragile et inégale», pour la rendre «forte, durable et équilibrée».
Au G8, les pays riches qui y siègent n’ont pu surmonter leurs désaccords sur la stratégie à suivre pour faire face à cet enjeu. Il ne pouvait en être autrement au G20, où d’autres différends sont venus se greffer à ceux sur lesquels le G8 n’a pu élaborer un consensus. Au final, le G8 aussi bien que le G20 se sont contentés d’énoncer des généralités dont aucune ne les engage collectivement. Il a été ainsi beaucoup question de solidarité que les Etats membres du G8 et du G20 se seraient engagés à développer pour remédier aux faiblesses de la reprise économique mondiale.
Mais «quid» de cette solidarité quand ils prônent des démarches divergentes pour le faire ? Des démarches qui, pour les pays qui y adhèrent, sont dictées par des situations aux priorités qui ne sont pas communes à l’ensemble de leurs économies nationales. C’est ainsi, par exemple, que les Etats-Unis et les pays émergents membres du G20, dont les économies affichent une santé en nette amélioration pour les premiers et éclatantes pour les seconds, ne peuvent souscrire au credo européen de «rigueur» destinée à diminuer les dettes publiques qui obèrent le niveau de confiance dont bénéficient les économies du Vieux Continent.
Les Etats-Unis et les pays émergents craignent en effet que trop de «rigueur», telle que certains Etats européens l’ont décliné au travers de plans d’austérité drastiques, n’étouffe la croissance internationale. Autant dire que l’annonce faite par la chancelière allemande que les pays développés du G20 se sont engagés à diviser par deux d’ici 2013 leur déficit public rapporté à leur produit intérieur brut, vaut constat qu’il n’y a pas eu rapprochement entre les deux visions que s’opposent les membres du G20 concernant la stratégie à adopter pour conforter l’économie mondiale.
Au G20, l’on a assisté par ailleurs à une autre passe d’armes opposant, elle, les Etats-Unis à la Chine sur fond d’accusation portée par les premiers contre le second «de s’offrir à bon compte, en sous-évaluant sa monnaie, une compétitivité commerciale artificielle, notamment au détriment des industries américaines». Ce que la Chine refuse d’entendre et de prendre en considération.
G8 ou G20, pour une bonne partie de l’opinion mondiale, il ne peut sortir de ces enceintes de décisions déterminantes et surtout adéquates pour les problèmes économiques et sociaux auxquels les peuples sont confrontés et victimes. Le premier s’est arrogé pendant des décennies le pouvoir de décider pour le reste de la planète, mais n’a pas vu venir la crise mondiale. Rien ne dit que parce que la gouvernance économique du monde a été élargie à des pays émergents, le G20 qui en a résulté sera en capacité de faire mieux dans l’anticipation et la prise de décisions conformes aux réalités économiques de l’ensemble de la planète.
28 juin 2010
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