L’Afrique du Sud (AFS) est à l’ordre du jour — Coupe du monde de football oblige —, l’occasion pour nous de parler de l’économie de ce pays et de la situation sociale des Sud-Africains. En 1994, la majorité noire accède au pouvoir.
Les cassandre prévoyaient en ce temps-là deux problèmes sérieux pour l’AFS :
1) La déliquescence des institution et de l’économie du pays.
2) La déception des Sud-Africains les plus pauvres qui le resteront.
Aujourd’hui 2010, personne ne conteste trois résultats positifs atteints par le nouveau pouvoir :
1) Le redressement des finances publiques est bien là : depuis 1995, l’orthodoxie financière appliquée a produit de bons résultats : la dette publique n’est que de 28 % du PIB en 2009 ; la dette extérieure nette de 16,4 % du PIB ; le solde budgétaire primaire ne s’est détérioré qu’en 2009, alors que pendant quatre ans (2005 – 2008), le budget a dégagé des excédents.
2) Une politique de transferts sociaux bien ciblés et bien gérés a été effectivement mise en œuvre et a pu assurer une certaine paix sociale (embauches, salaires, logements…)
3) La démocratie n’a pas été remise en cause par la nouvelle équipe gouvernementale.
Indicateurs macroéconomiques (2009)
Population (millions) | 50,2 |
PIB (milliards d’USD | 287,8 |
Croissance PIB | - 1,8 * |
Exportations (Mds USD) | 63,7 |
IDE Mds USD | 4,5 |
Réserves Mds USD | 38 |
Dette publique % PIB | 28 |
(*) C’est la première récession depuis 1994.
Les problèmes
L’économie sud-africaine est toujours frappée d’un important taux de chômage : 24,3 % en décembre 2009. Mais la plus grande difficulté de l’Afrique du Sud est que «son économie est une des plus duales qui soient», à côté d’une économie moderne composée du secteur financier performant et compétitif, du secteur des mines, du tourisme, de quelques industries de transformation et d’une partie de l’agriculture, il y a une économie pré-industrielle, traditionnelle très peu productive dans laquelle vit la plus grande partie de la population (secteur informel, petits métiers, artisanat, agriculture vivrière peu équipée…). La structure des revenus est très inégalitaire. «C’est là largement une conséquence du régime d’apartheid mais qui n’a été que marginalement corrigée par la politique de “Black Empowerment” des quinze dernières années qui a certes créé un embryon de bourgeoisie noire mais n’a en rien amélioré les perspectives de la grande majorité de la population noire, ruraux ou chômeurs et “informels” urbains» (cf. «Eclairages-émergents» Crédit agricole – mai 2010 – n° 7). Les indicateurs de santé sont très mauvais en Afrique du Sud : l’espérance de vie n’est que de 51,5 années (71 au Cap-Vert). C’est là une conséquence de l’épidémie de sida. D’un autre côté, le niveau moyen d’éducation et de formation de la population reste très inférieur à celui de ses concurrents émergents. Dans le domaine de l’emploi, 41,5 % seulement de la population en âge de travailler est effectivement employée. En milieu rural, une grande partie de la population est en dehors du marché de l’emploi et vit de transferts privés ou publics. Comme on peut le voir, l’Afrique du Sud vit des problèmes sociaux sérieux mais sans crise ni risque politique. Les Sud-Africains estiment que la situation est certes mauvaise mais reste bien meilleure que celle de l’apartheid. De même, cette situation est bien meilleure que celle des pays voisins Zimbabwe, Afrique australe, Congo, Afrique de l’Ouest.
L’Assemblée nationale d’Afrique du Sud est aujourd’hui à majorité ANC, le parti de Nelson Mandela qui détient 264 sièges sur 400 et qui détient aussi la présidence de la République avec le président Jacob Zuma. La gestion macroéconomique est de qualité et permet d’aborder les prochaines années sans grosse inquiétude, «mais on peut craindre que les inévitables ajustements ne se fassent à moyen terme par le bas, avec une montée des tensions sociales» («Eclairages).
Par Abdelmadjid Bouzidi
abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/06/23/article.php?sid=101979&cid=8
23 juin 2010
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