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KIOSQUE ARABE J’aurais voulu être général, mais…

21 juin 2010

Non classé

Dans la presse, on a généralement une sainte horreur des pseudonymes, surtout lorsqu’ils servent à dissimuler de mauvaises intentions, lesquelles paveraient la route vers l’enfer, selon Jésus- Aïssa. Les pseudos sont revenus à la mode chez nous, avec l’avènement du précalifat islamiste. Nous avons eu droit à la longue et monotone série des «Abou» (Père de…), suivis du prénom du premier né, et plus rarement de la première fille.

On ne les tue plus, comme dans la «Djahilya», mais chacun à sa place. C’est ainsi que des tueurs réels, ou virtuels, se sont emparés des noms de prestigieux compagnons, puisant même parmi les dix promis au paradis. Cibles potentielles des «Abou-X», des confrères se sont résignés à l’anonymat, pour échapper à une mort certaine, quoique… L’habitude aidant, on s’est rabattu sur les initiales, créant ainsi parfois des confusions fâcheuses ou des signatures tronquées, du style «Ahmed H.» ou «Fatiha A.» Les plus anciens se souviennent sans doute de ces initiales «B. N.», qui apparaissaient au bas des éditoriaux ou commentaires d’ El-Moudjahid, qu’on traduisait par ironie «Brosse Nationale». Aujourd’hui encore, des consœurs se complaisent ainsi dans cette situation de semianonymat, comme des artistes qui auraient peur d’affronter l’opprobre familial. Diantre Mesdames et Mesdemoiselles ! Vous avez la chance d’exercer l’un des plus beaux métiers du monde et il ne tient qu’à vous de l’embellir davantage. Il vous suffit de relire vos journaux pour s’apercevoir qu’il y a des professions plus honteuses, qui mènent aux tribunaux, ou bien aux… Bahamas. Là où le souci maladif de l’anonymat dépasse les bornes, c’est lorsque le journaliste devient polémiste et attaque furieusement des personnes qui ne sont pas de son bord. Ce sont souvent ces journalistes cagoulés qui font le plus de tort à une presse, plus que jamais tenue en suspicion, que ce soit du côté du pouvoir ou du lectorat. Pourquoi je vous raconte tout ça ? Simplement, parce qu’en parcourant ces dernières heures les colonnes de la presse arabe, je me suis arrêté sur un texte et surtout une signature qui m’ont intrigué. Voyons d’abord le texte : il s’agit d’un article paru dans le quotidien londonien Al-Quds, édition du samedi 19 juin. L’auteur, Ismaïl Al-Kacimi Al-Hosni, interpelle l’intelligentsia algérienne, qu’il accuse de se complaire dans la torpeur générale de la Coupe du monde. Pourquoi ? Parce que les Algériens n’ont pas réagi, avec la promptitude qu’il aurait souhaitée, aux récentes déclarations de l’activiste algérien vivant en Suisse, Abbas Aroua(1). Ce dernier était l’invité, à la fin du mois dernier, de l’émission «Bila Houdoud» (sans frontières, ou sans limites), animée sur Al-Jazeera, par Ahmed Mansour. En fait de révélations fracassantes, il s’agissait simplement d’affirmations de Abbas Aroua sur les essais nucléaires français en Algérie. Selon ce que rapporte l’article d’ Al-Quds, l’activiste islamiste a déclaré que les essais nucléaires français se sont poursuivis jusqu’en 1978/1979, avec la participation d’experts israéliens. «Comment, s’indigne-t-il, a-t-on pu autoriser des essais nucléaires français, avec assistance israélienne, en 1967, année de l’agression sioniste, de l’attaque contre l’Égypte et de l’occupation d’Al-Quds?». Nucléaire français + expert israélien : une combinaison qui aurait dû provoquer une mobilisation et un branle-bas de combat chez les intellectuels algériens, estime Al-Kacimi. «Or, dit-il, j’ai attendu cette réaction durant plusieurs semaines, et elle n’est pas venue.» Devant le silence des intellectuels, obnubilés par les matches de la Coupe du monde, Ismaïl Al-Kacimi Al- Hosni, fellah de son état puisque c’est ainsi qu’il se présente, est monté en première ligne. D’abord, il s’étonne d’apprendre que les essais nucléaires français se sont poursuivis durant tout le règne de Boumediène, «un homme que le pauvre peuple algérien considérait, et considère encore, comme un adversaire irréductible de la France. Qui plus est, le président actuel, alors ministre des Affaires étrangères, se prévaut de sa relation et de sa proximité avec l’ancien chef de l’État. Il se présentait lui-même comme le « numéro deux » du régime». Entrevoyant un vaste et complexe complot, dans lequel pouvoir et intellectuels auraient partie liée, l’auteur dénonce une collusion néocoloniale qui lierait l’ancien colonisateur et le pouvoir, qui ne vaut guère mieux. «La preuve en est, ajoute-t-il, le renoncement au projet de loi criminalisant le colonialisme.» (2) En fait, ce qui m’intrigue dans cet article, ce n’est pas tant son contenu que l’identité de son auteur. Je ne suis pas sûr, mais alors pas sûr du tout, que Ismaïl Al-Kacimi Al-Hosni corresponde à une personne réelle et que sa profession annoncée, cultivateur, soit bien la sienne. À moins qu’il ne soit lui aussi un citoyen exilé ordinaire qui cultive son jardin, comme tout le monde, entre Lausanne et Zurich. De plus, il est trop pamphlétaire, à l’image de nos députés, pourfendeurs tardifs du colonialisme, pour être pris au sérieux. Cependant, le quotidien Al- Quds, ce n’est pas seulement cela. J’ai ainsi trouvé l’opportunité de réoxygéner mon cerveau avec la chronique que notre ami Salim Azzouz, qui éreinte, comme ce n’est pas permis, le pauvre Nadjib Sawiris, patron d’Orascom. Le chroniqueur se gausse, en particulier, de l’acharnement du concerné à jouer les animateurs et les vedettes sur les écrans de ses propres chaînes de télé. «Il me rappelle, dit-il, un vieil ami, issu du même village que moi et qui avait la faculté de réaliser, d’une certaine manière, tous ses rêves les plus fous. Ainsi, il aurait souhaité vivre avant 1952, pour avoir le titre de Pacha, supprimé par la révolution de juillet. Qu’importe : il a donné à son fils le prénom de Pacha, afin qu’il précède l’énoncé de son identité. Il rêvait d’une villa, alors il a loué un appartement sur une terrasse, et il a apposé sur la porte une plaque à son nom, précédé du mot « villa ». Comme toute villa a son jardin, il a alors entrepris de faire pousser des fleurs sur sa terrasse ». Salim Azzouz se demande pourquoi un homme si riche s’entête à vouloir être vedette de la télévision, homme de culture, penseur, philosophe, découvreur de talents, alors qu’il n’en a pas l’étoffe. «Si les choses étaient d’une telle banalité, dit-il, Walid Ibn-Talal serait le leader incontesté de son époque et de son pays, puisqu’il possède beaucoup plus de chaînes de télévision que Sawiris. Drôle d’époque que la nôtre où personne n’est content de son sort et voudrait acquérir ce qu’il ne peut pas avoir». Conclusion : j’aurais voulu être colonel, mais j’ai raté l’occasion en 1967 et la promotion était aléatoire. Puis, ne pouvant plus être général, comme tous les colonels, j’ai eu l’idée d’être directeur général, et là, on m’a trouvé trop jeune. Quand j’ai voulu, enfin, redevenir simple journaliste, on m’a dit que j’étais trop vieux. Allez comprendre !
A. H.

(1) Il se présente comme directeur de la Fondation Cordoue, à Lausanne, et il est actif sur plusieurs sites islamistes, dont «Al-Oumma.com». Il a notamment mené campagne contre l’interdiction des minarets en Suisse, menaçant de mesures similaires contre les églises dans les pays musulmans. Une menace qui n’a pas fait reculer des Helvètes, comme on le sait. Il est vrai que comparaison n’est pas raison en la matière.
(2) Ce en quoi, il n’a pas entièrement tort, parce que jouer les matamores, comme l’ont fait certains de nos députés, mortellement patriotes, et «oublier» le projet en chemin, ça dénote un manque de constance ou un abandon pour le moins suspect.

Par Ahmed Halli
halliahmed@hotmail.com


Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/06/21/article.php?sid=101873&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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