La fierté exprimée par les Sud-Africains, toutes conditions sociales et d’origine confondues, au choix de leur pays pour organiser la première Coupe du monde de football en continent noir, a laissé augurer que l’évènement allait donner lieu à une immense fête populaire. Tout le laissait prévoir au vu de l’engouement dont les compatriotes de Nelson Mandela ont fait montre pour cette Coupe du monde avant son entame.
Jusqu’au moment précisément où ils se sont rendu compte que la fête escomptée tournait au «business» impitoyable, excluant de la participation l’immense majorité d’entre eux.
Cela parce que la FIFA, bien qu’elle ait fait choix d’un pays africain pour l’organisation de cette Coupe du monde 2010, n’a en rien conformé ses exigences, essentiellement financières, à la réalité sociale du continent dont l’Afrique du Sud, pays organisateur, n’est pas exempt.
Certes, il y a fête en Afrique du Sud à l’occasion de cet évènement planétaire, mais elle est irrécusablement en deçà de ce qu’elle aurait pu être si sa population, pauvre dans son immense majorité, ne s’est pas trouvée frustrée par la gloutonnerie financière vorace de la FIFA et de ceux qu’elle a chargés localement de veiller à ses intérêts.
Même l’engouement sans débordement qu’une partie des compatriotes de Mandela ont malgré tout affiché aux premiers jours de la compétition, risque de s’évaporer si, comme cela est une quasi-certitude, les Bafana Bafana, leur équipe nationale, vont être absents pour la suite de la joute footballistique.
C’est l’évidence qu’une telle perspective n’est pas pour ranimer leur passion déçue. Alors bien que la FIFA affirme que tous les billets pour cette Coupe du monde ont trouvé preneurs, l’on ne verra très certainement pas de stades pleins une fois les Bafana Bafana hors course.
D’autant que cette même instance footballistique, qui a eu à constater que certaines rencontres se sont déjà déroulées dans des stades aux nombreux sièges vides, exclut l’éventualité de distribuer des places gratuites. Au bout du compte, seule la FIFA sera gagnante sur tous les tableaux avec cette Coupe du monde censée avoir été dédiée au continent noir et à ses populations, au-delà de la fausse sollicitude à leur égard par cette FIFA. Ces populations, et les Sud-Africains en premier lieu, n’y ont rien gagné, si ce n’est la certitude que même le football, leur sport roi et pour beaucoup le dérivatif barrage à la désespérance sociale, est affaire de gros sous et de combines financières juteuses dont elles sont les laissées-pour-compte.
Au pays de Mandela, cette évidence est en train de se faire jour, comme le montre le reflux de l’enthousiasme populaire qui s’est amorcé aussitôt la compétition entamée. Elle s’impose d’autant que le consensus national s’étant fait autour de la candidature du pays à l’organisation de l’évènement sportif planétaire, est sérieusement remis en cause par des expertises pointues qui concluent que les retombées économiques et financières escomptées dans son sillage par l’Afrique du Sud ne seront pas au rendez-vous. Voire que le pays risque d’enregistrer un passif pénalisant pour sa situation économique et sociale.
19 juin 2010
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