Tant attendu ici chez nous, le dernier spectacle de Fellag, Le dernier chameau, sort en VCD, VHS, CD et cassette chez Izem Pro. L’humoriste nous emmène avec son enfance dans un décor hollywoodien,
version Tizi-Ouzou des premiers mois post-Indépendance. Une heure et trente minutes de monologue aura suffi à Fellag, tendre et féroce à la fois, de nous bercer au cœur de ces belles années 1960, où un jeune montagnard de Kabylie découvre pour la première fois la magie du septième art.
Le tout au milieu d’un univers bouleversant et tumultueux à la fois. Le rêve ne fait que commencer. Pour un enfant des montagnes, à peine 12 ans, le décor planté dans ces salles obscures revêt comme un idéal pour la découverte et le savoir. Et commence alors la longue marche pour l’histoire, celle qui s’écrit avec l’humour et le rire pour effacer ses douleurs, embarquée sur… un chameau. Fellag trouve toujours des armes pour combattre la violence, pour la dominer. Quitte à user de l’humour fatal puisant dans son imaginaire, de ses lointains souvenirs et de la mémoire collective. Le dernier chameau, sans trop d’originalités ni d’accessoires, regroupe à la fois tous ces ingrédients. Et le vieux ciné-club de Tizi-Ouzou sert plutôt d’espace où tous les hétéroclites sont réunis. D’abord ces récits d’enfance autant nostalgiques que railleurs, qui réussissent à vous prendre dans leur flot au beau milieu des scènes d’amour, de frustration, de haine. Des scènes empruntées d’une histoire commune, celle partagée à la fois par des Algériens, des Français, des Français d’Algérie, des Algériens de France… on comprendrait alors pourquoi toute cette frustration du gamin des montagnes obligé de vivre sous influence de ces méga cultures et d’afficher son admiration à ces héros de l’Occident. Cette situation paradoxale et absurde en même temps est bien le point d’orgue de ce one man show. Tant décrié par un humour décalé et un texte sans langue de bois, le spectacle ne tombe pas dans la facilité. Fellag décrit toutes les situations, ses désirs pour ces nouvelles créatures du cinéma, les interruptions de scènes pour écouter un reportage sur un match de foot, les scènes de jeunes gamins qui se la jouent cow-boys, Indiens et d’autres anecdotes sur cette Algérie fruste et cette France malveillante. Ces sous-entendus faits tantôt de poésie tamisée et d’un humour éclairé ne sont pas faits uniquement pour barrer la frontière qui sépare le réel de l’imaginaire mais de plonger au beau milieu de la situation politico-culturelle du pays à l’orée du siècle dernier.
J-L-Hassanis
Jeudi 29 Décembre 2005
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2005/12/29/article.php?sid=32523&cid=16
18 juin 2010
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