Le directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui, a co-inauguré récemment la bibliothèque municipale de Bouzguène, à laquelle son institution a offert mille titres, avec Youcef Merahi, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) et Moussa-Imahrazène, chef de département de langues et culture amazighe à l’université Mouloud-Mammeri (Tizi-Ouzou).
Une entreprise qui participe, des ambitions et perspectives d’une institution qui se propose d’étancher la soif des lecteurs algériens où qu’ils soient en allant vers eux dans toute l’Algérie profonde, sans négliger la coopération internationale entre les bibliothèques avec lesquelles il est prévu la participation aux programmes fondamentaux. C’est de tous ces sujets qu’il nous parle dans l’entretien qu’il a très aimablement accordé à notre journal.
Quel état des lieux faîtes-vous de la Bibliothèque nationale ?
La Bibliothèque nationale d’Algérie est devenue réellement un centre de rencontres. Il n’y a pas que les livres. J’ai toujours dit que la bibliothèque n’est pas un cimetière de livres. C’est un lieu de rencontre et un lieu de “vivre”. Par les cafés littéraires, philosophiques, de théâtre, on a essayé de créer ce lieu de débats, de culture et d’intellectuels. Il y a de plus en plus de jeunes qui viennent.
La Bibliothèque nationale est ouverte à toutes les cultures ?
On a plus de 164 nationalités de chercheurs qui arrivent à la Bibliothèque nationale. On a créé ce qu’on appelle le coin américain où il y a tout ce qu’on chercher sur la civilisation, la culture et la littérature américaine. Il y a aussi la bibliothèque amazighe à l’intérieur de la Bibliothèque nationale dont le fonds tourne autour de 40 000 documents traitant de la civilisation, l’histoire et la culture de cette langue.
D’autres projets en perspective ?
Avec la tutelle on est en train de mettre en place d’abord les annexes. On a trouvé une oreille attentive de la part du ministère des Finances qui a donné l’argent et qui est le nerf du projet. On a également trouvé des réponses favorables de la part des autorités à l’échelle des 48 wilayas du pays. Cela dans l’optique d’aller vers le lecteur dans l’Algérie profonde. Le lecteur, ce n’est pas forcément un lecteur algérois, c’est aussi un lecteur des localités reculées. On sort aussi une revue qui est El Kitaben arabe et en français. On est en même temps une petite maison d’édition. Le dernier livre qu’on a sorti est un livre sur un poète, Chakiri, qui était un grand poète malheureusement assassiné jeune. On organise aussi des colloques. On prépare également l’année d’Ibn Khaldoun six siècles après sa mort à travers le programme 2006 qui tournera autour de l’homme et de son œuvre.
On ne trouve pas tout ce qu’on cherche sur le site Internet de la bibliothèque ?
Il n’est pas encore finalisé mais on trouve tous les éléments d’informations autour de cette institution, les services de la bibliothèque et en même temps ses publications.
Comment se porte le patrimoine de la Bibliothèque nationale par rapport aux bibliothèques du Maghreb ?
S’agissant par exemple du livre, L’Algérie possède par le biais de la Bibliothèque nationale le fonds le plus riche autour du Maghreb. Concernant le fonds maghrébin, c’est-à-dire tout ce qui traite de l’histoire, la culture, l’ethnologie, l’anthropologie de l’Algérie, du Maroc, de la Tunisie, de la Libye, se trouve en Algérie. Pour ce qui est du manuscrit, on a un fonds de plus de 4 000 manuscrits à la Bibliothèque nationale. Ces manuscrits sont aussi en tamazight, latin, turc ottoman. Ce fonds est unique au Maghreb. Heureusement que cette année, on a commencé la numérisation de ce fond, en commençant d’abord par les manuscrits. Cette opération entre dans le cadre de la mise en place de la bibliothèque virtuelle de la Bibliothèque nationale. On commence par les manuscrits, les livres rares et les autres documents.
Vous êtes prémunis contre les catastrophes et les vols ?
Oui, il y a tout un système de sécurité à la Bibliothèque nationale qui est relié au central de sécurité. Quand on fait l’exposition d’un manuscrit à l’intérieur ou à l’extérieur, on se fait d’abord assurer. On a participé à l’année de l’Algérie en France avec des manuscrits dont l’assurance de transfert a coûté cher.
Vous avez des relations avec des institutions similaires étrangères ?
On est sur l’IFLA, organisation internationale des bibliothèques. Notre bibliothèque rentre avec cette organisation pour échanger les informations de bibliothéconomie et en même temps échanger la documentation à l’échelle internationale. Il y a deux jours on a organisé une rencontré des experts de bibliothèques à Alger. Des experts du monde arabe et des pays d’Amérique du Sud. L’Algérie a présenté un projet de bibliothèque arabo-Amérique du Sud. Les experts ont accepté et avec notre représentant au ministère au Caire on défend ce projet de création de cette bibliothèque à Alger.
Un mot pour finir ?
Oui. Je pense qu’un peuple qui lit est un peuple libre. Un peuple qui ne lit pas est un peuple esclave.
Entretien réalisé par S. HAMMOUM
Jeudi 29 Décembre 2005
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2005/12/29/article.php?sid=32526&cid=16
18 juin 2010
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