L’Albatros (Najia Abeer – Éditions Marsac septembre 2004)
Ce deuxième roman de Najia Abeer ne ressemble pas au précédent. C’est une parenthèse dans la trilogie en cours d’écriture. Parenthèse importante puisque outre l’analyse politique et sociale, l’auteure, avec une précision chirurgicale, nous dévoile les combats personnels de Nedjma.
L’héroïne qui ne peut être que la copie conforme de celle qui l’a créée, se débat dans une société en crise, auprès (le plus souvent loin) d’un mari nombriliste qui ne se soucie que de sa carrière. Elle se bat contre un cancer implacable et repousse la mort avec succès, tout en élevant ses trois enfants. Belle revanche sur la vie et sur les hommes !
Mais le combat de Najia/Nedjma ne s’arrête pas là. Il lui faut surmonter une grave dépression consécutive à la terrible maladie qu’elle a provisoirement vaincue et à sa solitude. Elle puise ses forces dans sa foi en un Dieu qui n’a rien à voir avec celui des barbus et dans sa révolte face au glissement de son amie Haoua, vers les profondeurs de l’obscurantisme. Cette révolte, loin de la priver de ressources face à la déprime, lui donne une vigueur supplémentaire. De front, elle mènera la lutte contre le vide affectif et la gangrène de l’islamisme.
C’est finalement un livre optimiste, puisque ce ne sont pas les forces du mal qui tirent leur épingle du jeu. La seule héroïne de ce roman très bien écrit, Nedjma, arrive à vaincre le mal qui la ronge et celui qui envahit la société algérienne.
Ce livre est tellement vrai que, par instant, c’est carrément l’auteure qui parle, sans même se réfugier derrière Nedjma. C’est alors un véritable cri.
Il restait à Najia Abeer à achever ce qu’elle a fort bien commencé avec le parcourt de Haoua : un autre roman qui, centré sur cette femme happée par l’intégrisme, nous éclaire avec la sensibilité propre à l’auteure sur cette décennie noire et le rôle des femmes algériennes dans la lutte pour se débarrasser des fous de Dieu.
17 juin 2010
1.Lu pour vous