Le Carrefour D’algérie
Phénomène qui pose bien des problèmes aux théoriciens et qui évolue de génération en génération pour battre des records, le sport reste une pratique qui cultive le corps mais surtout l’esprit et qui agit sur lui pour l’apprivoiser, le purifier. Si le sport rapproche les peuples, et si certains le considèrent comme
une passerelle où l’adversité est dénudée de haine, où la victoire comme l’échec ne sont que l’expression de l’effort des adversaires, il reste un domaine privilégié des masses qui se reconnaissent dans une équipe, dans un drapeau, dans l’espoir de gagner et surtout de faire la fête. Qui aurait pu croire, il y a à peine une quarante d’années que l’Apartheid allait être relégué au banc des oubliés pour ne constituer qu’un mauvais souvenir de l’Histoire de l’Humanité ? Que Mandela allait être libre et présider au destin de son pays, que blancs et noirs pouvaient vivre en parfaite intelligence, qu’un jour l’Afrique du Sud allait revenir à la raison? Que la Coupe du Monde de football allait se jouer à Johannesburg ou au Cap et pour la première fois en Afrique, ce continent si pauvre par destin colonial, si exploité, si détruit par les empires européens qui ont sucé ses ressources des siècles durant ? Au-delà de l’évènement sportif le plus attendu et apprécié dans le monde, la grille de lecture nous permet juste de constater que tout système basé sur l’exclusion par la répression, arrive un jour ou l’autre à sa fin. C’est la roue de l’Histoire. Après le colonialisme, l’Apartheid, il demeure la plaie du sionisme qui mérite autant de mobilisation de la communauté internationale que par le passé. On pourra peut-être espérer un jour voire dame coupe se jouer à El Qods, pour enraciner le dernier message de paix dans une région qui a trop souffert de la folie des hommes et de leur mépris les uns envers les autres. La symbolique de la Coupe du Monde ne réside pas dans la victoire d’une équipe sur une autre, mais bel et bien dans cette fraternité tant recherchée par les utopistes et qui ouvre la voix de l’optimisme ainsi qu’en la croyance d’un monde meilleur d’où disparaîtrait la pauvreté et la misère. L’Afrique du Sud vient de remporter une victoire non seulement sur un stéréotype où l’image de l’Afrique se confondait avec l’incapacité d’organiser les grands rendez-vous du monde, mais aussi sur le désespoir de peuples africains vus jusque-là comme des sous êtres tout juste bons à envahir les mers pour rejoindre les pays développés. La symbolique de cette Coupe peut aller bien plus loin qu’une simple manifestation sportive si les gouvernants africains tiennent compte des voies qu’elle ouvre.
12 juin 2010
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