Pour la première fois depuis de très longues années, un siège au premier rang de la salle de presse de la Maison-Blanche sera vide. L’absence d’Helen Thomas, 89 ans, doyenne des journalistes accrédités à la présidence américaine, n’est pas due à un départ vers une retraite méritée, mais est une éviction en bonne et due forme pour «blasphème».
Interviewée par une web-télévision, la journaliste a déclaré : «Souvenez-vous que ces gens-là (les Palestiniens) sont occupés et qu’il s’agit de leur terre. Ils (les juifs d’Israël) devraient rentrer chez eux. En Pologne. En Allemagne… Et en Amérique et n’importe où d’ailleurs».
Que n’a-t-elle dit ! Les foudres de l’administration Obama se sont abattues sur la «vieille dame indigne», pour reprendre un titre de Brecht. Rahm Emmanuel, officier de réserve de l’armée israélienne qui occupe les fonctions de secrétaire général de la Maison-Blanche, et qui en tant que député avait voté pour la guerre en Irak, n’a pas retenu ses collaborateurs. Les agents du lobby sioniste ont fait du zèle et se sont déchaînés avec leur férocité habituelle. Agonie d’injures : même sa lointaine ascendance libanaise a été évoquée. La courageuse Helen Thomas, doyenne de presse abandonnée par son agent et son employeur, a préféré jeter le gant et se retirer. Pour caricaturale qu’elle soit, cette affaire montre avec précision le degré d’assujettissement de l’administration américaine à la cause anti-palestinienne. Ceux qui se berçaient encore d’illusions sur le renouveau incarné par un président métis d’origine africaine se rendent compte qu’autant qu’à l’époque de G.W. Bush, l’establishment politique de Washington est aligné sur le discours et les thèses des milieux les plus anti-arabes et antimusulmans.
Mais la réaction de la très honorable Helen Thomas, contrainte de présenter des excuses, est loin d’être isolée. Ainsi, les proclamations de soutien à Israël et les insultes proférées à l’encontre des militants humanitaires de la Flottille de la Paix par les «intellectuels» communautaristes français, les notoires Bernard-Henry Lévy et Alain Finkielkraut, se heurtent à l’indignation d’une partie croissante de l’opinion française. Les réactions aux propos de ces deux propagandistes notoires du sionisme montrent que l’ère du monologue suprématiste par l’argent et l’entregent est achevée.
Les propagandistes se heurtent désormais à la libre expression par les vertus démocratiques d’internet de très nombreux Français qui s’étonnent de l’espace disproportionné accordé par leurs médias à ces chantres de l’apartheid. Les citoyens occidentaux qui vivent dans des pays qui pratiquent la démocratie à l’intérieur de leurs frontières et le fascisme d’Etat dans leurs relations internationales, découvrent à cette occasion l’étendue de la manipulation dont ils sont l’objet permanent.
Les plateaux des télévisions grossièrement construits autour de philosophes de pacotille, de politologues militants ou d’experts très orientés, ne trompent plus grand monde. Et ce n’est pas la présence, toujours minoritaire, de politiques ou de journalistes lucides qui parvient à effacer aux yeux du plus grand nombre l’impression d’une mise en scène médiatique islamophobe, anti-arabe, antipalestinienne et pro-israélienne.
Le matraquage ininterrompu, relayé par des diversions «identitaires», arrive cependant au bout de ses capacités d’intoxication. La réaction sincère et spontanée d’une journaliste chevronnée traduit l’exaspération de ceux qui sont confrontés à l’indéfendable réalité du sionisme.
Messieurs les racistes et les colonialistes, Helen Thomas vous salue bien !
10 juin 2010
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