Le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire. » ROLAND BARTHES Critique et essayiste français. Né à Cherbourg le 12 novembre 1915. Décédé à Paris le 26 mars 1980. Grand sémiologue français, Roland Barthes participe à un renouvellement de la critique littéraire et artistique. Formé en linguistique et en lexicologie à Paris, l’étudiant se passionne également pour le théâtre,
la littérature et la musique. Cette période de sa vie est marquée par son engagement contre la montée du fascisme en Europe – une santé très fragile lui empêchera cependant de prendre les armes pendant la guerre. Inspiré par le mouvement structuraliste et par ses lectures de Freud, de Marx ou encore de Lévi-Strauss, l’écrivain s’impose avec “Le Degré zéro de l”écriture’, un essai fondateur sur la littérature dite “neutre”, et l’étude des “signes”. Une grande partie des recherches de Barthes se concentre autour de la notion de mythe, ancien ou moderne, développée dans le célèbre ouvrage “Mythologies”. Proche du philosophe Michel Foucault, il entre avec lui au conseil de rédaction de la revue Critique. Directeur d’études à l’EHESS puis enseignant au Collège de France, Roland Barthes a profondément marqué l’université française et l’enseignement des lettres à partir des années 1970 : ses cours ont d’ailleurs fait l’objet de publications multiples.
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Le fascisme (en italien fascismo) est un mouvement politique d’origine italienne apparu en 1919. Ce terme, très utilisé, a par la suite pris un sens beaucoup plus large. Le terme même vient du mot « fascio » (« faisceau ») désignant le rassemblement des fusils au repos ou l’attribut du licteur dans la Rome antique[1]. Il est nécessaire de cerner ses différents niveaux d’acception.
Au sens strict, le terme désigne le mouvement politique fondé par Benito Mussolini, ainsi que le régime qui était en vigueur sous la monarchie italienne quand Mussolini était au pouvoir, de 1922 à 1945. Adversaire de la démocratie, du parlementarisme, de l’individualisme, de la société libérale héritée du 19ème siècle, du capitalisme et de la liberté économique[2][3], du socialisme[4] et du marxisme, le fascisme mussolinien est autoritaire, nationaliste, a recourt à la violence et ne croit pas en l’égalité des hommes. Ce sens strict est notamment utilisé par les historiens de l’Italie.
Au sens large, le terme fascisme a pris un sens générique. Il s’est étendu à tout mouvement politique s’appuyant sur un pouvoir fort, les métiers organisés en corporations, l’exaltation du sentiment nationaliste, le rejet des institutions démocratiques et libérales, la répression de l’opposition et un contrôle politique extensif de la société civile. Le nazisme s’est en partie inspiré du fascisme.
Dans son acception la plus large, le terme est employé pour disqualifier l’ennemi politique. Cette acception a été employée par les Soviétiques durant la guerre froide, dans le cadre de la « tactique du salami »[5]. Dans la discussion politique contemporaine, le terme fasciste continue d’être employé comme une injure. Cependant, le fascisme est encore revendiqué par certaines mouvances d’extrême droite (les néofascistes).
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Idéologie
Le mot vient de l’italien « fascio » (« faisceau »), (emblème de l’autorité romaine) repris vers 1919 par les milices squadristes de Mussolini, qui avaient initialement groupé des anciens combattants déçus et épris d’ordre.
Il se définit lui-même comme « totalitaire », et peut se résumer par une formule de Mussolini : « Tout par l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État! ».
Au sens le plus strict, il désigne donc le régime de Benito Mussolini. Si historiquement, le nazisme apparaît proche du fascisme, bien d’autres régimes politiques ont été qualifiés, à tort, de fascistes par leurs opposants, comme l’Égypte nassérienne, le régime des Talibans, le stalinisme, le péronisme, etc. Dans le débat politique contemporain, les adhérents à certaines idéologies politiques tendent à associer le fascisme avec leurs ennemis, ou le définissent comme étant l’opposé de leurs propres visions politiques.
En son sens large, le fascisme se définit comme une réaction aux valeurs de l’humanisme démocratique du Siècle des Lumières. Issu des frustrations engendrées par ce nouveau modèle de société, le fascisme rejette les droits de l’homme, le communisme, l’anarchisme, les libertés individuelles et le libéralisme. Mussolini, dans La Doctrine politique et sociale du fascisme, en 1933, affirme : « Le fait est que le XIXe siècle était le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie, ceci ne signifie pas que le XXe siècle doit aussi être le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie. Les doctrines politiques passent ; les nations restent. Nous sommes libres de croire que ceci est le siècle de l’autorité, un siècle tendant vers la “droite”, un siècle fasciste. Si le XIXe siècle était le siècle de l’individualisme (le libéralisme implique l’individualisme) nous sommes libres de croire que ceci est le siècle “collectif”, et ainsi le siècle de l’État[réf. souhaitée]. »
Les origines du fascisme font l’objet d’un débat parfois âpre parmi les historiens. Pour Zeev Sternhell et ses partisans, l’idéologie fasciste a principalement été forgée en France, entre les années 1880 et 1914, par conjonction entre une radicalisation antidémocratique de certains mouvements d’extrême gauche (notamment le syndicalisme révolutionnaire) avec une nouvelle droite nationaliste, formant la « droite révolutionnaire », dont est issue le fascisme[6]. Pour des auteurs comme Pierre Milza, la Première Guerre mondiale est tout à fait essentielle dans la formation de l’idéologie fasciste, encore qu’il ait nuancé son point de vue en reconnaissant que Sternhell avait partiellement raison en soulignant la parenté entre certains idéologues français d’avant 1914 et les théoriciens du fascisme. Pour Robert O. Paxton, le Ku Klux Klan (KKK) constitue la première forme de mouvement fasciste, ou protofasciste[7], et il rejoint en partie Sternhell sur les origines françaises de l’idéologie.
Pour l’historien américain, le fascisme se développe selon cinq phases. Premièrement, des publicistes dissidents, extrémistes de droite méprisant la modération des conservateurs, et anciens extrémistes de gauche reniant la démocratie, forment une critique commune du libéralisme politique, au nom d’une synthèse nationale et sociale. L’idéologie se forme ainsi dans des pays de vieille tradition démocratique, comme la France, et, paradoxalement, un pays où naît l’idéologie fasciste a peu de chance de voir arriver rapidement un parti fasciste au pouvoir. Deuxièmement, ces mouvements, jusque-là marginaux, prennent de l’importance, car ils apparaissent, aux yeux des grands industriels et des grands propriétaires terriens, comme le seul moyen de rétablir l’ordre, notamment contre l’agitation communiste. À ce moment, le fascisme abandonne ses revendications sociales avancées pour un libéralisme économique strict. Troisièmement, le parti fasciste accède au pouvoir. Quatrièmement, le pouvoir fasciste se consolide. La cinquième et dernière phase, de radicalisation, n’a été pleinement accomplie que par le nazisme, avec la Shoah et la création d’espaces où l’État protecteur disparaît absolument : les camps de concentration, et plus encore les camps d’extermination[7]. De nombreux spécialistes[réf. nécessaire] affirment que le nazisme est à l’opposé du fascisme, le fascisme ayant pour objectif de créer un État fort, alors que le nazisme a pour but de détruire l’État (justice, armée, police, etc.) et faire détenir les domaines régaliens par le parti et ses dirigeants. Le Ku Klux Klan serait encore une forme différente.
Son modèle social est davantage centré sur la nation que sur les individus qui la composent. Il cherche à créer un groupe uni et solidaire, qui ait une identité forte. Pour cela, il faut que cette collectivité partage une histoire et un destin communs et qu’elle se construise sur la volonté de perpétuer son ciment culturel. Il est donc primordial pour les fascistes de préserver l’homogénéité (ethnique, religieuse ou de classe) de cette collectivité nationale.
Un autre point caractéristique du fascisme est la prégnance de la hiérarchie sociale : le groupe doit être mené par un chef, surnommé en Italie le Duce (« le Guide »), dont l’autorité ne saurait être remise en question. Excluant tout contre-pouvoir, le fascisme est un système qui se veut totalitaire. Il s’est appuyé sur des groupes de choc, les Chemises noires, qui ont été complètement militarisées après la prise du pouvoir. À la différence d’autres totalitarismes, le fascisme a cherché cependant à obtenir l’adhésion populaire plutôt que de recourir à des méthodes coercitives. Utilisant des techniques comme la démagogie et le populisme, il lui est arrivé d’obtenir un fort soutien populaire et même de maintenir certaines formes démocratiques, comme le suffrage universel (pendant deux années). Tout comme le Führer, Mussolini a été « invité » au pouvoir par l’assentiment des autorités de l’époque avec la célèbre Marche sur Rome.
Il s’agit pour cela de mobiliser des valeurs comme le patriotisme, les idéaux de « rénovation » nationale et de pureté. Croire, obéir, combattre deviennent des valeurs, analyser et critiquer de l’insubordination. Il est donc nécessaire de faire naître un sentiment d’urgence, de désigner un ennemi commun cherchant à détruire le collectif et contre lequel le groupe tout entier doit se mobiliser.
Cette mobilisation permet de réprimer sévèrement toute contestation sans perdre la caution populaire. Il suffit de désigner l’homme à abattre comme « ennemi », « traître », « sous-homme ». Mais le fascisme italien n’a pas pratiqué les massacres de masse de type hitlérien.
Le fascisme, à la différence du nazisme, n’était pas raciste à l’origine. Il a adopté une législation raciste à partir de 1935 (interdiction des mariages entre colons et Africaines) et antisémite à partir de 1938, dans un contexte d’alliance avec l’Allemagne d’Hitler. Encore ces lois d’exclusion étaient-elles moins dures et comportaient-elles beaucoup plus de dérogations que les lois antisémites d’Hitler et de Pétain.
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Origines du fascisme italien
Article détaillé : Histoire de l’Italie fasciste.
Le fascisme est d’abord le nom que le mouvement et le régime de Mussolini se sont donnés. Le terme provient de la fondation après la Première Guerre mondiale, par Mussolini, d’un mouvement appelé Fasci italiani di combattimento (« faisceaux italiens de combat »), ce qui donnera les expressions « fasciste » et « fascisme ». Le mot fasci lui-même est une référence à la Rome antique (les magistrats romains étaient précédés d’un certain nombre de gardes, les licteurs, chargés de ces faisceaux, symboles d’autorité, de violence de la loi[8].) et aux fascio, mouvements et sociétés secrètes des années 1890, composés de paysans révolutionnaires italiens[9].
Il naît en tant que mouvement décentralisé en mars 1919, sur les frustrations d’une « victoire mutilée », thème agité par les nationalistes en raison de la tournure des négociations lors du Congrès de Versailles, concernant le sort des terres irrédentes de Dalmatie, d’Istrie, de Fiume/Rijeka, mais aussi en réaction au communisme en pleine expansion. Le fascisme est alors le mouvement exalté, le mouvement d’un pays qui tente de retrouver une puissance perdue, un empire perdu, un honneur perdu. Le nationalisme, soutenu par la plupart des artistes de l’époque (Gabriele D’Annunzio, les futuristes italiens, tels Marinetti…) va être le fer de lance du fascisme. Le populisme de Benito Mussolini et la passivité (due à la pacification des milices des fascios, soutenues par les classes dirigeantes et Bonomi, le ministre de la Guerre de Giolitti de 1920 à 1921 [10]), vont permettre à la dictature de s’installer doucement, de la Marche sur Rome du 28 octobre 1922 à l’assassinat de Giacomo Matteotti le 10 juin 1924 qui va déboucher sur la déclaration de la dictature et la promulgation des lois fascistissimes en 1926.
À l’origine, sans réelle idéologie, le fascisme est influencé par les lectures de Mussolini et des opinions politique de son père[11]. Ainsi intègre-t-il une version remaniée de concepts tels que l’obéissance entière à l’État d’Hegel, le darwinisme social de Joseph Arthur de Gobineau, la vénération du héros de Friedrich Nietzsche et la violence de Georges Sorel[11].
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