Qu’est-ce qu’ils sont humains les chauffeurs de bus privés! C’est ça le civisme. Ils vous laissent pas un citoyen poiroter à l’arrêt et même en dehors de l’arrêt. Surtout quand ça tape fort le soleil. C’est pas facile de penser aux autres quand le bus est plein à craquer. Ils le font quand même! Non, mais y a rien à dire, ils sont humains, c’est des moumnine exemplaires, je vous dis. C’est pas comme leurs collègues, les autres, les chauffeurs de bus de la régie communale des transports.
- Non, mais attendez, ne nous collez pas un ticket au profit du privé. Ce n’est pas facile de s’arrêter à n’importe quel point, on n’est pas désorganisés nous, et puis, on pense aux autres aussi, aux chauffeurs de taxis. Vous vous rendez-vous compte, une ville où aucun client ne fait le pied de grue, c’est la faillite aux taxis et puis en plus, nous prenons soin de notre matériel, nous, c’est la «khobza» de nos enfants. Des bus trop bondés avec des freinages réguliers, ça s’use facilement. On n’est pas des privés, nous.
- Mais qu’est-ce que vous avez contre les privés! Laissez-nous vous expliquer, car nous travaillons au ticket, nous! Et puis nous profitons de la foule qui ne peut jamais rouspéter. Même s’ils se marchent sur les pieds, les gens sont contents d’être montés. Caser trois vieilles dames autour du chauffeur, un vieux monsieur à côté du rétroviseur, deux jeunes gens sur le couvercle du moteur. Pousse-toi un peu, ya khoya, enlève ta main, ya khti, et voilà, le tour est joué.
Et sur un air du cheb Hasni, le bidule est parti en attendant le prochain arrêt. Entre public ou privé, personne ne peut trancher et en attendant le tramway et la fin de ses creusements, le plus décidé reste indécis.
5 juin 2010
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