01 Juin 2010 – Page : 19
La langue demeure l’un des plus grands obstacles pour l’épanouissement de la littérature de jeunesse en Afrique subsaharienne.
«Cette littérature demeure inaccessible pour les enfants du fait de la langue…», a affirmé d’emblée Marie-Elisabeth Laurentin, une bibliothécaire française et spécialiste de la littérature africaine. Celle-ci est revenue lors d’une rencontre organisée avant-hier dans le cadre du Féliv, sur l’histoire des littératures de jeunesse en Afrique subsaharienne, mais aussi sur les nombreuses entraves auxquelles elles sont constamment confrontées. La plus importante s’avère être la langue dans laquelle cette littérature est écrite. «Elle s’édifie, dans sa majorité, dans la langue française qui reste inaccessible pour la majorité des enfants», a-t-elle indiqué. Les nombreuses séquelles du colonialisme perdurent. En effet, la majorité des pays africains avaient gardé la langue française comme langue officielle et ce, même après le recouvrement de leur indépendance. D’un autre côté, les habitants de cette région usent d’une multitude d’idiomes régionales. Les enfants n’ont pas accès à la langue française avant la scolarisation. Au cours de sa communication, Marie-Elisabeth Laurentin a rappelé que cette littérature est née il y a environ trente ans. «Juste après les indépendances», a-t-elle précisé. Selon elle, l’évolution de la littérature de jeunesse en Afrique subsaharienne diffère d’un pays à l’autre, selon la culture, les traditions et la langue de chaque société. Elle fera savoir, dans ce sens, que la littérature dans sa forme écrite s’est inspirée des traditions et patrimoine oraux de ces régions. Concernant les thématiques abordées dans les livres de jeunesse édités en Afrique subsaharienne, l’intervenante fera remarquer: «On retrouve une certaine expression du lieu dans lequel on vit, on y aborde aussi le travail de l’enfant, la problématique de l’enfant différent…et il y a des personnages qui s’imposent parfois, comme celui de l’aïeul». Et d’ajouter: «Souvent, cette littérature répond à un souci d’éducation et de morale». Dans le chapitre de l’édition, Marie-Elisabeth Laurentin fera souligner: «L’édition littéraire de jeunesse dans cette région africaine a commencé durant la période allant de 1975 à 1985…Celle-ci est venue pour répondre à la nécessité de constituer de la matière scolaire liée à l’entreprise d’alphabétisation.» Certains pays de l’Afrique subsaharienne ne disposent pas de maisons d’édition. Celles qui existent dans la région «offrent un paysage varié de lignes éditorialistes», a-t-elle indiqué. Par ailleurs, elle fera observer que «les livres de jeunesse qui sont édités dans ces régions sont très illustrés». C’est un moyen pour dépasser les contraintes linguistiques.
Hadjer GUENANFA
1 juin 2010
LITTERATURE