Coupé dans son élan, tel un oiseau à qui on supprime les ailes. Faisant de lui un infirme parmi les hommes de bonne volonté. Une bille qui roule sans savoir vers où. Un bateau glissant sur les gouffres amers. Une voiture de course avec un moteur de 2 CV. Un objet sur patte. Un serpent sans tête dont le corps continue à bouger dans tous les sens.
Un esprit orphelin. Réagissez. Il faut se relever à chaque fois. La foi devrait vous aider. La loi, n’y comptez pas. Aucun toit ne t’accueillera. Les enfants terribles cherchent encore à se démarquer loin de leurs aînés, pensent-ils, trop «vieux jeu». Fatalistes même.
Le temps chez nous est maître. Ghbina. Du temps, il en faut pour réussir. La persévérance est son inducteur. Sans elle, rien ne se fera. Tout rapide et pressé que vous êtes, sachez que vous serez emmailloté par un voile transparent qui vous empêchera d’avancer à votre gré. Il vous immobilisera droit devant pourtant, votre objectif à portée de main, vos yeux seuls pourront le caresser de loin. Tel un coureur de fond, vos jambes maîtrisées, la ligne d’arrivée à quelques foulées, votre poitrine gonflée de haine de ne pouvoir la franchir.
D’autres badauds «bas-d’haut», libres de circuler, passeront devant vous tout sourire. Un de ceux qui narguent et qui semblent dire : «Tu vois, mon pote, jri, jri. Rien ne sert de courir, tout est joué d’avance». Il suffit d’avoir la carte du club. Etre membre de la «membranité». Un véritable affranchi. Des petits comme nous, «les cons tants», il y en aura toujours. A leur manière, ils continueront à déranger. Leur seule arme est leur témoignage.
Effectivement, des témoins, il y en a partout. Des «ailleurs», il y en a aussi pour eux. Si ici cela ne marche pas, là-bas ils feront leur nid. Des rêves plein la tête. Des regrets au début, des convictions ensuite. Dommage, car resteront dans ce pays ceux qui ont tout et qui ne veulent avancer que pour eux. Les lents et les lentes. «La poupulation».
1 juin 2010
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