Nouveau commentaire sur l’article #15113 « Boumediene: 690 dinars, solde de son compte bancaire après sa mort »
Auteur : entendre la vérité E-mail : pourlaverite@yahoo.fr
Commentaire:
Je ne sais quelle est la définition d’un homme d’Etat. Mais Boumediene n’était pas un Homme d’Etat et n’avait jamais construit un Etat car l’Etat, si Etat est, doté d’institutions solides, survit aux hommes comme a survécu la Vème République fondée par un véritable Homme d’Etat, le Général de Gaulle, après son retrait des affaires, quoique je n’ai jamais cru à l’homme providentiel. Qu’a laissé Boumediene après sa mort à part un système de cooptation et de clientélisme qui perdure à ce jour et dont on mesure à présent les dégâts immenses causés depuis 1962 ?
Non, Boumediene n’était pas un homme d’Etat mais un Putshiste qui a régné sur notre pays d’une main de fer en laissant derrière lui un pays en déliquescence total entamé déjà depuis 1962 par tous ceux qui s’emparèrent du Pouvoir non pour servir et aider à construire un véritable Etat mais pour se servir ou pour assouvir leur désir au Pouvoir. L’homme providentiel n’existe pas comme vous le prétendez et notre peuple a démontré sa maturité et son sens politique en se soulevant contre le colonialisme, en s’organisant à partir de 1945, en déclenchant Novembre 1954, en sacrifiant leurs meilleurs enfants dans les bataille de Souk-Ahras, l’Akfadou, les gorges de Palestro, les montagnes des Aures, en résistant au Napalm aux Aures, dans le Constantinois, l’Ouarsenis et en Kabylie, en subissant la torture, et en affrontant les chars, torses nus à Belcourt et dans toutes les villes d’Algérie pour qu’il puisse prendre son destin en main de façon démocratique sans pour autant attendre le Messie Boumediene qui leur légua un pays en déliquescence morale totale après la confiscation du pouvoir quelles que furent ses intentions, ses performances conjoncturelles et son bilan.
Pendant la période de la guerre, homme complètement à l’écart et pas du tout connu pour ses faits d’armes, Boumediene commence déjà à réfléchir comment arriver au Pouvoir. Homme très intelligent, aguerri dans les intrigues, il surpasse ses pairs qui, après l’indépendance, certains courent derrière les villas laissés par les colons et d’autres derrière les affaires, alors que lui est obsédé par le Pouvoir, tout le Pouvoir et rien que le Pouvoir. D’ailleurs après sa prise du Pouvoir, la stratégie que Boumediene utilise pour neutraliser ses opposants est une des options suivantes : 1) leur permettre d’emprunter des sommes colossales du Trésor qu’ils n’arriveront jamais a rembourser; 2) les pousser à l’exil après une période d’emprisonnement (H. Ait Ahmed, Boudiaf, Mahsas, Harbi, etc…) ou 3) la solution finale, c’est à dire l’assassinat entre autres, Khider en 1967 à Madrid et Krim Belkacem en 1970 à Frankfurt.
Déjà, en 1961, il envoie un émissaire à la résidence d’Aulnoy pour sonder les chefs historiques. Boudiaf flaire le piège, rejette illico l’offre alors que BenBella, se sentant l’égal de Nasser sur la scène internationale est séduit et ne comprend l’arnaque qu’un 19 juin 1965. Ainsi, en 1962, il utilise Ben Bella et le groupe de Tlemcen pour une période courte avant de s’emparer du Pouvoir en écartant le Rais brouillant avec l’aide d’autres hommes qui pour certains, il devait payer pour son opposition au congrès de la Soummam et pour d’autres pour ses frasques pendant le CNRA de Tripoli (Boubnider, etc…) ou pendant ses complots de la prison en France.
Une fois au pouvoir sans légitimité aucune, et bourré de complexe par rapport à ses contemporains, vrais déclencheurs de Novembre 1954, il s’attelle à rapatrier les ossements de l’Emir Abdelkader malgré la dernière volonté exprimée par notre héros resistant d’etre enterré en Syrie, proche de ses maitres spirituels. A l’occasion, il érige une sépulture pour en faire un lieu de recueillement pendant les fêtes nationales et ainsi créer une référence autre au nationalisme algérien. De temps à autre, la presse évoque brièvement certains de nos chouhadas, Didouche, BenBoulaid, Ben M’Hidi, Zighout, mais point leurs compagnons vivants. La guerre de mémoires quoi ! Dans l’école, l’histoire d’Algérie s’arrête en 1857 pour reprendre en 1965. A ce jour, la majorité de nos compatriotes formés à l’école de Boumediene ignorent tout de Messali ElHadj, du congrès d’Hornu de 1954, du CRUA, de la réunion des 22 et encore moins nommer les signataires des accords d’Evian ! Une société sans mémoire.
Pour maintenir l’équilibre de son pouvoir, il utilise et oppose les différents courants, berbéristes contre baathistes, arabisants contre francophiles, communistes contre islamistes, et il confie les hautes commandes de l’ANP aux anciens officiers de l’armée française pour s’assurer de ne pas être évincé et aussi pour contrer les authentiques maquisards de l’intérieur qui sont finalement écartés à la suite de la tentative de putsch de Tahar Zbiri. D’ailleurs ce dernier, lors de leur dernière rencontre : « On enlève Sidi Rabbi et on retrouve un autre Sidi Rabbi ». Petit à petit, il consolide son régime et commence à éliminer tous ses camarades putschistes de 1965 jusqu’à ce qu’il se trouve seul maitre à bord. Mais étant seul au sommet de l’Etat, il réalise que la légitimité populaire lui manquait et que son régime s’essoufflait. Il ne tarde pas à lancer un débat sur la charte nationale (une sorte de défouloir pour les gens dont la fin de la recréation est sifflée juste après les élections présidentielles dont il est le candidat unique). Juste avant sa mort, tous les pouvoirs étaient entre les mains du seul homme sans partage aucun.
L’homme était diabolique car il ne laissait rien qui puisse le compromettre. Il ne possédait ni immobilier ni compte en banque, car il n’en avait pas besoin avec une nation entière avec ses richesses sous ses pieds pour l’éternité si ce n’était le rappel du Tout Puissant. Tout ce qui intéressait Boumediene était le Pouvoir absolu à n’importe quel prix. Autant rien ne laisse croire que l’ancien chef d’Etat ait accaparé quoi que soit autant que son entourage haut placé se servait avec un appétit féroce et avec sa bénédiction. Les régimes d’après n’ont fait que démocratiser la pratique à des échelons inferieurs.
Il laissait faire comme il l’atteste lui-même dans un discours donné à Constantine en 1973, : « Quel être humain remue une compote de miel sans y gouter ? et après tout, ce sont des algériens et pas des étrangers qui en profitent ». C’était sa stratégie de neutraliser toute tentation par le Pouvoir.
En avançant l’argument que Dr. Sadi ait obtenu son diplôme dans l’école de Boumediene, rien de plus faux, car l’université algérienne était démocratisée dès 1962 et ouvrit ses portes à tout le monde tout en fonctionnant selon le système français d’avant 1962 avec des professeurs français. La descente aux enfers de notre école commence au debut des années 70. Les cadres travaillant à l’étranger sont soit de la même promotion que Dr. Sadi ou d’autres qui, plus jeunes ayant émigré à l’étranger ne peuvent réussir qu’au prix de longues années de rattrapage et de recyclage pour combler leurs lacunes et décrocher des diplômes étrangers plus surs et plus valables pour la suite de leur carrière. La réussite de quelques uns de nos enfants à l’etranger est beaucoup plus due à leur génie et perséverance qu’à leur diplôme de l’université algérienne qui n’a d’ailleurs jamais été accepté comme une porte de Sésame dans le monde du travail en occident et n’a jamais été une reference, contrairement au mythe de certains.
Le système Boumediene détruisit l’école primaire et secondaire en introduisant à marche forcée et irréfléchie l’arabisation de façon démagogique contre les avis de Mr. Mostefa Lacheraf (homme de lettres bilingue ministre de l’Education nationale) qui démissionna et aussi en enlevant les barrieres de séléction par concours pour les universités et pour les instituts; seuls comptaient les quotas et le nombre de diplomes attribués chaque année.
Quoique la politique économique ait fait des désastres, ceci peut être corrigé comme cela est observé dans plusieurs pays. Toute dérive économique peut être atténuée et corrigée dans le temps. Par contre, les valeurs sures qui ne peuvent être rétablies sont la morale et les ressorts cassés d’une société. Le grand tort que Boumediene a causé à notre cher pays est irrémédiable pour plusieurs générations. Voyez autour de vous : dès les années 70 à nos jours, des citoyens qui prennent l’état comme mamelle providentielle, le manque du sens du travail, critère universel de la survie, l’attitude laxiste, le manque de responsabilité morale, le clientélisme comme seul voie d’ascension, l’exode rural et l’abandon des terres (unique source de travail depuis des siècles), et finalement, l’école qui a formé des monstres et des égorgeurs de bébés, des zombies au sens propre du terme. Ces jeunes criminels dont la moyenne d’âge avoisine 26-30 ans en 1993 sont tous sortis des écoles de Boumediene. Il a touché à la façon de penser du citoyen, aux valeurs sacrées héritées de notre glorieux passé. Il a causé une cassure irréversible des ressorts de la société.
Les historieens stipulent que pour mieux comprendre l’insurrection déclenchée en 1954, il faudrait remonter aux premières années du mouvement national, les années 20, avec ses apports et contradictions. Il est logique de déduire que pour mieux cerner les causes et les problèmes de la tragédie nationale dont souffre notre pays à l’heure actuelle, il faudrait remonter à la première dérive qui n’est autre que l’élimination physique de Abane Ramdane suivie par un phénomène inconnu dans notre société : le tour de force de 1962 avec l’entérinement d’une constitution dans une salle de cinema et la prise de pouvoir par
la force en juin 1965 et l’hégémonie généralisée. Toute idée du control du peuple sur son propre destin a disparu et est désormais enterrée à nos jours.
Je suis plus que désolé de voir que des professeurs d’histoire d’une de nos universités n’arrivent pas à prendre du recul et faire une analyse sans complaisance et sans allégeance aucune aux différents courants ou acteurs de la vie nationale. Ce qui renforce ma conviction que le mal est très profond.
De grace, messieurs les nostalgiques, dans vos prochains article a l’occasion du 19 juin, epargnez nous le rappel de la révolution agraire, de la gestion socialiste des entreprises et de son bilan à la tete du pays car nous pouvons le consulter dans la presse d’El Moujahid d’antan. Le véritable problème est ailleurs.
Salutations patriotiques
Mr. A. Soltani
Ancien Moujahid
Base de l’Est
le 28 Mai, 2010 |
http://www.lematindz.net/news/3136-debat-non-boumediene-na-jamais-construit-un-etat-2eme-partie-et-fin-.html
1 juin 2010
Histoire