A Nice, le 25e sommet France-Afrique aura un goût particulier: celui du 50e anniversaire de l’indépendance de 14 Etats africains. Avec des contours géopolitiques certainement nouveaux, autant pour la France, qui tente de revenir sur son précarré africain envahi de toutes parts par le dynamisme économique chinois, que pour les pays africains.
Cette rencontre annuelle a pris les allures, ces dernières années, d’une kermesse politico-économique où chaque pays africain (francophone notamment) tente de prendre le plus d’avantages de sa présence.
Bien entendu, la participation algérienne au sommet France-Afrique de Nice revêt en elle-même un événement politique important pour les relations entre les deux ensembles. Certes, il n’y aura pas beaucoup de place aux discussions à Nice sur le côté bilatéral entre Paris et Alger, même si des sources proches du ministère des Affaires étrangères assurent que les présidents Abdelaziz Bouteflika et Nicolas Sarkozy vont se voir, et se parler.
Mais, très probablement, ils en resteront là, car les questions bilatérales, avec leurs volumineux dossiers en suspens, peuvent attendre, sinon espérer une rencontre entre les deux chefs d’Etat. Mais pas à Nice, où le gros des questions portera sur le renforcement de la présence de la France en Afrique, à travers ses organisations régionales et surtout ses agences de développement.
La présence de presque tous les chefs d’Etat de l’Afrique francophone, anglophone et lusophone, de Bouteflika à Moubarak, en passant par le Sud-Africain Zuma ou le Gabonais Ali Bongo Odimba, sera en elle-même une réussite pour le président français qui tente de fédérer presque toutes les anciennes colonies à la stratégie économique, politique et militaire française en Afrique. Pour Paris, c’est important dans le contexte actuel, marqué par une présence économique de plus en plus affirmée et souhaitée par de nombreux Etats de la Chine en Afrique, ainsi que par un regain d’intérêt des Américains pour le continent, mais sous le prisme de la défense et de la lutte contre le terrorisme.
Au milieu du gué, Paris sait qu’il doit gagner sa bataille, celle de convaincre les plus sceptiques des Etats africains qu’il reste la meilleure option dans un contexte international stressé par une mondialisation à deux vitesses et la montée des périls politique, économique, sécuritaire et de sous-développement dans plus du quart de la planète, et particulièrement en Afrique.
31 mai 2010
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