L’UEFA a choisi la France plutôt que la Turquie ou l’Italie pour être le pays hôte de la Coupe d’Europe de football en 2016. Pour la Turquie plus que pour l’Italie, la décision du jury de l’UEFA est une amère déception.
Jusqu’à la minute fatidique à laquelle Michel Platini, le président de l’UEFA, a dévoilé le nom de l’heureux pays désigné, le sien en l’occurrence, la délégation turque a cru aux chances de son dossier de l’emporter sur les deux autres. Une conviction d’autant plus forte que les avis en coulisse étaient unanimes à considérer que Ankara, instruite par trois échecs précédents, l’a ficelé sans laisser place à des insuffisances qui allaient braquer le jury de l’UEFA contre cette quatrième candidature de la Turquie. L’excellence du dossier turc n’a pas pourtant suffi.
Pour beaucoup d’observateurs et de commentateurs, le retoquage de la candidature turque à l’organisation de la Coupe d’Europe doit essentiellement à la considération politique. Celle que la Turquie ne doit pas avoir cette opportunité, alors que son adhésion à l’Union européenne suscite les oppositions que l’on sait de certains pays de cette Union.
Ce n’est certainement pas un hasard si la France, à la pointe du refus européen de l’entrée de la Turquie, a figuré pour l’emporter dans le dernier carré des prétendants à l’organisation de cette Coupe 2016. D’aucuns dans le monde footballistique européen ont dû œuvrer sciemment en faveur de cette configuration qui a rendu impossible que le jury de l’UEFA fasse un pied de nez à celui des politiques.
La France en tout cas a mis le paquet pour barrer la route à la Turquie, dont elle conteste irrévocablement l’appartenance à la Communauté européenne. Nicolas Sarkozy s’est personnellement investi dans l’opération. Au point de faire le déplacement en Suisse avec la délégation française, où il n’a pas dû plaider le dossier de son pays uniquement sous l’angle des mérites supérieurs de son dossier sur les deux autres en concurrence.
Après ce quatrième échec de leur pays à l’organisation de la Coupe d’Europe de football, les Turcs vont avoir un ressentiment encore plus avivé contre l’attitude des Européens qui leur refusent insidieusement la porte de leur union. Ils ne verront dans la décision de l’UEFA qu’expression de ce refus. Et ils ne se tromperont pas totalement en considérant que c’est le cas, d’autant que d’autres instances sportives, le CIO et la FIFA, ont elles fait le choix de confier l’organisation de leurs grandes compétitions internationales à des pays du Sud en se basant sur d’autres critères que l’excellence de leurs dossiers de candidature.
Que l’on ne s’y trompe pas : le choix de l’UEFA va laisser des traces et avoir des conséquences sur les rapports déjà passablement compliqués entre la Turquie et l’Union européenne. Il s’ajoute à toutes les vexations que la Turquie subit depuis qu’elle a postulé pour l’adhésion à l’Union européenne. Celle-là est d’autant cuisante pour le peuple turc que le football est le sport roi chez lui et qu’il pensait, à travers le sien qui brille dans les compétitions européennes, avoir trouvé là un chemin à son intégration progressive dans l’Union européenne.
Alors, quand même cette voie lui est fermée, il ne faudrait pas s’étonner que la Turquie se replie sur d’autres horizons où les intérêts européens n’auront pas forcément place.
30 mai 2010
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