La catastrophe pétrolière du golfe du Mexique est en train de faire une victime collatérale, en la per sonne du président des Etats-Unis. Barack Obama est vilipendé par les républicains, dont le centre de gravité idéologique se radicalise au fil des jours.
Le porte-voix de prédilection des milieux néoconservateurs, la très virulente chaîne de télévision Fox News, ne s’encombre pas de nuances en imputant le déferlement de pétrole sur les côtes de la Louisiane à un président chargé de tous les maux. L’opinion, encore échaudée par la désinvolture et l’incompétence de l’équipe de George W. Bush lors de l’ouragan Katrina, est réceptive à l’argumentaire grossièrement fallacieux d’une opposition qui n’hésite devant aucun moyen, y compris le mensonge éhonté, pour s’en prendre au président démocrate.
Ce dernier, qui a déployé tous les moyens à sa disposition, a dû se résoudre à confier à BP, la société pétrolière responsable des dégâts, le soin de procéder au colmatage du puits sous-marin. En réalité, ce que l’opinion semble reprocher à Barack Obama est l’incapacité américaine à prendre en charge la résolution technique d’une catastrophe écologique.
La campagne de presse accusatrice risque de laisser des traces. Le président Obama a pourtant exprimé maintes fois sa préoccupation et mis en cause les relations incestueuses entre l’administration de l’énergie, encore sous influence de G.W. Bush et de son adjoint Dick Cheney, va-t-en-guerre notoire et ex-PDG de la sulfureuse compagnie pétrolière Halliburton.
Les collusions entre le groupe néoconservateur et les intérêts pétroliers sont pourtant de notoriété publique, mais ne semblent pas atténuer l’ardeur de ces mêmes milieux à accabler un bouc émissaire parfaitement innocent en l’occurrence. Obama a beau dire ce qu’il veut, rien n’y fait.
Ce déchaînement médiatique, entre intox et mauvaise foi, n’est pas sans rappeler celui, bien plus véhément encore, contre l’Iran et son programme nucléaire. De la même manière que les médias républicains le font contre son patron Obama, Hillary Clinton, secrétaire d’Etat très démocrate, tente de jeter l’opprobre sur l’accord nucléaire avec l’Iran conclu par le Brésil et la Turquie. La responsable des Affaires étrangères fait flèche de tout bois et n’hésite pas à vilipender les diplomaties de deux pays alliés des Etats-Unis, les accusant de faire le jeu de l’Iran dans sa stratégie supposée de gain de temps en vue d’acquérir l’arme atomique.
Hillary Clinton parle de «grave désaccord» avec le Brésil, tandis que l’impavide Premier ministre turc déclare que ceux qui critiquent le succès diplomatique des deux pays émergents sont «jaloux» d’un accord qu’ils n’ont pas réussi à obtenir de Téhéran. Effectivement, les termes de l’accord entériné avec l’Iran sont précisément ceux que l’Occident, Etats-Unis en tête, n’ont pas pu conclure.
Le parallèle entre la mauvaise foi évidente des médias qui s’en prennent à Barack Obama et la qualité des attaques de Mme Clinton contre l’axe Brasilia-Ankara-Téhéran s’impose à l’évidence. Que ce soit la catastrophe bien réelle du golfe du Mexique ou celle que l’on veut provoquer dans le golfe arabo-persique, les procédés médiatico-politiques sont très voisins. Qu’importe la réalité Seule la «vérité» partisane est de mise.
30 mai 2010
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