Le Carrefour D’algérie
Le football n’est plus l’opium des peuples.C’en est devenu de la cocaïne à l’état brut. Pas encore coupée! On se shoote au football comme des opiomanes se « foutraient », sur un nerf resté intact,
une grosse giclée de poudre blanche. Certains dorment et se réveillent football. Sans boulot, sans penny et sans avenir, ils causent football avec la passion d’un amouraché boutonneux qui se serait épris d’une fofolle à acné vif et laid. Tout le monde, ici bas, parle football. Les viéjos, las de parler continuellement de leur dentier et de leur spina biphéda, se racontent des schémas tactiques à faire rager Trappatoni et des analyses de match à faire envier Derradji. Les jeunes, eux, oubliant, pour un mois, l’escapade au pays des merveilles, préparent leur barda pour défiler, en cas de victoire de leur team, dans les rues de leur ville et de leur douar, resté encore, au troisième millénaire, sans électricité et sans gaz. Les femmes, elles, sirotent, chaque jour que Dieu fait, des quantités non négligeables de miel pur, pour activer des gosiers sommés d’entonner des you-yous conjoncturels le jour J. Les scolarisés et les candidats, libres ou enchaînés, aux divers examens de fin de cycle, stressés comme des madeleines le jour des noces, prient tous les saints, les sidi, les lalla et les chouyoukhs pour sortir indemnes de ces contrôles scolaires afin de jouir, totalement et sans retenue, des probables moments de liesse que seul messire football leur procure. Le football n’est plus l’opium des peuples. C’est la poudre blanche qui vous fait planer au septième ciel sans vous déplacer de votre canapé et sans vous faire shooter à l’aide d’une seringue réutilisée. C’est la cocaïne sans coke, ni coca. Aux pauvres comme aux nantis, c’est le moment d’extase le plus élevé et le plus relevé. Aux pauvres comme aux nantis, le football redonne l’envie d’appartenir à un peuple. L’envie de vivre pour le peuple. Sans langue de bois. Sans langues du tout! N’est-ce pas ?
medhayas@yahoo.fr
29 mai 2010
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