Depuis que l’islamisme radical, «fasciste» selon la terminologie bushiste, a montré longs ses crocs, l’amalgame entre résistance au colonialisme et terrorisme ne s’est jamais aussi bien porté.
Certainement, l’ex-Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a été parmi les premiers à tenter ce rapprochement alors que l’administration républicaine US et quelques-uns de ses alliés finissaient de marcher sur Baghdad. Juste le temps d’une greffe réussie que l’Etat hébreu lançait à la hâte sa guerre chirurgicale contre le Hamas palestinien.
Pur produit d’Israël, il devra par la suite supporter le poids de la confusion entretenue par la grande démocratie occidentale. Les résistants islamistes de Ghaza vont «jouir» du macabre statut de terroristes potentiellement nuisibles.
Leurs frères indépendantistes de Tchétchénie n’échapperont pas à cette désignation, au service d’un «terrorisme utile» tant il continue de garantir à ses artisans la légitimité de battre en brèche sans se soucier outre mesure des réactions hostiles de la communauté internationale.
Viendra le tour des bonzes de Birmanie qui, pour avoir réclamé une démocratisation à la junte militaire, ont été mis au banc des accusés pour terrorisme caractérisé. Comme l’histoire n’est qu’un éternel recommencement, les Chemises rouges de Bangkok ne connaîtront pas un meilleur sort.
Pour sa présumée implication dans les affrontements lors des deux derniers mois, l’ex-chef du gouvernement thaïlandais, Thaksin Shinawatra, vient d’être accusé par la justice de son pays de terrorisme. Un mandat d’arrêt international a même été lancé contre sa personne.
Ce qui, d’emblée, ne lui laisse aucune chance au magnat des télécoms de revenir au pouvoir, un songe que les Chemises rouges ont tant caressé avant de céder devant l’assaut de l’armée au cœur de Bangkok. La justice thaïlandaise a-t-elle déjà localisé le lieu de son refuge politique ?
L’ancien Premier ministre est supposé avoir assisté au Festival de Cannes où son compatriote a décroché la Palme d’or. Nul n’est en mesure de confirmer si Shinawatra a eu le temps d’applaudir le choix étrange de Tim Burton et des membres de son jury.
D’après le porte-parole du Quai d’Orsay, si toutefois ses informations sont bonnes, l’intéressé ne se trouvait vraisemblablement plus sur le territoire français. Où aurait-il bien pu se réfugier ? Silence et bouche cousue, le secret doit être bien gardé le plus longtemps possible.
Mais ne pas dénoncer ou ne pas livrer ce chef de l’opposition (terroriste ?), qui est soupçonné d’avoir financé à hauteur de 1,5 million de dollars par jour le mouvement de contestation et d’avoir organisé la contrebande d’armes et de combattants du Cambodge, reviendrait à partager la responsabilité d’un déséquilibre démocratique arrangé de l’étranger.
Paris se défendra-t-il contre toute tentative d’avoir soutenu l’opposition thaïlandaise à renverser le pouvoir en place ? Après leurs nombreuses critiques contre la décision du jury du Festival de Cannes d’attribuer la Palme d’or au film thaïlandais l’Oncle Boonmee,
les titres de la presse française reviendront-ils à la charge avec une touche plus politique, la balade des Anglais ayant connue une belle éclaircie ? L’ancien Premier ministre thaïlandais et actuel terroriste ne serait plus le seul à se souvenir de ses vies antérieures.
A. D.26/05/2010
29 mai 2010
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