En indiquant qu’Orascom Telecom Holding n’a pas encore manifesté sa volonté de vendre sa filiale algérienne Djezzy à l’Etat, le ministre s’est-il contenté de livrer une information ou bien a-t-il exprimé un certain agacement ?
En soi, l’information corrige définitivement l’affirmation du ministre des TIC sur l’existence de négociations entre le gouvernement algérien et OTH et la diffusion d’une information juste et précise n’est pas inutile dans ce cas. Mais sur le fond, les choses demeurent figées. Le groupe de Naguib Sawiris a choisi de ne plus s’exprimer sur le dossier depuis que le gouvernement algérien a ostensiblement exprimé son opposition à la vente de Djezzy à MTN ou à une autre entreprise étrangère en faisant valoir son droit de préemption.
Cela a fait de l’effet puisque le sud-africain MTN semble avoir renoncé à lever les fonds (5 milliards de dollars) pour financer une éventuelle acquisition d’Orascom Telecom. Le silence d’Orascom Telecom peut s’interpréter de plusieurs façons : renoncement à la vente de Djezzy ou préparation d’un bras de fer avec l’Etat algérien par la saisine d’un tribunal international d’arbitrage.
L’affaire est en tout cas suivie avec un intérêt soutenu. Selon la manière dont les choses évolueront, elle risque d’aggraver ou d’atténuer l’image d’une Algérie rétive à l’investissement étranger. De nombreux opérateurs étrangers considèrent que la règle des 51% de capitaux réservés aux Algériens dans les investissements ne pose pas en soi des problèmes. Ce qui leur importe le plus est la sécurité des investissements et la stabilité juridique. Il est donc important, même si les responsables algériens peuvent être agacés par le refus de Sawiris de dévoiler ses cartes, de rester prudent.
Les responsables algériens défendent avec force le droit de préemption qui a été introduit après l’affaire de la cession des cimenteries d’Orascom à Lafarge. C’est légitime, la régulation des marchés et la surveillance des transactions sont des attributs de souveraineté. Cela, même si beaucoup de spécialistes estiment qu’une vente de la Holding Orascom est possible en dépit du droit de préemption. L’affaire pourrait se transformer en bataille juridique.
En revanche, ce qui est certain est que le droit de préemption ne signifie pas obligation de vendre pour Orascom Télécom. Rien en effet, en termes de droit, ne contraint Orascom Telecom à céder Djezzy à l’Etat algérien. Le groupe Sawiris peut en effet décider de rester en Algérie et de ne vendre ni à MTN ni à l’Etat algérien. C’est son droit le plus absolu, dès lors que ce groupe paye ses taxes et respecte les obligations du cahier des charges.
La communication gouvernementale, celle de Hamid Bessallah ou de Karim Djoudi, ne doit pas donner l’impression que des pressions sont exercées sur OTH pour vendre à l’Etat algérien. Cela serait perçu comme une expulsion contrainte. Dans l’absolu, dès lors que le groupe Orascom Telecom ne dit rien, cela doit être compris, jusqu’à preuve du contraire, que les choses restent en l’état. Et dans ces conditions, il faudrait cesser de communiquer sur le sujet.
Parfois, le silence est d’or. Sawiris, souvent assez expansif, semble se replier dans le mutisme en laissant les responsables algériens multiplier les déclarations, au risque de maladresses handicapantes.
27 mai 2010
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