La vitamine DZ serait-elle devenue pour l’Algérien dit du «juste milieu», le seul vaccin (jamais créé par personne), capable d’immuniser le pays contre ses propres démons et ses vrais-faux ennemis ? Parce que plus que le rêve irrépressible de toujours courir après une vie ailleurs, des horizons obstrués, des désirs remisés aux calendes grecques, quoi de plus jouissif pour un Algérien
tout ce qu’il y a de plus commun que les dieux des stades pour croire que la patrie a une existence sur le «terrain» cahoteux de la Réalité et pas seulement sur la carte (de ses repères perdus) ou dans les manuels scolaires de son âge (dé) passé ? La circonférence d’un ballon étant aujourd’hui aussi «cosmique» que l’espace inhabité du pays, un petit icosaèdre tronqué devient par ces temps «mutants» une pilule miracle, à la fois anti-le temps qui nous coule entre les doigts, une dragée anti-âge, un immunosuppresseur contre l’effet démangeant de se faire la belle, une «astuce» intelligente contre les coups fourrés, d’en haut mais aussi d’en bas.
Un ballon, dans sa métaphysique insignifiance en tant que trouvaille la plus ingénieuse de l’homo-bipède depuis sa chute sur Terre, il est surtout (le ballon bien sûr) une clef passe-partout, un nouvel opium «overdosé» des peuples, un langage parlé avec les pieds ou encore le meilleur moyen d’accompagner sa propre perte en prenant sa revanche trop longtemps ruminée en donnant simplement un coup de pied vicieux dans le tibia (sur) protégé de plus balaise que soi.
Le football étant devenu une sorte de religion à l’envers, pratiquée par tous et par personne en même temps, il suffit selon certaines têtes trop «rondes» de brandir un ballon gonflé à bloc devant une foule excitée pour arrêter une grève qui dégénère, stopper net une marche non autorisée, soulager le mal de tête permanent infligé à tout un peuple, faire croire en l’indépendance du pays depuis 1962, faire hisser jusqu’aux nuages son drapeau recoloré aux couleurs du nationalisme de Hassan Terro, porter au pinacle postiche ses vivants au présent du vindicatif et ses morts au passé aujourd’hui cruellement décomposé. Il paraît même qu’avec un ballon rond mis entre deux trop rondes, ça peut même réconcilier deux ennemis par vocation, des adversaires par (dé) formation, deux frères divisés par le ventre, un lion affamé avec un gnou famélique, un «flouzé» hypertendu avec un looser cracheur de feu, un chômeur confirmé avec un patron CDD.
Dans pas longtemps donc, tout le pays sera caché derrière un immense écran géant. Un écran aux dimensions du pays, si gigantesque qu’il va tout noyer dan un verre d’eau, mettre entre guillemets tous nos pannes, masquer toutes nos tares, nous faire oublier d’aller simplement au travail (puisque nous travaillons jamais ou presque !), nous faire passer l’idée de penser à augmenter notre productivité en chute (extra) libre, tirer vers le haut notre croissance au point zéro, lutter contre l’inflation qui nous bouffe nos arrière-cuisines. Et avec la Coupe du monde qui pointe son pied et le farniente estival qui va avec, suivra juste après le mois de tous les sacrés coups non permis, la rentrée sociale, puis scolaire, puis l’aïd, le petit puis le grand, et nous voilà «emboutir» de plein fouet l’année d’après
Vraiment pas de quoi remplir sa coupe trop pleine puisqu’il suffit juste de vivre de foot et d’eau fraîche pour «palper» le pays autrement et apprendre au moins à l’aimer «stoïquement» faute de pouvoir le «cacher» dans son cœur
26 mai 2010
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