Malgré une facture d’importations d’hydrocarbures élevée et une agriculture largement soumise aux aléas climatiques, l’économie marocaine a assez bien résisté à la crise. Le PIB a progressé de 3 % en 2009 et de 1 % hors agriculture. La structure du PIB durant la période 2006-2009 a été la suivante :
Contribution des secteurs à la valeur ajoutée
Industrie | 16 % |
Agriculture | 16,4 % |
Energie et mines | 6,1% |
Construction | 3,5% |
Services | 57% |
Les moteurs de la croissance au Maroc aujourd’hui sont la consommation (5 points) et la dépense publique (4 points). Cette dépense publique a consisté principalement en financement d’importants programmes d’investissements publics en infrastructures : routes, voies ferrées, ports, hydraulique, logements. Le taux d’investissement a progressé entre 2000 et 2008 de 10 points : 23 % en 2000, 33 % en 2009.
Le commerce extérieur
• Les importations
Le Maroc est un pays structurellement importateur. Trois facteurs principaux
sont à l’origine de cette fragilité :
1- Une industrie manufacturière faiblement diversifiée ;
2- une augmentation rapide de la demande intérieure ;
3- une forte dépendance énergétique face à des besoins croissants.
• Les exportations
Les exportations marocaines souffrent, pour leur part, de différentes faiblesses. Des études ont mis en relief quatre fragilités : d’abord une insuffisante diversification en termes de produits et qui plus est, sur des marchés fortement concurrentiels : textiles, agroalimentaire et plus récemment matériel électrique constituent les principaux produits du Maroc à l’exportation.
«Le principal produit d’exportation qui est le vêtement de confection subit depuis une dizaine d’années la concurrence d’autres pays émergents tels que la Turquie, l’Inde ou la Chine.» (Cf. Flash Economie, n° 29 NATIXIS – Groupe BPCE). Les exportations marocaines souffrent aussi d’une faible diversification géographique. Les deux anciennes puissances coloniales sont restées les principales destinations des exportations : l’Espagne qui est le principal client (24 %) et la France (20 %). Ces deux économies sont en crise et les exportations marocaines s’effondrent (c’est d’ailleurs aujourd’hui le cas de l’Espagne). Le Maroc exporte aussi des biens agro-alimentaires. Et nous connaissons la fragilité de ce secteur très fortement soumis aux aléas climatiques. Dès que l’euro s’apprécie, la compétitivité du Maroc sur les marchés extérieurs se détériore. Selon la Bank al Maghrib, la compétitivité coût du Maroc s’est affaiblie comparativement à plusieurs pays émergents en raison d’un niveau de productivité plus faible et d’une accélération des coûts unitaires du travail entre 2001 et 2008 (cf. NATIXIS – étude citée).
Le mix politique monétaire/politique budgétaire
Les pouvoirs publics marocains ont géré la situation de crise économique mondiale sans gros dégâts en utilisant l’instrument budgétaire (financement d’importants programmes d’investissements publics d’équipement rendu possible par une gestion prudente des finances publiques) et l’instrument monétaire par l’adoption d’une politique monétaire accommodante qui a soutenu le dynamisme de la demande intérieure. Les conditions de financement de l’économie ont visé à maintenir un flux de crédit élevé. Le taux directeur a été maintenu stable à 3,25 % depuis 2002.
L’inflation a été maintenue sous contrôle : 2,1 % en moyenne annuelle depuis 2003. Le paysage bancaire marocain est assez diversifié et permet un financement correct de l’économie. Le secteur bancaire se compose de banques privées à capital majoritairement marocain (49 %), de banques privées à capital majoritairement étranger (22 %) et de banques publiques (23 %).
Les dépôts des clients sont importants : 75 % des ressources des banques.
Enfin et malgré une légère augmentation ces derniers mois, les taux de défaut ont diminué en tendance et sont passés de 18 % en 2003 à 5 % en 2009.
La dette publique
Les finances publiques du Maroc sont relativement saines et la dette publique a diminué et reste soutenable.
Dette publique (en % du PIB)
1993 | 2008 | 2009 | 2010 |
87,5 % | 47,3 % | 50 % | 50 % |
Le déficit budgétaire est gérable, 3 % en 2009 et 4 % prévu en 2010. Le déficit courant, quant à lui, est financé en grande partie par les recettes touristiques et les envois de fonds des Marocains résidant à l’étranger. Il faut aussi souligner que le déséquilibre en devises du secteur privé est faible (contrairement au cas algérien).
Enfin, il est utile de rappeler que dans le cadre de la politique européenne de voisinage, le Maroc devrait recevoir de la délégation européenne de Rabat 654 millions d’euros entre 2007 et 2010. Selon les observateurs de l’économie marocaine, ce pays dispose de quelques atouts qui lui dessinent un potentiel de croissance appréciable.
Parmi ces atouts sont signalés :
- une demande interne dynamique ;
- des finances publiques soutenables ;
- une stabilité politique ;
- une position extérieure équilibrée ;
- des aides de l’Union européenne.
Bien évidemment et à l’instar de tout autre pays, le Maroc affiche aussi des handicaps :
- un poids important dans le PIB du secteur agriculture, pêche, extraction
minière qui rend la croissance dépendante des conditions climatiques ;
- un manque de diversification des produits d’exportation dans des secteurs fortement concurrentiels ;
- une concentration géographique des exportations ;
- une insuffisante compétitivité avec des coûts unitaires du travail plus importants que les gains de productivité.
Par Abdelmadjid Bouzidi
abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/26/article.php?sid=100674&cid=8
26 mai 2010
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