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TIRS CROISÉS SUR HORS-LA-LOI Bouchareb, l’historien malgré lui

24 mai 2010

Non classé


Des bagarres, des coups de revolver ! Ça tire à vue d’œil par des hommes en chapeau melon et (parfois) bottes de cuir. Le film Hors-la-loi ressemble à un thriller hollywoodien sur les années 1950. Pour ses personnages, Bouchareb s’est inspiré du Parrain de Francis F. Coppola.

Hors-la-loi a sorti Cannes de sa torpeur glamour et réveillé les vieux démons du dernier carré des nostalgiques de «la mission civilisatrice de la France en Algérie». De notre côté de la Méditerranée, il a fait la une de plusieurs quotidiens après sa projection, vendredi, à Alger. Rachid Bouchareb caresse le rêve de réaliser une trilogie sur l’histoire moderne de l’Algérie et sur la révolution algérienne. Prix collectif d’interprétation masculine au festival de Cannes en 2006, son film Indigènes avait ému Chirac et poussé le Parlement français à voter une loi accordant une pension aux anciens combattants maghrébins et africains qui avaient combattu le nazisme dans l’armée française. On ne change pas une équipe qui gagne. Le réalisateur de Little Sénégal et London River, a mobilisé au casting de Hors-la-loi quatre des acteurs primés en 2006. Ainsi, Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan ont rejoint Sotigui Kouyaté dans le camp de ses acteurs fétiches. Bouchareb n’avait sans doute pas l’intention de faire un film «historique» (dans tous les sens du terme). Cela nous paraît étonnant, mais c’est lui-même qui le dit : «J’ai imaginé des personnages qui gèrent la révolution comme Al Pacino gère la famille et les affaires dans Le Parrainde Coppola.» L’ambiance, la musique, les costumes, etc., accentuent cette impression. Certaines scènes de fusillades nous rappellent les règlements de comptes entre les différents gangs de la maffia dans le Chicago d’antan. C’est également Bouchareb qui a dit que son film est «aussi un western». Pour un cinéphile algérien habitué à voir des films sur la révolution, du genre L’opium et le bâton, Patrouille vers l’est ou même Les Hors-la-loi, un vieux film de Tewfik Fares sorti en 1974, le dernier film de Bouchareb est quelque chose d’inhabituel. Comme dans les thrillers américains, il donne la priorité à l’action. Ainsi, point ou peu d’idéologie ou de longs discours nationalistes. Pour les militants FLN de son film, la fin justifie largement les moyens. Ainsi, cet Algérien qui ne donne pas sa cotisation mensuelle au profit de la révolution est exécuté dans son gourbi au bidonville de Nanterre, afin que cela serve d’exemple pour les autres et que personne ne trouve de prétextes pour ne pas remettre sa cotisation à temps. A son frère réticent à exécuter certains ordres, le responsable des opérations à Paris répond : «La révolution est un bulldozer qui écrase tout ce qui se met en travers de son passage. » Le premier responsable des réseaux FLN à Paris se réfère à deux principes de Ho Chi Minh, le vainqueur des Français à Diên Biên Phu : la répression (par l’occupant) profite à la révolution et, deuxième principe, un militant ne doit jamais dévier ou abandonner sa mission. Le député UMP Lionnel Luca a dit : «Le film de Rachid Bouchareb est un film partisan, militant pro- FLN.» On se demande s’il a vu le film. On ne sait pas qui est, vraiment, hors la loi. Dans le long métrage, deux conceptions du devoir se sont affrontées dans un duel épique, incarnées par Abdelkader Souni et le colonel Faivre. Essayant de le rallier à sa cause, Abdelkader lui dit lors d’un pathétique face-à-face dans un salon parisien tenu par le FLN : «Prenez le discours du général de Gaule à Londres (durant la Seconde Guerre mondiale). Remplacez le mot «français» par ”algérien” et le mot ”allemand” par ”français” et vous saurez qui de nous deux a raison.» A la fin du film, après avoir vu son implacable ennemi mortellement blessé, le colonel n’a pas pu s’empêcher de lui dire : «Tu as gagné !» Ceux qui en France ont accusé Rachid Bouchareb de «falsifier l’histoire » l’ont peut-être servi au lieu de lui nuire. Tout le monde maintenant veut voir le film qui sera certainement un succès commercial. Avant d’entrer à la salle El Mouggar pour la projection presse de Hors-la-loi, nous avons jeté un coup d’œil sur une exposition de photographies sur le 8 Mai 1945 en Algérie et qui se tient au hall de la même salle. Une photo d’archives montre des cadavres «d’autochtones» alignés dans la rue. Nous avons revu cette même image reprise dans le film et qui donne une idée de l’ampleur du massacre. Quant à la répression de la manifestation des Algériens nationalistes à Paris le 17 octobre 1961, le film Vivre au paradis de cet autre Franco-Algérien Bourlem Guerdjou l’a montré avec plus de force encore. On n’a pas compris cette soudaine levée de boucliers contre une œuvre de fiction…
Kader B.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/24/article.php?sid=100548&cid=16

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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Une réponse à “TIRS CROISÉS SUR HORS-LA-LOI Bouchareb, l’historien malgré lui”

  1. Monsovile Dit :

    UNE FICTION: Peut-on imaginer un réalisateur Pied-noir, subventionné par le ministère de la culture Algérienne, pour réaliser un film retraçant les crimes du F.L.N. en Algérie, puis sélectionné à un festival de cinéma à Alger? (C’est ce qui s’est passé dans l’autre sens en France ) C’est de la trop pure fiction, hein ?

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