De Cannes: Mohamed Beghali/Zineb A.
Jamel Debbouze a qualifié l’équipe du tournage du film « Hors-la-loi » de « Qaida-cinéma » du fait que certains bailleurs de fonds se sont abstenus d’y collaborer. Il considère la polémique suscitée par quelques extrémistes au sujet du film de tout à fait naturelle alors que le producteur Rachid Bouchareb estime que la meilleure récompense est de figurer au Festival de Cannes en dépit de toutes les pressions.
Dur de rencontrer les stars de « Hors-la-loi », qui bénéficient d’une haute protection car ils sont une cible de choix pour tous les médias. Il nous a été impossible d’avoir un entretien avec Bouchareb, avant-hier soir, hormis les quelques minutes qu’il a accordé à Echorouk à l’Hôtel 1835 sur la Croisette après la projection de son film dont les héros ont gravi les marches du palais des festivals au rythme de la chanson d’El-Harrachi, « Ya rayah.. ». Nos noms ne figuraient même pas sur la liste des journalistes conviés à un point de presse, pas loin du Carlton. Nous avons pu arracher un rendez-vous avec Bouchareb grâce à Yamina Chouikh et surprise, Debbouze nous a rejoints.
« Chroniques des années de braise » en 1975 n’a pas provoqué le remous crée par « Hors-la-loi », et selon le producteur, c’est peut-être du à l’âge avancé des opposants qui sentant que bientôt ils ne seront plus de ce monde, perçoivent les choses avec plus d’acuité. * Bouchareb reconnait qu’il est un faiseur de films à controverse et il montre ses gardes du corps des Renseignements Généraux en déclarant ironiquement : « Je peux être fier, car ma situation ressemble fort à celle de Whitney Houston ».
Jamel Debbouze lui, a indiqué que l’historien Pascal Blanchard trouve que nous avons mis trop de temps pour dépasser cette situation douloureuse et il a ajouté qu’ « en qualité de musulmans, nous avons fini par nous intégrer mais difficilement. Nous devons nous battre et c’est ce qui s’est produit avec « Hors-la-loi » depuis la recherche de son financement jusqu’aux marches du Palais des festivals de Cannes ». * Debbouze ne craint pas d’être boudé par les milieux artistique et médiatique pour ses positions. « Nous pouvons aujourd’hui, donner notre point de vue, mais nous ne sommes pas stupides au point d’imposer quoi que ce soit », a-t-il déclaré. Il saisit l’occasion pour plaisanter au sujet d’ « Indigènes » : « Nous aurions pu garantir plus de 9 milliards de spectateurs en faisant une comédie du film, car rien n’est plus hilarant que de voir des combattant arabes ne sachant pas bien manier des fusils, affronter des soldats allemands bien entrainés armés jusqu’aux dents », dit-il en s’adressant à Bouchareb.
Ce dernier lui répond : « Nous qualifier de « Qaida-cinéma », à la conférence de presse m’a beaucoup plu » et Jamel de rétorquer : « En effet, quand ils nous arrivons, les bailleurs de fonds voient en nous des éléments barbus et en djilbab, ils sont méfiants ».
Bouchareb estime que la projection du film est une victoire et il est très emballé par le projet de Debbouze de créer un « Maghreb United » avec les cinéastes algériens, marocains et tunisiens. Il est convaincu, qu’avec un peu de volonté, le Maghreb arabe pourrait devenir un autre Hollywood. « Nous avons prouvé que nous possédons le talent, l’énergie et les moyens. Mais je ne suis qu’un acteur français d’origine algérienne et je ne peux me targuer d’avoir l’expérience d’un producteur algérien né en Algérie. Le lieu de naissance et l’enfance modèlent nos pensées et nos sentiments », conclut-il.
23 mai 2010
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