Le Carrefour D’algérie
La France, ou plutôt des milieux politiques en France n’ont jamais pensé à demander pardon aux Algériens, pour tous les crimes commis durant l’occupation coloniale. Récemment, un haut responsable américain ne mâchait pas ses mots envers
certains pays refusant de reconnaître la«bêtise» humaine en faisant allusion au conflit secouant la Chine à cause de l’affaire du Tibet et du refus de la Turquie de reconnaître le génocide contre les Arméniens en soulignant que les Etats-Unis n’ont pu avancer s’ils n’avaient pas reconnu tous les torts liés à l’esclavage et en demandant «pardon» aux Afro-américains. En France, toute une polémique est née à la suite d’un «simple» film de Bouchareb sur la guerre de libération où, des hommes politiques s’en mêlent et cela avant la diffusion du film. Environ 1.200 manifestants, selon la police, se sont rassemblés vendredi à Cannes, pour rendre hommage aux « victimes françaises » de la guerre d’Algérie et des massacres de Sétif, le jour où, le film « Hors-la-loi » est présenté au Festival de Cannes. Le bourreau se transforme soudain en victime. Parmi les présents figuraient plusieurs élus UMP, dont le député-maire de Cannes Bernard Brochand et environ 70 anciens combattants portant des drapeaux français, ainsi que des représentants d’associations de harkis ou de Pieds Noirs. Le Front national était présent avec une discrète banderole. Et quand, ces manifestants, qui ont beaucoup à se reprocher, laissent supposer qu’ils sont venus uniquement, pour les Français qui auraient été massacrés après le massacre du 8 mai 45. Mais on ne dit pas combien de Français sont morts après les événements du 8 mai 45. Il s’agit seulement de pas plus d’une centaine. Ces français, qui aujourd’hui manifestent contre un film, ont «sali» la France et osent ne pas se regarder en face. La réponse est venue de l’historien Benjamin Stora qui a avoué: «Que ce soit dans un documentaire, ou dans un film, ce qui compte c’est la figuration d’un événement. Or, c’est la première fois que l’on présente Sétif dans un film de fiction. En Algérie, c’est un fait admis. En France, il semble que certains n’aient toujours pas accepté la décolonisation. Dès qu’il est question de la guerre d’Algérie, il y a des batailles de mémoires. Il faut rappeler qu’il y a eu des victimes européennes et aussi mesurer l’ampleur de la tragédie algérienne». Question de chiffre sur le «meurtre» des Européens durant ces événements du 8 mai, l’historien Français avance: «côté européen, il n’existe aucun doute: il y a eu 103 morts. En ce qui concerne le nombre de morts algériens, les historiens européens s’accordent à compter entre 8.000 et 15. 000 morts à partir des archives militaires. Quels que soient les chiffres, la proportion est énorme. Les Algériens ont avancé dès l’été 1945 le chiffre de 45.000 morts pour des besoins politiques. Ce chiffre existe encore en Algérie». La France a tout simplement mal et s’inflige une frustration et un complexe.
22 mai 2010
Contributions