Le Carrefour D’algérie
Il est amusant de constater que la France a peur de tout et même lorsqu’il n’y a aucun danger, elle se fait peur par besoin existentiel. Besoin de mobiliser un peuple touché par la crise financière et les pratiques maffieuses des banquiers au point de réduire au
chômage des milliers de travailleurs où l’indigène figure en bonne place. Peur d’un morceau d’étoffe posé sur le corps de femmes, appelé voile intégral et qui amuse des jeunes filles en mal d’exotisme ou de repères. Il est donc devenu facile de faire peur aux français et il faut s’attendre à de plus en plus d’infarctus à l’avenir. La dernière peur s’est traduite par une levée de boucliers à propos du film de Bouchareb, cet enfant terrible de Maghnia qui a osé raconter l’histoire simple d’une famille traversant la guerre d’Algérie en France. C’est ce qu’il appelle la « bataille de Paris » en complément de « la bataille d’Alger ». « Hors-la-loi » étant le titre du film que personne n’a vu mais que tout le monde critique, un peu comme l’Arlésienne dans la nouvelle d’Alphonse Daudet. On se souvient ce que « Indigènes » avait en son temps provoqué comme débats sur la réalité historique dérangeante pour la libération de la France. Au finish, des lois ont suivi ce film et ont remis de l’ordre dans le dispositif législatif du pays des Droits de l’Homme. La question qui reste suspendue au devenir de la France, consiste à se demander si la liberté artistique et celle de l’expression aussi, sont toujours protégées en démocratie ou n’est-ce que de la poudre aux yeux. Pourtant, lorsque le Journal Libération avait repris les caricatures danoises du Prophète de l’Islam, tout le monde avait trouvé qu’on ne peut pas limiter la liberté et les tribunaux avaient donné raison au journal après la réaction des instances musulmanes officielles en France. En son temps, Yves Boisset avait reçu les plus chaudes foudres à propos de ses films relatifs à la Guerre d’Algérie, une plaie dans l’Histoire coloniale que n’a pu criminaliser notre Etat et nos institutions parlementaires. D’ailleurs, on se demande à quoi servent les députés et autres sénateurs s’ils n’appuient pas une telle loi pour rendre justice à l’Histoire de notre pays. Peut-être que Bouchareb réussira là où des parlementaires fonctionnaires grassement payés n’ont pas réussi.
22 mai 2010
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