Le Carrefour D’algérie
Hors-la-loi» de Rachid Bouchareb est un film comme tant d’autres qui ont traité de la guerre de libération et les 132 ans de colonialisme français en Algérie. Mais ce film semble provoquer en France une sorte d’hystérie «politique» inédite notamment
à Cannes où, le festival du cinéma, une manifestation foncièrement culturelle et artistique, s’est transformé, curieusement, en espace de polémique. C’est que Bouchareb a préféré se mettre du côté algérien, pour apporter à sa manière, une nouvelle lecture sur les massacres du 08 mai 1945. Un événement tragique, mais aussi une grande tache noire dans l’histoire du colonialisme français. Du coup, la France «politique» refuse de regarder cette vérité en face, comme elle a toujours fait. Et… c’est le branle-bas de combat. Des députés et des Pieds Noirs ne cessent de monter au créneau, pour dénoncer le point de vue du film. Malgré les condamnations des intellectuels et des artistes de manière générale contre ce qu’ils qualifient de menaces contre la liberté d’expression et face à cette cascade de critiques inutiles, l’UMP continue de mener la bataille contre le film. Non, plutôt contre des vérités historiques vérifiées et gravées à jamais. Cannes se trouve ainsi, impliquée dans une guerre politico-historique qu’elle aurait bien aimé évitée, mais trop tard, le mal est déjà fait et le festival a fini par rater son succès. Le film, malgré tout a été projeté hier. Sera-t-il ou non récompensé? Ce n’est plus cela l’important. L’important est que «hors-la-loi» est déjà un grand succès. L’essentiel est là. Quant à cette polémique française stérile, elle n’a en fait réussi qu’à offrir une belle publicité à un film fait par un Algérien sur un massacre, dont ils étaient les seules victimes. Que l’UMP condamne, ou qu’elle dénonce, le pari est déjà gagné.
22 mai 2010
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