Actualité (Samedi 22 Mai 2010)
Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, le film qui a fait couler beaucoup d’encre durant plus de deux semaines à la 63e édition du Festival international de Cannes a été présenté, vendredi matin, devant plus de 4 000 journalistes et télévisions du monde entier.
Pour éviter tout incident, les organisateurs et le gouvernement français ont pris des mesures exceptionnelles pour le bon déroulement de cette projection très spéciale, menacée par l’extrême-droite. Très tôt le matin, des cars de CRS se sont installés aux abords du Palais de la Croisette.
Du jamais vu dans l’histoire du festival, nous expliquent les habitués. Un cordon de CRS a fermé également quelques rues adjacentes menant au lieu de la projection. Trois points de contrôle ont été installés pour les journalistes invités à la projection. Même les petites bouteilles d’eau étaient retirées à l’entrée. Dans l’immense salle de cinéma du Théâtre-Lumière, la polémique a enfin laissé place au débat constructif et surtout au cinéma…. le vrai.
Plus de 24 ans après la dernière image prémonitoire de Mohamed-Lakhdar Hamina, l’Algérie retrouve enfin la compétition pour la Palme d’Or. À cette occasion, une importante délégation algérienne était présente à la Croisette composée par les principaux cadres du ministère de la Culture, conduite par Mme Zahera Yahi, chef de cabinet de la ministre Khalida Toumi et Ahmed Bedjaoui, conseiller auprès de la ministre pour le cinéma. Étaient également présents l’un des principaux producteurs du film Hors-la-loi, Mustapha Orif, directeur de l’AARC (Agence algérienne du rayonnement culturel), mais aussi des réalisateurs venus d’Alger et de Paris, invités pour soutenir le seul film algérien présent au plus prestigieux festival du monde.
Car au-delà des fausses apparences, l’Algérie sera en force sur la Croisette, avec des journalistes dépêchés d’Alger, (en plus de ceux installés en France) représentant tous les médias (radio, presse écrite publique et privée et bien sûr la Télévision). Mais l’événement majeur pour la délégation algérienne, c’est surtout la présence de la comédienne principale du film, Chafia Boudraâ, qui plus de 44 ans après Keltoum qui était venue monter les marches en 1966 pour représenter Vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina, était là pour représenter, elle aussi, la douleur et le combat de la femme algérienne durant la guerre d’Algérie.
Comme son équipe nationale de football en Suisse, la délégation algérienne sera sous haute protection, et ce, pour éviter des débordements qui peuvent intervenir de la part de l’extrême-droite, le jour de la projection.
D’ailleurs, le maire de la ville de Cannes a invité les parlementaires de l’UMP et les associations de “rapatriés et de harkis” à déposer une gerbe de fleurs à trois kilomètres du lieu de la projection et à barrer toutes les routes qui mènent au Palais du Festival, et ce, pour empêcher l’arrivée de la marche silencieuse vers le lieu du festival. Au-delà du cachet politique du film, Hors-la-loi c’est aussi une production internationale dans laquelle l’Algérie a participé en force afin de rattraper probablement l’absence de l’Algérie dans la production de l’opus Indigènes du même Bouchareb. Ce film avait été entièrement financé par la France et soutenu par le Maroc, mais Bouchareb présentera sans rancune le film aux Oscars au nom de l’Algérie, ce qui a provoqué la colère des Français et des Marocains.
Résultat pour le film Hors-la-loi, l’Algérie a mis le paquet : 4 millions d’euros, soit 20% du financement global du film qui a été évalué à 19,5 millions d’euros. L’aide algérienne a transité via le Fdatic (500 000 euros), le ministère des Moudjahidine (1,5 million euros), l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (1 million d’euros), Sonatrach et Sonelgaz (750 000 euros) et l’ENTV (250 000 euros). C’est le plus grand montage financier pour un film algérien, mais aussi pour un film africain, bien plus que les Égyptiens, qui dominent la planète du cinéma arabe.
La presse française ne cesse de dire que la France est majoritaire dans la production du film de Bouchareb et pourtant en matière de financement public, l’Algérie reste majoritaire puisque les entreprises publiques françaises, le CNC (Centre national du cinéma représentant du ministère de la Culture française), n’a accordé qu’une aide sous la forme d’une avance sur recette de 650 000 euros. La commission de la diversité a apporté, quant à elle, 50 000 euros. Le reste de la production est soutenu par des opérateurs privés et semi-publics : France Télévision et Canal+, qui fournissent plus de 12 millions d’euros. Car l’objectif de ces télévisions, ce sont les reventes aux télévisions du monde. Plus de 20 pays avaient acheté l’opus de Bouchareb Indigènes.
UN FILM ÉPOUSTOUFLANT
Sur le plan cinématographique, Rachid Bouchareb a donné une dimension internationale et artistique pour le cinéma algérien avec ce film. Comme dans Indigènes et bien plus dans Hors-la-loi, le film de Bouchareb se rapproche beaucoup plus du cinéma américain de Coppola et de Sergio Leone que du cinéma français qui a été son formateur. Comme pour son film précédent, le film débute par une date historique 1925, début du mouvement nationaliste. Un plan large d’une contrée désertique, le Caïd joué par Larbi Zekal vient annoncer l’expropriation de la terre d’une famille de paysans algériens. C’est la seule scène du film qui est tournée en Algérie. La mère, jouée par Chafia Boudraâ et le père joué, par Ahmed Benaïssa nous rappellent le début de la fresque des Corleone de Coppola.
Quand Jamel Debouze vient tuer au couteau le Caïd, sur le balcon de son jardin comme l’avait fait Robert de Niro dans le Parrain 2. Rachid Bouchareb, qui est habitué aux Oscars, ne cache pas ses références cinématographiques américaines. Puis vient la scène de toute la controverse : les massacres de Sétif en 1945. Dix minutes ont suffi pour les milliers de journalistes présents pour comprendre le début du conflit historique et la source de la polémique entre l’Algérie et la France.
Sobrement filmé mais cinématographiquement réussi, le film ne s’attarde pas sur cet événement qui fait trembler la France. C’est à travers la saga de trois frères magnifiquement joués par Roshdy Zem, Jamel Debbouze et Sami Bouajaïlia et de leur mère Chafia Boudraâ, que Bouchareb raconte à sa manière l’histoire de l’Algérie entre 1945
et 1962.
Un scénario bien ficelé où Bouchareb joue l’équilibriste montrant aussi bien la lutte sans concession du côté FLN que la violence arbitraire du côté français. Le réalisateur, qui débute par une manifestation réprimée avec la violence et un match de boxe le 8 mai 1945, finit son film également par un match de boxe et une manifestation réprimée en 1961 dans la capitale française. Le tout à travers la parcours de trois frères que tout sépare mais que tout rapproche. Ce n’est pas un film de gangsters comme le disent certains nostalgiques de la France coloniale mais une saga familiale qui a pour fil rouge l’histoire de la Révolution algérienne. À la projection, c’est l’émotion, une jeune scénariste présente à nos côtés, très émue, essuie ses larmes.
Les journalistes français sortent en silence sans commentaire, les étrangers sont sonnés par la grande qualité cinématographique du film. Comme cette journaliste allemande Barbara Shweizorhof qui ignorait que l’Allemagne avait contribué au soutien du FLN en armes et munitions. Pas d’applaudissements dans la salle, mais des cris “Vive l’Algérie” comme dans un stade, lancés par quelques Algériens invités à la projection. Comme l’avait dit un réalisateur algérien à la fin du film, on a envie de refaire le 1er Novembre. Ne pas récompenser Hors-la-loi serait une injustice pour certains critiques, mais le film, selon d’autres observateurs, se trouve sur son chemin vers la Palme d’Or. Un autre film sur l’Algérie, Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, qui raconte l’histoire des moines trappistes assassinés par le GIA. Le film, qui ne prend aucune position politique sur l’affaire des moines de Tibhirine, a reçu un accueil favorable de la part des critiques à Cannes.
Ainsi, Hors-la-loi a été projeté malgré la paranoïa de ses détracteurs et les critiques injustes contre un film qui va être une œuvre référence en France. Pour les Français qui ignorent un pan entier de leur histoire coloniale en Algérie et surtout pour les jeunes Beurs qui risquent de comprendre parfaitement ce qu’avait nourri la Révolution algérienne, notamment dans sa lutte en France.
22 mai 2010 à 1 01 19 05195
Hors-la-loi projeté à Alger : un simple thriller sur la Guerre de libération en France
Ahmed Benkrim
« Hors-la-loi », le film du réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb qui suscite une polémique en France, a été projeté, vendredi 21 mai, à la salle El Mougar à Alger, simultanément avec sa projection à Cannes. La séance a été réservée exclusivement à la presse. Notre journaliste a vu le film. Récit.
Le film raconte l’histoire de trois frères algériens, des années 1930 à l’indépendance en 1962, en passant par les événements du 8 mai 1945 et la guerre d’indépendance menée par le FLN en France.
Cette fiction montre le visage féroce du colonialisme français en Algérie, notamment à travers les événements du 8 mai 1945, même si la séquence les relatant ne dure que 4 minutes en tout. Mais la suite du film, qui se veut un thriller politique, est plus nuancée. Rachid Bouchareb y décrit en effet la Guerre de libération comme lutte juste mais pas forcément propre, avec notamment la participation du milieu algérien en France à son financement et les méthodes brutales utilisées par le FLN contre ses adversaires du mouvement national. Le financement de la Révolution par le milieu parisien est ainsi décrit à travers le parcours de Messaoud (Roschdy Zem), Abdelkader (Sami Bouajila) et Saïd (Jamel Debbouze).
Arrivés en France après avoir survécu aux massacres du 8 mai 1945, les trois frères ont eu des parcours différents, avant de se retrouver à défendre la même cause : l’indépendance de l’Algérie. Saïd fuit le travail à l’usine et devient un petit malfrat. Abdelkader, libéré après une peine à la prison de la Santé pour ses activités politiques, recrute pour le FLN en France et fait bientôt de son frère aîné, l’ex-soldat Messaoud, un tueur chargé de décimer les rangs du mouvement rival, le Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj, jugé trop modéré par le FLN.
En France, le film a été vertement critiqué par des personnalités politiques de droite et d’extrême-droite avant même sa première projection. Des élus UMP et des militants de l’extrême-droite ont organisé vendredi matin dans la ville de Cannes une marche de dénonciation de ce long métrage, accusant le réalisateur d’avoir « falsifié » l’Histoire.
Pourtant, le film de Bouchareb n’a rien d’une œuvre historique ni d’un film favorable à la Guerre de libération national même s’il est traité d’un point de vue algérien. Tourné essentiellement à Sétif, le film a coûté une bagatelle de 20 millions d’euros. L’Algérie a contribué à son financement à hauteur de 25% et la France à plus de 50%.
21/05/2010 | 17:13 |
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22 mai 2010 à 1 01 20 05205
« Hors la loi »: « la France a peur de sa propre histoire », selon l’histoire Mohamed El Korso
AFP
La polémique provoquée en France par la sortie du Film « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb témoigne de la peur de la France d’examiner sa propre Histoire, a estimé vendredi l’historien algérien Mohamed El-Korso.
« La France a peur de sa propre histoire », a déclaré M. Korso à l’AFP. Il a qualifié de « primaires et d’inconséquente » les vives réactions suscitées en France par le film avant sa projection vendredi à Cannes.
« Une certaine France refuse de voir en face sa propre image qui est celle du colonisateur et de ses méfaits durant la période coloniale (1830-1962) notamment les massacres du 8 mai 1945 », dans la région de Sétif, dans l’est de l’Algérie, a-t-il ajouté.
M. Korso a présidé de 1996 à 2006 l’Association « 8 mai 1945 », qui réclame la reconnaissance par la France des « massacres » de Sétif, Guelma et Kherrata en mai 1945, attribués à l’armée française, et leur qualification officielle de « crimes contre l’humanité ».
« Les Français ont refusé que les Algériens s’expriment librement et pacifiquement le 8 mai 1945″, a-t-il affirmé.
« A chaque fois que l’Algérie rappelle son Histoire à cette France nostalgique, il y a des nostalgiques qui expriment leur haine envers les Algériens », a ajouté M. Korso.
« Ils auraient du attendre de voir le film et réagir ensuite. Au lieu de cela, il ont déclaré la guerre au film avant même de l’avoir vu », a-t-il dit.
Cette production algéro-franco-belge retrace le parcours de trois frères ayant survécu aux massacres de Sétif de mai 1945. Le 8 mai 1945, alors que la victoire des Alliés sur le nazisme est célébrée sur tout le territoire algérien, la répression par les forces françaises de
manifestations pro-indépendantistes fait des centaines ou des milliers de morts -selon les sources- dans la région de Sétif (300 km à l’est d’Alger).
Avant sa projection, « Hors-la-loi » a été accusé de « falsifier l’Histoire » par l’extrême droite française, des associations de harkis, d’anciens combattants et de pieds-noirs et par le député du parti présidentiel français UMP, Lionnel Luca.
21/05/2010 | 18:54
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22 mai 2010 à 1 01 21 05215
Hors-la-loi vu par les critiques français : « un film sur une lutte d’indépendance sale mais juste »
Rédaction
Le film Hors-la-loi a été projeté, vendredi 21 avril dans la matinée, à Cannes. Montré dans des conditions de sécurité renforcées à cause de la polémique qu’il suscite actuellement en France parmi les mouvements d’extrême-droite, le film a été applaudi par la presse. Comme nous l’écrivions il y a quelques jours, les journalistes français ont découvert un film d’action loin d’être favorable à l’image de la Révolution algérienne. C’est globalement l’avis des premières critiques publiées après la projection du film.
« Très attendu à Cannes après avoir suscité des réactions de rejet, « Hors-la-loi » est un efficace thriller politique qui suit trois frères déchirés par la guerre d’Algérie, une lutte d’indépendance que le cinéaste franco-algérien Rachid Bouchareb dépeint comme sale, mais juste », écrit l’agence AFP dans une longue dépêche.
« Prenant sans ambiguïté le point de vue d’un peuple algérien dont la lutte d’émancipation va dans le sens de l’Histoire, Bouchareb signe un film d’action efficace, sur toile de fond d’une sale « guerre sans nom ». Il montre aussi le soutien apporté par certains Français au FLN. Imprégnés d’idéologie révolutionnaire et anticolonialiste, les partisans du FLN y exécutent d’autres Algériens et se lancent dans des actions terroristes. Bouchareb dépeint aussi la violence des forces de l’ordre française et évoque brièvement la vaste répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961, à Paris, qui fit entre plusieurs dizaines et 200 morts », ajoute l’AFP.
Sous le titre « «Hors-la-loi», un divertissement haut de gamme, pas polémique », le quotidien « 20 minutes » écrit sur son site internet : « Rachid Bouchareb aborde son sujet sans manichéisme. Si son point de vue est celui de ses trois héros, il ne les angélise pas, de même qu’il ne diabolise pas les Français. Il semble évident que le réalisateur a beaucoup pensé à Il était une fois l’Amérique de Sergio Leone en faisant son film. Les rapports entre les frères comme les péripéties bien menées de cette fiction ancrée dans un contexte historique délicat sont les atouts principaux d’une fresque luxueuse fleurant bon la générosité de son auteur. Le film est un divertissement haut de gamme qui ne méritait vraiment pas qu’une telle polémique entache sa sélection. »
Pour sa part, « toutlecine.com » se montre indulgent avec le film de Rachid Bouchareb. « Rachid se permet certaines pirouettes avec la vérité, ne dit pas tout sur la complexité de cette période. Rachid est cinéaste, pas historien. L’important est qu’il ne trahisse personne, ne maquille son propos dans aucun manichéisme éhonté. Il nous montre des ghettos aux portes de la capitale, pareils à ceux de Soweto en Afrique du Sud, agite sans cesse le spectre des intolérances. Tout en remuant la boue, en déterrant les cadavres il évite toute envie de prôner la vengeance, la haine. L’aveuglement des deux camps apparait dans toute son horreur, mais aussi dans toute son humanité», écrit le site spécialisé dans l’actualité cinématographique.
21/05/2010 | 17:18 |
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22 mai 2010 à 1 01 22 05225
Rachid Bouchareb: « Hors la loi », c’est d’abord une grande saga au propos universel
AFP
« Hors la loi », c’est d’abord une grande saga », a souligné son réalisateur, le franco-algérien Rachid Bouchareb, qui espère que le public retienne le propos « universel » de son film, présenté en compétition au Festival de Cannes, s’interrogeant sur la polémique dont il fait l’objet.
« Quand tout le monde ramène le film à Sétif, ce n’est pas la réalité. Ce film, si on peut lui donner une direction, c’est « Il était une fois l’Amérique », c’est « Il était une fois dans l’Ouest », c’est par moments
« Lawrence d’Arabie », « Docteur Jivago ». C’est le cinéma. Il y a une trame historique mais c’est d’abord une grande saga », a expliqué le cinéaste, lors d’une conférence de presse à Cannes.
« La volonté était d’abord de faire un film, de faire un voyage dans l’Histoire et dans le passé », a-t-il ajouté, jugeant que « tout ce qui arrive autour du sujet et du film aujourd’hui signifie qu’il y a encore aujourd’hui une question qui se pose sur le passé colonial. Et nous, on le découvre aujourd’hui avec vous ».
« Le film n’est pas un champ de bataille, il n’est pas fait pour provoquer des affrontements, il a été fait pour ouvrir un débat dans la sérénité », a-t-il encore affirmé, appelant à voir « Hors-la-loi » comme un « simple film de cinéma » au propos universel alors que certains, sans avoir vu son long métrage, l’ont accusé de « falsifier » l’Histoire ces dernières semaines.
« Chacun a sa petite histoire, ses blessures dans la grande Histoire. Alors effectivement, on filme dans « Hors la loi » du côté de personnages algériens. C’est mon choix, mais c’est universel. On a tous une mère, on a tous une famille, on a tous vécu l’injustice, elle n’est pas qu’algérienne, elle n’est pas que française, elle est valable pour tout le monde », a déclaré Rachid Bouchareb. « Je n’ai pas à prendre en charge toute l’histoire, je fais du cinéma (…). Mais les politiques ont un énorme travail à faire: qu’ils le fassent maintenant, mais qu’on tourne une page définitivement et dans la sérénité », a encore affirmé le réalisateur. Montré dans un climat de tension, avec une présence policière autour du palais des festivals, « Hors-la-loi » a été applaudi lors de sa projection de presse du matin.
Une manifestation mêlant associations de rapatriés et Front national, pour rendre hommage aux « victimes françaises » de la guerre d’indépendance et des massacres de Sétif le 8 mai 1945 a rassemblé quelque 1.200 personnes à Cannes.
21/05/2010 | 11:59 |
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22 mai 2010 à 1 01 33 05335
63E FESTIVAL DE CANNES
LE FILM DE RACHID BOUCHAREB A ÉTÉ PROJETÉ HIER
Hors-la-loi crève l’abcès
22 Mai 2010 – Page : 11
Une séquence du film
«Pourquoi remettre sur le tapis toute cette violence?», dira le réalisateur lors de la conférence de presse.
Les manifestations des partisans de l’extrême droite, venus protester sur le parvis du Palais du Festival de Cannes, n’ont pas eu finalement raison de la ferveur qui a entouré la projection-presse donnée hier en matinée du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, encore moins d’altérer la superbe ambiance qui a régné au cours du point de presse.
Un pétard mouillé en fait. Même si on pouvait lire sur certaines pancartes: «Attention les égorgeurs sont là!» Pour ainsi dire, les manifs sont passées inaperçues. Il faut dire aussi qu’un fort dispositif sécuritaire était posté juste à l’entrée. Une fouille des journalistes, inhabituelle ce matin. Plus minutieuse que d’habitude.
C’est flegmatique, que Rachid Bouchareb, accompagné du producteur français de Hors-la-loi, Jean Bréat, est arrivé, non sans son trio de comédiens gagnant, à savoir Jamel Debbouze comédien et aussi producteur du film, Roshdy Zem et Samy Bouajila. Une seule femme était présente à cette cérémonie et non des moindres, la valeureuse La Aïni, Chafia Boudraâ.
La conférence de presse était rehaussée, du côté algérien, par la présence de Mustapha Orif, directeur de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et producteur exécutif du film, sans oublier Zehira Yahi, porte-parole de la ministre de la Culture, Ahmed Bedjaoui et, certes, Tarek Ben Ammar, le directeur des studios de tournage Cartago Film où le long métrage a été tourné «en partie», en Tunisie.
La conférence de presse s’est déroulée dans une ambiance bon enfant et détendue malgré le sujet fort sensible traité par le film et qui pouvait fâcher. Certains du moins.
C’est un Rachid Bouchareb serein et mesuré, qui n’a cessé d’inviter les gens au dialogue à travers son film, qui s’est offert au roulement de questions de la presse. La première question posée est celle liée au renforcement du cordon sécuritaire exceptionnel qui a entouré la projection. Rachid Bouchareb s’est dit surpris de voir cette tension près de 50 ans après l’indépendance de l’Algérie. «Le passé colonial reste très tendu, la preuve, il continue à susciter une telle violence autour du film. C’est exagéré, et sans qu’il n’ait été vu. J’ai été un peu peiné de voir ça. Mon film est là pour susciter un débat, non pas pour perpétuer cette violence chez la nouvelle génération, mais pour apporter des choses positives. Au moins, l’abcès est crevé. Des voix se sont aussi élevées lors de la sortie du film Indigènes.» Evoquant l’identification des comédiens à leurs personnages respectifs, Jamel Debouzze, plaisantant, dira qu’il s’identifie un peu à son personnage dans la mesure où il est en marge dans l’histoire et s’occupe du monde des affaires. «J’ai compris combien la révolution fait mal», a-t-il dit. Rochdy Zem, pour sa part, a indiqué ne pas se reconnaître dans son personnage, c’est pourquoi il l’a joué avec beaucoup de plaisir. Pour Samy Bouajila, son jeu fort dans le rôle de l’intellectuel résistant jusqu’au bout des ongles, l’a fait penser à l’Emir Abdelkader (il s’appelle Abdelkader dans le film.) Et de confier: «Qu’on soit acteur français d’origine maghrébine, il faut que nos personnages deviennent des espaces d’expression et de fantasmes. Qu’on se serve de notre métissage comme un atout qui, pour le moment, parasite plus qu’autre chose pour ne pas dire stigmatise.»
Pour Chafia Boudraâ, son rôle, digne confie-t-elle, a été en fait celui des mamans du monde entier. «La mère à moi dans le film était ma maison et la terre. J’ai vécu des douleurs tues en moi que je ne pouvais exprimer car je ne suis pas politicienne». Pour Tarek Ben Ammar, il est faux de dire que les Français ont des problèmes avec leur passé.
La preuve: Hors-la-loi a été financé par la France (à 58% Ndlr). «On y voit la grandeur de la France et du Maghreb. On voulait montrer que la solidarité des Maghrébins existe et qu’elle passe par le coeur pour arriver à la tête.» Pour Rachid Bouchareb, le rôle confié à Samy Bouajila s’apparente à un «bulldozer», qui n’abdique devant rien. «Cette violence politique liée à tout mouvement révolutionnaire, il faut la suivre pour voir jusqu’où elle peut aller. Ce n’est pas une question de courage que de faire ce film. C’est ça le cinéma!» A propos du titre du film, Rachid Bouchareb fera remarquer, que dans les archives des années 1950 on y trouvait souvent dans la presse ce mot «hors-la-loi».
Abordant la question du financement, Jean Bréat a indiqué que le souci du réalisateur était, avant tout, d’arriver à faire un film avec «la qualité la plus artistique possible». Pour Mustapha Orif, le financement a été facile à obtenir, compte tenu de la renommée de Rachid Bouchareb.
Rappelons que Hors-la-loi a été réalisé dans le cadre des accords de coproduction algéro-français (2007). Aussi, Rachid Bouchareb a tenu à préciser qu’il n’a jamais eu de problème de la part de l’Algérie. «Même si j’ai parlé de violence politique, on ne m’a jamais censuré. C’est un film coproduit par deux ministères sur une seule idée.» Et de souligner: «Chacun a sa propre histoire dans la grande histoire. Mon film a de la place pour tout le monde, les pieds-noirs comme les Algériens. Il a été fait dans le même esprit qu’Indigènes», et Jamel Debbouze de dire cette phrase sensée parmi tant d’autres, hilarantes et farfelues: «Pour aborder l’avenir, il faut bien penser au passé.» Pour sa part, Rachid Bouchareb rectifiera l’idée selon laquelle son film sert à réparer une injustice de mémoire coloniale envers les Français ou les Algériens. Il s’agira pour lui de parler du présent en découvrant des choses sur notre passé. «Coppola n’a pas écrit l’histoire. Un film est là, l’histoire s’écrit encore. Si le film suscite un grand intérêt, c’est bien. A l’arrivée, la nouvelle génération doit être consciente de son passé pour pouvoir avancer sereinement. Je n’ai pas à prendre en charge toute l’histoire. Je fais du cinéma. Je ne discuterai pas avec les gens qui veulent en faire encore un champ de bataille. Pourquoi remettre sur le tapis toute cette violence?»
Le réalisateur de London River lancera, solennellement, en outre, un appel au gouvernement français et au secrétariat d’Etat aux Anciens combattants pour l’application de promesses non tenues envers les anciens combattants maghrébins qui ont servi dans l’armée française et que le gouvernement de l’époque Jacques Chirac, avait promis, notamment d’améliorer leurs pensions, chose faite que partiellement. Et au trublion de service, Jamel Debbouze, d’avoir le dernier mot, par cette pirouette: «Ce n’est pas les hommes politiques qui font l’histoire, mais les hommes tout court. Apprenons notre histoire commune, c’est très important.»
De notre envoyée spéciale O. HIND
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22 mai 2010 à 1 01 36 05365
63E FESTIVAL DE CANNES
«Hors-la-loi»: au nom des Frères…
22 Mai 2010 – Page : 12
Lu 33 fois
Un film noir pour une cause qui mérite bien son droit au soleil…
Le réalisateur Rachid Bouchareb a opté pour la synthétisation des faits que la fiction autorise.
Chronique d’une fratrie dépossédée de sa terre en 1925. Cela se passe dans les Hauts-Plateaux du Sétifien. Le père voit débarquer chez lui, le Caïd flanqué de deux représentants de la maréchaussée. Le caïd (Larbi Zekkal), signifie à un paysan (Ahmed Benaïssa) qu’en l’absence de document écrit, la terre appartenait de fait au colon du coin… Cette prolongation, dans les faits, du Senatus Consulte napoléonien va se dérouler sous les yeux de trois enfants (Messaoud, Saïd et Abdelkader)…
1945: la libération de la France du joug nazi. Sous l’air des lampions, les Européens fêtent la victoire. Les Algériens sortent à Sétif pour réclamer la liberté, un jeune scout est en première ligne, un emblème national entre les mains. Et puis tout s’emballe…
Le jeune louveteau sera abattu. S’ensuivra un massacre en règle. L’écran révèle des corps allongés sur les trottoirs. Des exécutions sommaires. Dans la réalité, c’était un mardi, jour de marché. Environ 15.000 personnes étaient parties de la mosquée de la gare, remontant la rue des Etats-Unis pour se diriger vers le centre-ville, rue Georges Clémenceau… Les mains nues, criant à gorges déployées, des slogans pacifiques: «Liberté», «Libérez Messali Hadj», etc.
Derrière les drapeaux des Alliés (de la France), les jeunes scouts étaient au premier rang suivis des porteurs de la gerbe de fleurs, et les militants suivaient juste derrière pour éviter tout débordement de la masse paysanne.
Quand soudain, et pour la première fois, le drapeau algérien faisait son apparition porté par un jeune scout. Ces couleurs nationales firent sortir de ses gonds le service d’ordre colonial. Des policiers se précipitèrent pour s’en emparer.
Le maire (socialiste) de Sétif pressentant le carnage supplie les policiers de ne pas tirer. Trop tard, un inspecteur en civil avait déjà mis en joue le jeune scout. Saâl Bouzid est abattu. Du Café de France d’autres européens tirent à leur tour et c’est le début de la plus grande tragédie à ciel ouvert perpétrée par une autorité coloniale en un laps de temps: 45.000 morts!
Mais Rachid Bouchareb optera pour une synthétisation des faits que, bien entendu la fiction autorise. Six minutes plus tard, l’action se transporte en France où la fratrie se reconstitue tant bien que mal: Saïd (Djamel Debbouze), Abdelkader (Sami Bouadjila) rejoints par le rescapé de la guerre d’Indochine, Messaoud (Roshdy Zem). Abdelkader avait été, en réalité, à l’origine de l’émigration de la famille en France, ayant été déporté, suite aux événements du 8 mai 1945, dans une prison parisienne. Et puisque la fiction autorise les raccourcis pour les besoins de l’histoire, le réalisateur fera «procéder» à la première exécution par guillotine, dans la cour de la prison de la Santé. Abdelkader en a suivi toute la procédure macabre à travers les barreaux de la fenêtre de sa cellule.
Cela l’aguerrira complètement. Il deviendra ce chef FLN qui, patiemment mais sans aucun état d’âme, tissera le réseau de ce qui deviendra par la suite la Wilaya 7 de la Fédération de France du FLN. Messaoud réussira à convaincre Abdelkader de le suivre dans cette aventure révolutionnaire. Mais aura moins de chance avec Saïd, plus intéressé de brûler les étapes pour survivre et plus tard flamber. Il s’alliera au gang corse pour se partager le bitume de Pigalle jusqu’au jour où il accomplira son rêve, ouvrir une salle de boxe…
Entre-temps la guerre est devenue fratricide, FLN et MNA se combattent sans pitié.
Les premiers porteurs de valise apparaissent. Les ellipses se succèdent, Rachid Bouchareb semble pressé de resserrer la toile qu’il a tissée pour mieux enserrer le destin des trois frères… En face, les services secrets français ne sont pas en reste.
Coup pour coup. «La Main Rouge», (ancêtre de l’OAS), fera son apparition en France, en 1957, à l’instigation du colonel Grossin. Ce sera le pendant de l’organisation terroriste créée par des colons extrémistes, en Tunisie, et dont la première victime fut, en 1952, le leader syndicaliste, Ferhat Hached.
Les deux frères sont emportés dans le tourbillon vertigineux de la guerre de Libération; en cours de route ils perdront leur mère, Chafia Boudrâa, étonnamment revêtue d’une coiffe différente, au moins de celle qu’avait Keltoum dans Le Vent des Aurès… Un détail qui brouille une certaine lisibilité de l’époque, celle des années cinquante où le foulard en turban était plus «dicible».
Orphelins de mère aussi, les frères finissent par s’unir, sous le feu de l’ennemi, refusant d’être aussi orphelins de la terre de leurs aïeux… De cette épopée, aux accointances cinématographiques avérées, surtout du côté de John Milius et son «Dillinger»… le cinéaste opta pour cette lumière particulière où l’on perçoit les particules de poussières au gré des halos.
Djamel Debbouze reste le plus naturel dans une interprétation physique qui n’est pas sans rappeler le grand Edward G. Robinson des grands jours. Dans un registre d’une sobriété, presque nippone, Roshdy Zem remplit bien son contrat.
Quant à Sami Bouadjila, il a su trouver cette froideur mécanique des justiciers solitaires comme les affectionne tant Sergio Leone… Hors-la-loi, est en somme, un film noir pour une cause qui mérite bien son droit au soleil…
De notre envoyé spécial Saïd Ould Khelifa
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22 mai 2010 à 1 01 45 05455
اجراءات أمنية غير مسبوقة رافقت العرض
قسما تدوي في كان والخارجون عن القانون ينافس على السعفة الذهبية
2010.05.21
كان/مبعوث « الشروق »: محمد بغالي
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ضاق مسرح الأضواء الكبير صباح أمس بجمهور جاء إلى قصر المهرجان بالمئات لمشاهدة العرض الأول للفيلم الجزائري « الخارجون عن القانون » للمخرج رشيد بوشارب، وذلك تحت حراسة مشددة لم يعدها رواد مهرجان كان.
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شهد وسط مدينة كان الفرنسية منذ الساعات الأولى من صباح أمس انتشارا غير مسبوق للعشرات من رجال الشرطة والدرك الذين طوقوا قصر المهرجان حيث احتضن مسرح الأضواء الكبير العرض الأول لـ « الخارجون عن القانون »، المرشح في المسابقة الرسمية للدورة الثالثة والستين من أكبر مهرجان سينمائي في العالم .
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جاءت هذه الإجراءات الأمنية الخاصة كنتيجة حتمية لأسابيع طويلة من الجدل اتهم فيها بعض اليمينيين واليمينيين المتطرفين الفيلم بـ « الإساءة إلى فرنسا » مما دفع ببعضهم إلى مطالبة إدارة مهرجان كان بمنع عرضه وبالبعض الآخر إلى برمجة وقفة بالمدينة الفرنسية المخملية في نفس توقيت عرض الفيلم ظاهرها الاحتفال بذكرى المحاربين القدامى وباطنها التشويش على العرض، غير أن رئيس بلدية كان قرر إبعاد الوقفة خارج المدينة وبعيدا عن مركزها بما لا يقل عن 3 كم .
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ومن خلال العدد الهائل من الصحفيين والدعوات التي نفذت أياما قبلها أمكن التأكيد على أن عرض « الخارجون عن القانون »، الذي انطلق في حدود الثامنة والنصف صباحا، حتى وإن خرج من المسابقة بخفي حني، إلا أن مروره بالدورة الثالثة والستين من مهرجان كان لم يكن عاديا، ليس فقط لأنه صنع الحدث أسابيع قبل عرضه، ولكن لأن مخرجه هو رشيد بوشارب، صاحب روائع « ليتل سينغال » و »آنديجان » و »لندن ريفر »، ولأنه سجل العودة القوية للجزائر إلى المهرجان، الذي تتفرد عربيا بشرف الحصول على سعفته الذهبية,
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ويروي فيلم بوشارب قصة الإخوة الثلاثة، عبد القادر، الذي لعب دوره النجم التونسي سليم بوعجيلة، وسعيد، الذي تقمص شخصيته النجم المغربي جمال دبوز، ومسعود، الذي لعب دوره الممثل المغربي رشدي زام، الذين يطردون من أرضهم رفقة والدهم، أحمد بن عيسى، وأمهم، شافية بوذراع، قبل أن يقتل جنود الاحتلال وميليشيا المعمرين هذين الأخيرين ومعهما بناتهما في مظاهرات 8 ماي 1945 .
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بعد الثأر من القايد، العربي زكال، يأخذ سعيد والدته إلى فرنسا حيث يستقران ببيوت نونتير القصديرية ثم التحق بهما عبد القادر، الخارج من سجن « لاسونتي » أياما بعد اندلاع ثورة التحرير، ومسعود، العائد من حرب الهند الصينية حيث فقد عينه.
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تلقى عبد القادر تكوينه السياسي في السجن وكلف من طرف جبهة التحرير بنقل الثورة إلى فرنسا، ومن باريس أنشأ أول خلية رفقة شقيقه مسعود بعد أن رفض سعيد الفكرة .
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وينتهي الفيلم، الذي مازج حواره بين الدارجة والفرنسية، والذي جاءت بعض مشاهده مكرمة للداعمين للثورة من الأوروبيين، باستشهاد مسعود ثم عبد القادر في مظاهرات 17 أكتوبر 1961، بعد معارك طويلة ودامية خاضاها ضد عناصر الحركة الوطنية الجزائرية والحركى ومخابرات الاحتلال الفرنسي .
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ومن بين المشاهد المؤثرة جدا في بداية الفيلم، مشهد اقتياد أحد مناضلي جبهة التحرير الوطني إلى المقصلة بسجن لاسونتي في باريس، تحت الصيحات المدوية لرفاقه يرددون نشيد « قسما ».. النشيد الوطني الجزائري يردد في شهر ماي بأرقى قاعة في أكبر مهرجان وبأشهر مدينة فرنسية.
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