L a culture provoque l’histoi re. Le réalisateur du grand film «Hors-la-loi» veut crever l’abcès. Rachid Bouchareb est sorti de sa réserve, pour dire à partir de Cannes où, se déroule le festival le plus suivi, qu’il faut mettre la lumière sur le passé. «Il serait grand temps de raconter l’histoire du colonialisme », a estimé M. Bouchareb.
«Il serait grand temps de raconter l’histoire du colonialisme, dire que l’Algérie n’était quand même pas un paradis pour les indigènes. Franchement qui peut vraiment penser que la colonisation fut une chose «positive»? Et pourquoi pas l’esclavage, tant qu’on y est», a indiqué le cinéaste dans un entretien publié, par le quotidien français «Libération». Le réalisateur a eu le courage de dire ce que les politiques n’ont pas pu réclamer, à savoir: ouvrir le débat sur l’histoire, pour en finir avec le passé, qui dérange les deux côtés. Après un long silence, Rachid Bouchareb est revenu sur la polémique déclenchée par son film, par des milieux, qui lui reprochaient, entre autres et sans avoir vu son oeuvre, la séquence dans laquelle il évoquait les massacres du 8 mai 1945. Il explique que «le problème n’est pas Sétif, mais c’est de parler d’une période entière, qui n’est jamais vue au cinéma ». Qu’«au lieu de tourner, en Algérie, un long métrage sur la guerre d’Algérie, je l’ai déplacé en France. Cela donne un film que j’aurai pu appeler la bataille de Paris. Certains Français ont peur de voir ce qu’on montre». Rachid Bouchareb s’est défendu d’avoir fait un film «antifrançais» comme le lui reprochent ses détracteurs. «Dit-on que -La Rafle- est antifrançais? Quand Nicolas Sarkozy prononce un discours en Algérie sur les blessures du peuple algérien est-il antifrançais? Mais j’ai l’habitude. «Indigènes » a été qualifié de film antifrançais. Or le public en a fait un immense succès», a-til souligné. Le cinéaste s’est dit «scandalisé» par la campagne, qui l’a visé. «Je me demande pourquoi la presse s’est jetée sur un élu qui s’exprimait sans rien avoir vu. Je me demande pourquoi ça n’a choqué personne que le Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants donne un avis sur le scénario», a-t-il déploré. Le réalisateur ne s’arrête pas là et il a vidé tout son sac. «Je suis scandalisé par tout cela et par cette incroyable manipulation», a ajouté Rachid Bouchareb. La présentation du film Hors-la-loi s’est déroulée sous haute surveillance. Vu l’acharnement de la classe politique française en particulier la droite, qui demandait son retrait du festival, le film a fait un grand exploit. Ce film a réussi à détourner tous les regards des caméras et des télévisions du monde entier. Des vedettes du cinéma, des politiques ont affiché leur intérêt à voir le film. S’il y a bien quelque chose que le festival a gagné, c’est bien l’oeuvre de Rachid Bouchareb. Nadira B.
22 mai 2010
Histoire