Hors-la-loi, le nouveau film de Rachid Bouchareb, a été projeté hier à la salle El Mouggar à Alger, en projection quasi simultanée avec Cannes où il est en compétition pour la Palme d’or, sous la bannière algérienne.
Considéré comme la suite d’ Indigènes, ce long métrage de 2 heures 18, à travers la saga d’une famille, s’étale particulièrement sur «la guerre d’Algérie sur le territoire français», ou sur «la guerre de Libération nationale sur le sol du colonisateur», selon l’angle choisi. L’histoire commence en 1925 dans la campagne sétifienne. La famille Souni est spoliée de sa terre au profit de colons. On passe rapidement à l’année 1945. A Paris, c’est la liesse après la victoire sur le nazisme. A Sétif, une manifestation pacifique est violemment réprimée et tourne au massacre. Encore un autre saut dans le temps et nous sommes en 1953. Le jeune Messaoud Souni est engagé dans l’armée française en Indochine. Sa mère et ses deux frères Abdelkader et Saïd vont émigrer en France où ils vont vivre dans un bidonville de Nanterre. Abdelkader, rejoint par Messaoud après Diên Biên Phu, prend la tête du mouvement pour l’indépendance au sein du FLN, dès le déclenchement de la Révolution. Saïd, lui, fait fortune dans les clubs de boxe et les cabarets de Pigalle. Comme souligné dans le synopsis, « leur destin, scellé autour de l’amour d’une mère, se mêlera inexorablement à celui d’une nation en lutte pour sa liberté». Le FLN réussit à porter la guerre sur le sol de l’occupant, malgré une terrible répression et les assassinats des militants nationalistes algériens (ou sympathisants européens) commis par l’organisation clandestine, La Main Rouge. Juste après la manifestation du 17 Octobre 1961, le film se termine avec des images d’archives de la liesse populaire en Algérie avec le recouvrement de l’indépendance en 1962. Sans doute émue par ces images, une femme a lancé des youyous dans la salle. Avant même sa projection, Hors-la-loi a été accusé par l’extrême droite française, des associations de harkis, d’anciens combattants et de pieds-noirs, ainsi que par un député UMP, de falsifier l’histoire. D’un autre côté, 12 intellectuels français, dont sept historiens, ont dénoncé «un retour de la bonne conscience coloniale», tandis que la Ligue des droits de l’homme (LDH) a protesté contre les «pressions» exercées sur les financiers du film et sur le Festival de Cannes. «Il me paraît normal que certains puissent être en désaccord avec mon film, mais je souhaite que ce désaccord s’exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité des idées», a déclaré, de son côté, Rachid Bouchareb. Fréderic Mitterrand, ministre français de la Culture, estime que «la liberté de créer doit rester complète», après avoir rappelé que «ce n’est pas un film d’Histoire, c’est une fiction». Un avis largement partagé par Mme Khalida Toumi dont le représentant, hier à la salle El Mouggar, a rappelé que c’est une œuvre de fiction. Hors-la-loi est une coproduction algéro-française.
Kader B.
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/05/22/article.php?sid=100439&cid=16
22 mai 2010
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