Avez-vous remarqué combien, doucement, bechouiya, les valeurs sociales, politiques et religieuses se sont radicalisées? Combien, la propagande télévisuelle, belftita, commençait à jouer avec la peur des populations?
Alors, mon vieux Otchimin, que je n’avais pas vu depuis des mois, me raconta cette histoire: Si on plonge une grenouille dans une casserole d’eau bouillante, me dit-il, elle s’en échappera immédiatement. Mais si on la met dans de l’eau tiède et que la température augmente doucement, elle ne remarquera pas le problème, avant qu’il soit trop tard et finira bouillie. Quelques mcharkine el foum arrivent même à dire que notre constitution, a pris l’allure d’une convention d’entreprises- ce document où l’on fait pernicieusement comprendre à l’employé qu’il n’a aucun droit, seulement des devoirs, continua-t-il. Tu sais ya bni, me disait-il, lorsque certains films expliquaient comment on passe aisément d’une démocratie à une tyrannie – ce que l’histoire, pas si ancienne, devrait pourtant, nous avoir enseigné – les spectateurs applaudissaient avec enthousiasme, tout en évitant soigneusement de comprendre le message. Maintenant voilà que tout le monde, comme hypnotisé, discute de points de détails, alors que c’est l’idée même de la démocratie qui est en danger.
Je regarde peu la télévision. Aussi chaque fois que je rends visite à mes enfants, cela me fait l’effet de la grenouille plongée, d’un coup, dans l’eau bouillante. Je découvre avec stupeur que nous sommes, aujourd’hui, à un tournant crucial de notre histoire. Si nous ne le réalisons pas, la démocratie sombrera – comme dans le film- sous les applaudissements. Quant à ceux qui croient que la démocratie, c’est quelques personnes élues par le peuple faisant ce qui les arrange, à ceux-là, il est conseillé de réviser leurs leçons d’éducation civique.
19 mai 2010
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