Après une semaine de paralysie totale du réseau des chemins de fer, les trains ont recommencé à circuler dimanche en fin d’après-midi. Au grand soulagement des usagers de ce mode de transport, mais aussi de la sphère économique qui dépend du rail pour ses approvisionnements ou livraisons.
Les cheminots ont mis fin à leur débrayage après le lancement d’un appel commun dans lequel la direction de la SNTF et la Fédération nationale des cheminots (FNC) se sont engagées à entamer les négociations de la convention de branche sur la base de l’application de l’article 52 de la convention collective.
Il a donc fallu une semaine de paralysie du transport ferroviaire, des millions de dinars de perte sèches pour la SNTF, déjà mal en point financièrement, le marasme que cela a suscité dans les habitudes de déplacement des citoyens et d’autres impacts tout aussi négatifs, pour que les pouvoirs publics admettent que la revendication des cheminots est recevable.
Mais il ne faut pas se tromper : ils ne se sont résolus à cette «sage décision» que forcés et contraints par l’irréductible détermination des grévistes. Ce qui a joué en faveur des cheminots, c’est le rôle éminemment stratégique du réseau de chemins de fer. Les autorités n’ont pu pour cette raison jouer sur le «pourrissement» dans leur grève parce qu’alors, les conséquences du prolongement de celle-ci auraient été tout simplement catastrophiques économiquement, et qui plus grave, dangereuses pour la paix sociale.
Contrairement donc à leur comportement passé face aux enseignants grévistes, puis aux praticiens de la santé, les autorités ont renoncé à la tactique du «pourrissement», mais non sans avoir par différentes manœuvres essayé de casser l’unité des rangs des grévistes. La centrale UGTA et la fédération du secteur qui lui est affiliée ont été les relais de ces manœuvres. Le plan a échoué du moment que les grévistes s’en sont tenus solidairement au préalable de l’engagement de la direction de la SNTF quant à l’application de l’article 52 de la convention collective, avant de retourner au travail.
Au final, cette semaine de paralysie du réseau ferroviaire a été un gâchis absolu. Pas du fait des grévistes poussés à bout par la politique de la porte fermée qui a été opposée à leurs doléances, mais des pouvoirs publics qui ont cru venir à bout de leur mouvement sans rien concéder.
Rien n’interdit cependant de penser que les autorités n’ont lâché du lest que pour démobiliser la corporation des cheminots. Ceux-ci sont conscients de cette éventualité. C’est pourquoi ils ont assorti leur accord à la reprise du travail par la mise en garde de la reprise de leur mouvement revendicatif au cas où la direction générale de la SNTF tarderait à concrétiser son engagement. Et quand on sait que celle-ci n’est pas libre d’agir en toute indépendance, l’éventualité n’est pas à écarter qu’elle sera sommée de faire traîner les choses. D’où la pertinence de la mise en garde des cheminots et de leur refus de tolérer plus longtemps ses «dérobades» dictées à cette direction de la SNTF.
18 mai 2010
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