Si par «communauté internationale» l’on entend que c’est l’ensemble des Etats de la planète, force est alors d’admettre que, contrairement à ce que prétendent les médias occidentaux, l’Iran n’est pas aussi isolé internationalement que ça dans la crise qui l’oppose sur son programme nucléaire aux Etats-Unis et leurs alliés européens.
La preuve en est fournie à chaque fois que ce dossier fait l’objet de débat dans des forums internationaux autres que le groupe des «cinq+1», qui s’en est saisi prétendument au nom de la «communauté internationale». Cela s’est vérifié à l’Assemblée générale des Nations unies, à la dernière réunion de suivi de l’ONU du programme de dénucléarisation et même à la conférence de Washington sur la sécurité nucléaire, convoquée en avril dernier par le président américain Barack Obama.
La raison en est qu’une majorité d’Etats, tout en approuvant le principe de la non-prolifération de l’armement atomique, ne partagent pas l’approche occidentale concernant le dossier iranien, qui, par les exigences qu’elle veut imposer, vise ni plus ni moins à empêcher l’Iran d’accéder à la maîtrise de la technologie atomique, fût-ce même à des fins civiles et pacifiques.
Les dirigeants iraniens, que les médias occidentaux présentent de façon caricaturale comme étant fermés à tout compromis sur leur programme nucléaire et insensibles aux inquiétudes que son volet militaire suscite, défendent avec beaucoup de talent et de doigté diplomatique la position de leur pays.
Ils sont ainsi arrivés à faire partager à nombre d’Etats la conviction que sur la question du nucléaire, la position des Occidentaux est guidée par des calculs et arrière-pensées auxquels le danger que représenterait l’Iran détenteur de l’arme atomique ne servirait que de paravent. D’où leur revendication d’un traitement de la crise du programme nucléaire iranien non plus par le seul groupe des «cinq+1», mais au sein d’un aréopage d’Etats plus large. Ce en quoi les Iraniens posent en fait en filigrane la problématique d’une réforme de la gouvernance internationale telle qu’elle est présentement, à savoir à la seule convenance de quelques grandes puissances, occidentales en majorité.
Ce qu’ils ne manqueront pas de soulever et défendre au cours du 14e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres du G15, dont les travaux se tiendront aujourd’hui dans leur capitale, Téhéran. C’est l’occasion aussi pour le régime iranien de montrer qu’il n’est pas réfractaire à la médiation de certains chefs d’Etat de ce groupe du G15 dans la crise qui l’oppose à celui des «cinq+1». C’est, semble-t-il, le rôle que les présidents brésilien, turc et algérien ont accepté de jouer en misant sur le fait que si la «communauté internationale» veut réellement une issue pacifique et équitable à cette crise iranienne, ils sont, par la position de leurs pays respectifs sur la question générale du nucléaire, en situation de faire avancer dans le bon sens la situation.
Israël, de même que la France, qui, sur le dossier iranien, partage la même fermeté anti-iranienne que cet Etat, feront évidemment tout pour faire avorter une médiation de ce genre, pour ouvrir ainsi la voie à la solution militaire à laquelle ils se sont préparés.
17 mai 2010
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