Le Carrefour D’algérie
Les cheminots, les dockers, les mineurs sont historiquement des catégories professionnelles où la contestation syndicale trouve un terrain d’expression d’une lutte contre l’exploitation, le libéralisme. Catégories politisées proches des idées de la gauche classique, elles sont habituées aux grèves, à la solidarité, convaincues par la justesse de leur cause. On retrouve dans leur terminologie, les termes,
«cahier de revendication », négociations, arrêt de travail et un niveau de conscience politique plus élevé que chez les autres catégories. Leur force permet de propulser une économie vers l’avant ou la paralyser complètement mettant les propriétaires et l’Etat en difficulté. En témoignent leurs actions durant la guerre de libération. Pourquoi attendre une grève des cheminots pour entamer les négociations sur une convention de branche pendant qu’il est encore temps? La loi est porteuse de limites, de droits et de devoirs dans toute négociation et offre un cadre de concertation où le débat doit l’emporter sur les dérives, souvent désagréables pour les usagers autant que pour les employés. On peut éviter cela si l’on précède les évènements sans pour autant aller jusqu’à la justice. Aller jusque-là suppose un échec consommé pour tout le monde et un refus d’obtempérer qui met les institutions du pays dans une position inconfortable. La justice a ordonné que les cheminots reprennent leur travail, la centrale syndicale appelle à une reprise mais tout cela reste lettre morte. Pourquoi cette obstination au moment où l’on parle de plus en plus de médiation pour éviter le pire. Eviter le pire, c’est maintenir le lien de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Et dès que cette confiance se perd, elle est remplacée par une méfiance qui peut durer le temps de s’apercevoir que par laxisme, il n’y a en fin de course ni gagnant ni perdant. Seule la raison peut ramener les choses à leur équilibre et si les cheminots revendiquent une convention de branche et une augmentation des salaires, c’est que l’Etat a oublié dans son fonctionnement de créer plus de richesses pouvant se traduire par une diminution des prix à la consommation. C’est que les cheminots ont raison et que l’on ne vienne plus crier à la manipulation ni à la main de l’étranger, car cela ne marche plus. C’est que l’Etat se concentre exclusivement sur les hydrocarbures en tenant le discours contraire qui permet de s’en sortir à l’avenir. Et ce n’est pas parce qu’il est ordonné aux cheminots de rejoindre leurs ateliers et leurs trains que cela se fera automatiquement. Les cheminots symbolisent le rêve du voyage. Et comme dit l’adage « quand on n’est pas fort, il faut être sage».
17 mai 2010
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