Le Carrefour D’algérie
Il faut un jour en parler: le suicide chez les femmes. Car, selon les spécialistes, c’est cette catégorie, qui semble être, selon les statistiques, le plus touchée par ce drame du meurtre sur soi, à défaut de solution par les autres. La femme algérienne reste encore une victime des contradictions de la société, qui se résolvent par le geste
du haut du balcon de l’immeuble, l’absorption d’acide et de surdose de médicament, ou le refus de se nourrir jusqu’à l’épuisement fatal. Et lorsqu’une enquête est déclenchée, c’est souvent après l’enterrement, le suicide venus pour des raisons que l’on croit disparues et qui sont toujours là, en sourdine, dans le pays profond: mariage forcé, parents divorcés avec abandon de la jeune fille à son sort, échec scolaire fatal, pour une jeune femme, qui voit l’unique occasion de se libérer disparaître avec un mauvais bulletin scolaire, harcèlement, grossesse involontaire, ou mariage malheureux. Un homme a toujours la chance, bonne ou mauvaise, de remplacer le malheur et le drame par sa cigarette, par l’abus d’alcool, la drogue, la fuite, ou la polygamie, ou même le silence et la grève à domicile. Une femme algérienne n’a, par contre, que le choix impossible entre fuir dans la rue et tomber encore plus bas, ou rester chez elle et accepter son destin comme une pierre à avaler. La prise en charge des drames des femmes algériennes est encore inexistante, se traduisant par des drames que seules les condoléances ne peuvent pas excuser entièrement. Si les suicides touchent plus les femmes que les hommes, il ne suffit plus de prétexter des «raisons familiales» et de l’obligation de discrétion, pour n’en parler que comme des accidents alors qu’il s’agit d’un véritable fléau en Algérie.
15 mai 2010
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